L'Inde a accepté de réadmettre une cohorte complète de diplomates canadiens, deux ans après que New Delhi a forcé Ottawa à rappeler la plupart de ses envoyés, a déclaré mardi la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand.
Mme Anand est en Inde, où elle a rencontré lundi le premier ministre Narendra Modi et de hauts fonctionnaires. Elle a été invitée à être la première ministre canadienne à se rendre dans le pays, après deux ans de relations diplomatiques tendues.
Elle a déclaré que la rapidité avec laquelle la mission canadienne en Inde retrouvera son plein effectif pourrait contribuer à déterminer si les deux pays relancent les négociations commerciales.
Évoquant une approche progressive, Mme Anand a assuré aux journalistes «continuer d'augmenter nos relations bilatérales, mais on va le faire étape par étape et on va être prudents, toujours», lors d'une vidéoconférence depuis Mumbai.
Lors de sa visite, les deux pays ont signé une déclaration décrivant les domaines dans lesquels ils souhaitent coopérer, notamment le commerce et l'intelligence artificielle.
Le Canada et l'Inde ont expulsé leurs hauts diplomates respectifs après que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a accusé New Delhi de jouer un rôle dans un réseau de violence au Canada lié à des homicides et à des actes d'extorsion. En septembre 2023, le gouvernement fédéral a accusé le gouvernement indien d'avoir joué un rôle dans l'assassinat d'un militant sikh près de Vancouver plus tôt cette année-là.
Anita Anand a déclaré que la réinitialisation des relations diplomatiques avec l'Inde ne se ferait que progressivement, en commençant par le rétablissement de l'ensemble des diplomates canadiens.
Réchauffement des relations
Le Canada a retiré la majeure partie de sa présence diplomatique en Inde en octobre 2023 après que New Delhi a menacé de lever l'immunité diplomatique de 41 diplomates et de leurs 42 personnes à charge.
La présence diplomatique du Canada en Inde a été progressivement rétablie depuis, et les deux pays ont nommé de nouveaux hauts-commissaires en août. Affaires mondiales Canada n'a pas immédiatement répondu lorsqu'on lui a demandé combien de diplomates canadiens sont actuellement accrédités en Inde.
Mme Anand a indiqué avoir abordé la question du rétablissement de la présence diplomatique du Canada avec son homologue indien, Subrahmanyam Jaishankar.
Elle a indiqué que les deux pays ont convenu de renforcer leurs effectifs comme auparavant, afin de mieux servir leurs populations respectives.
Elle a ajouté vouloir s'assurer que le personnel diplomatique dispose des ressources nécessaires pour répondre aux besoins de la population souhaitant obtenir des visas et voyager entre les deux pays.
La ministre a déclaré qu'Ottawa doit rétablir sa présence diplomatique avant d'envisager une mission commerciale ou de relancer les négociations sur un éventuel accord commercial, qui ont connu des hauts et des bas depuis 2010.
Selon Mme Anand, le Canada défendrait en tout temps la sécurité des Canadiens. Les deux pays ont convenu de tenir des discussions à huis clos sur la sécurité.
Des responsables canadiens ont déclaré que ces discussions contribuent à apaiser les inquiétudes concernant la répression transnationale sans laisser ces questions dominer les relations.
L'Organisation mondiale des sikhs du Canada s'est dite lundi «profondément préoccupée» par le fait que la déclaration commune n'offre «aucune garantie quant à la fin de l'ingérence étrangère ou de la répression transnationale».
Anita Anand a également rencontré le ministre indien du Commerce, Piyush Goyal, qui a déclaré avoir eu une «discussion productive» samedi dernier avec le ministre canadien du Commerce international, Maninder Sidhu.
M. Sidhu a soutenu que les deux pays pouvaient collaborer dans les domaines des technologies propres, de l'agriculture et des minéraux critiques, tandis que M. Goyal a affirmé que le commerce et l'investissement «devraient être fondés sur les principes de respect mutuel, de confiance et d'équilibre».
Le dossier d'information du ministre Sidhu, préparé par Affaires mondiales Canada en mai, souligne que l'Inde a contribué aux problèmes de l'ordre commercial mondial sur lequel le Canada s'appuie, notamment en ce qui concerne les règles définies par l'Organisation mondiale du commerce.
«Les négociations d'intérêt majeur, comme l'agriculture, sont depuis longtemps dans l'impasse. Une poignée de membres obstructionnistes, menés par l'Inde, bloquent régulièrement les résultats négociés et souhaités par la plupart des membres», peut-on lire dans le dossier.

