Société

La mort d'un pilote-élève de l'ARC, il y a 80 ans, est soulignée par Parcs Canada

Samedi, plus de 80 ans après l'écrasement, un organisme sans but lucratif a dévoilé deux panneaux commémoratifs de l'événement.

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Un bimoteur Avro Anson V, le type d'appareil que pilotait Bill Bennet de l'Aviation royale canadiennes, le 6 août 1944, lors de l'accident qui lui a coûté la vie. Un bimoteur Avro Anson V, le type d'appareil que pilotait Bill Bennet de l'Aviation royale canadiennes, le 6 août 1944, lors de l'accident qui lui a coûté la vie. ( La PRESSE CANADIENNE/photo fournie par le Musée de l'aviation et de l'espace du Canada)

D'après ses états de service dans l'Aviation royale canadienne, le sous-lieutenant d'aviation Bill Bennet était un excellent aviateur à 21 ans.

Décrit comme grand et nerveux, son commandant nota en mars 1944 que ce Montréalais était également enthousiaste et intelligent. Alors que le front européen de la Seconde Guerre mondiale entrait dans sa phase finale cet été-là, M Bennet fut nommé pilote d'état-major à la base de l'Aviation royale canadienne (ARC) à Summerside, à l'Île-du-Prince-Édouard, où il commença sa formation au pilotage d'avions de reconnaissance ou de bombardiers.

Le 6 août 1944, l'officier Bennet fut chargé de piloter un avion d'entraînement bimoteur Avro Anson V avec à son bord deux navigateurs et un opérateur radio. Leur mission de routine consistait à voler vers l'est depuis Summerside jusqu'à un point au-dessus du golfe du Saint-Laurent, au nord du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse, puis à revenir.

Mais un incident survint au-dessus de l'eau. L'avion se retrouvant loin au sud de l'endroit où il aurait dû se trouver. Alors qu'il pénétrait dans un épais brouillard, M. Bennett a entamé une descente qui, espérait-il, le ramènerait hors de la brume.

Au lieu d'émerger au-dessus du vaste golfe, l'avion est entré en collision avec un bosquet de petits arbres. Ses ailes, sa queue et un des moteurs ont été arrachés lorsqu'il a percuté le flanc du mont Jerome, à l'extrémité ouest du parc national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton.

L'officier Bennet a été grièvement blessé, souffrant d'une fracture du crâne. Chose incroyable, les trois autres hommes n'ont subi que des blessures mineures.

 

Compte tenu du terrain escarpé et accidenté, ce n'est que le lendemain après-midi qu'une équipe de recherche a atteint le lieu isolé de l'accident, au nord-est du village acadien de Chéticamp, en Nouvelle-Écosse. Les secouristes ont appris que le pilote était décédé pendant la nuit.

Les trois survivants — John Robert Ogilvie, 20 ans, William John Astle, 22 ans, et Jack Roy Burke, 22 ans — ont réussi à redescendre la montagne lundi soir. Mais il a fallu attendre une journée supplémentaire avant que le corps de M. Bennet puisse être retrouvé.

Jeff Noakes, historien de la Seconde Guerre mondiale au Musée canadien de la guerre à Ottawa, a rapporté qu'une enquête de l'ARC avait révélé par la suite que la boussole de l'avion ne fonctionnait pas correctement. De plus, il a ajouté que les enquêteurs avaient déterminé que les navigateurs et le pilote ne communiquaient pas aussi bien qu'ils auraient dû.

«L'ARC a finalement conclu qu'elle n'était pas sûre à 100 % de la raison de l'erreur de navigation», a expliqué M. Noakes en entrevue.

Honorer les ancêtres

Samedi, plus de 80 ans après l'écrasement, un organisme sans but lucratif de Chéticamp – Les Amis du Plein Air – a organisé une cérémonie publique pour dévoiler deux panneaux commémoratifs sur un terrain de camping au pied de la montagne. Parmi la foule d'une cinquantaine de personnes présentes pour l'occasion se trouvait l'un des neveux de M. Bennet, Bill Bennet, 63 ans, qui porte le nom de son défunt oncle.

Il a affirmé qu'il était important pour lui et ses deux enfants, Liam et Nora, de se rendre au Cap-Breton pour participer à l'inauguration.

«Mon fils a 21 ans», a expliqué Bill Bennet, la voix brisée par l'émotion en se rappelant que son oncle avait le même âge au moment de sa mort.

«Je veux leur faire prendre conscience du lien de notre famille avec la guerre et de ce que cela signifie. C'est aussi l'occasion de nouer des liens avec les habitants de Chéticamp (…) et de parler des efforts déployés [par leurs ancêtres] pour sauver ces hommes sur le terrain très accidenté (…) Je pense au sacrifice de mon oncle, mais il y a tellement d'autres personnes impliquées dans toute cette histoire.»

Le frère de Bill Bennet, Doug, âgé de 65 ans, est venu de Toronto avec sa femme Nancy et leurs enfants Nathan et Eliza. Il a affirmé que l'histoire tragique de son oncle illustre les sacrifices consentis par ceux qui ont participé au Programme d'entraînement aérien du Commonwealth britannique, souvent décrit comme l'une des contributions les plus importantes du Canada à l'effort de guerre.

À la fin de la guerre, le programme avait formé plus de 131 000 pilotes, observateurs, mécaniciens de bord et autres membres d'équipage pour les forces aériennes du Canada, de la Grande-Bretagne, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande. Plus de la moitié d'entre eux s'étaient enrôlés dans l'ARC.

C'était un travail souvent dangereux. Au total, 856 stagiaires ont perdu la vie, bien que certaines sources suggèrent que le nombre soit bien plus élevé.

Erin Gregory, conservatrice au Musée de l'aviation et de l'espace du Canada à Ottawa, a expliqué que, bien que la plupart des Canadiens connaissent mieux les sacrifices consentis outre-mer pendant la Seconde Guerre mondiale: «il est important de souligner ce moment de service et de sacrifice sur le territoire du pays, qui est au moins aussi important que ce qui s'est passé outre-mer».