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«La libération des otages doit marquer un tournant vers une paix durable», dit Carney

«Nous exhortons toutes les parties à poursuivre la mise en œuvre des dispositions de l’accord de cessez-le-feu.»

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Mark Carney au sommet pour la paix: l'analyse d'Alain Rayes Mark Carney au sommet pour la paix: l'analyse d'Alain Rayes

La libération des 20 otages encore en vie dans la bande de Gaza représente «un moment de profond soulagement» et doit «marquer un tournant vers une paix durable», selon le premier ministre Mark Carney.

M. Carney a réagi par écrit, lundi matin, à la décision du Hamas de relâcher les 20 derniers otages vivants qu'il détenait dans l'enclave palestinienne. Les 20 hommes ont retrouvé leurs familles et doivent subir des examens médicaux.

«Pour les personnes juives, ce moment incarne à la fois deux vérités: le deuil de ce qui est perdu à jamais et un fragile espoir de réparation», a souligné le premier ministre, qui a aussi eu une pensée pour les victimes des attaques du Hamas du 7 octobre 2023.

La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, a déclaré dans un communiqué que ses pensées accompagnent les familles des otages israéliens et des personnes assassinées dans la région, y compris les citoyens canadiens.

«Que leur mémoire soit une bénédiction», a-t-elle écrit.

En échange de la libération des otages, Israël a commencé à remettre en liberté des centaines de prisonniers palestiniens. Au total, l'État hébreu doit relâcher plus de 1900 prisonniers dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu.

Le premier ministre Carney se réjouit que, après plus de deux ans de souffrances, des familles soient «enfin réunies». Selon lui, «la libération des otages doit marquer un tournant vers une paix durable».

«Nous exhortons toutes les parties à poursuivre la mise en œuvre des dispositions de l’accord de cessez-le-feu, dont le retrait des soldats israéliens et l’acheminement soutenu, immédiat et à grande échelle d’une aide humanitaire partout à Gaza», a déclaré M. Carney.

Il a ajouté que le Hamas «doit déposer les armes et ne jouer aucun rôle dans la gouvernance future d’un État palestinien démilitarisé».

Le premier ministre a remercié les États-Unis, l’Égypte, le Qatar et la Turquie d’avoir travaillé «sans relâche» afin de rendre l'accord de cessez-le-feu possible.

Il a offert un remerciement particulier au président américain, Donald Trump, saluant «son leadership essentiel à la formulation d’un plan de paix global».

Bâtir une paix «juste et durable»

M. Carney était en Égypte, où il a participé au «Sommet pour la paix», un événement visant à discuter de l'avenir de la bande de Gaza. Des chefs de gouvernement et d'État de tout le Moyen-Orient, ainsi que de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni, sont aussi présents.

Le rassemblement des dirigeants mondiaux semblait destiné à rallier le soutien international à la vision de Donald Trump visant à mettre fin à la guerre. L'événement n'a duré qu'environ trois heures et était essentiellement protocolaire.

M. Carney était assis avec les autres dirigeants lors de la signature de l'accord de paix devant les caméras. Le document n'a pas été communiqué aux journalistes présents ni rendu public.

Lors de son allocution aux médias, alors que le président américain parlait des différents pays présents, il a semblé désigner M. Carney comme le «président» du Canada.

«Il connaissait l'importance de cet événement. Il a dit: «Je veux être là.» Tant de gens l'ont fait. Ils ont appelé», a affirmé Donald Trump.

«Je veux dire, ils en ont entendu parler, et ce ne sont pas des gens qui peuvent faire ça facilement. Ils ont des agendas chargés… les personnes les plus puissantes, et j'apprécie beaucoup votre présence, monsieur le président. Fantastique.»

Après son allocution, M. Carney a été le premier dirigeant à s'approcher de Donald Trump et à lui tendre la main. Les deux hommes ont échangé quelques brèves remarques, qui se sont terminées par un rire de M. Trump et une tape amicale sur l'épaule de M. Carney.

Après son arrivée en Égypte lundi, M. Carney s'est entretenu avec des dirigeants de pays d'Europe et du Moyen-Orient, ainsi qu'avec l'Autorité palestinienne et le secrétaire général des Nations Unies.

Le cabinet du premier ministre a indiqué qu'ils avaient discuté des «prochaines étapes de la collaboration: humanitaire, sécuritaire et de reconstruction».

«Les gens s'attendent à ce que les choses changent et nous devons tous œuvrer ensemble pour garantir une paix durable.»

Le plan de paix mis de l'avant par M. Trump prévoit notamment l’établissement d’une gouvernance de transition à Gaza et la recherche d’une solution politique permanente.

«Cette paix offre l'occasion de mettre enfin un terme au bain de sang déclenché par le Hamas, qui est une réalité tragique depuis trop longtemps», a réagi par communiqué le chef conservateur Pierre Poilievre, qui a remercié le président américain.

Des espoirs mitigés

La libération des otages israéliens est un moment «très émotif» pour la communauté juive, a raconté Julien Corona, directeur des relations publiques pour le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA).

«C'est enfin la fin du 7 octobre 2023. C'est une journée qui a duré plus de deux ans avec l'entièreté d'un peuple qui se sentait très troublé, épuisé, attaqué. Et là, on peut enfin commencer à passer à autre chose», a-t-il expliqué par téléphone à La Presse Canadienne.

M. Corona se trouvait lundi matin à une cérémonie pour les otages qui se tenait à Côte-Saint-Luc, au parc Alexandre Look, nommé en l'honneur de ce Montréalais qui est décédé lors de l'attaque du Hamas au festival Nova.

En ce qui concerne le «sommet de la paix», il espère qu'il s'agit «d'une véritable paix».

«Et là, ça viendra du Hamas et des organisations terroristes qui doivent enfin accepter l'existence d'Israël comme tous les États arabes sont prêts à le faire», a-t-il ajouté.

John Philpot, avocat spécialisé en droit international et membre du conseil d'administration du Mouvement pour une paix juste, estime qu'on «ne peut que se réjouir d'une accalmie ou d'un espoir de paix».

Il a toutefois avancé que l'accord reste vague, sans exigences et sans résolutions de la part des Nations unies.

«Il y a beaucoup de faiblesse dans les accords parce que cela ne semble pas donner du pouvoir politique au peuple palestinien qui est à la source de tout le problème et ça semble maintenir le contrôle américain et israélien sur la Palestine», a-t-il expliqué en entrevue.

Raymond Legault, porte-parole de la Coalition du Québec URGENCE Palestine, a rappelé que la dynamique était encore très différente il y a quelques semaines, quand des pays reconnaissaient l'État palestinien à l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies (ONU).

Selon lui, le «sommet de la paix» est plutôt une «mise en scène» où le «président Trump est au centre de tout».

«On veut bien toujours espérer que la paix soit arrivée, mais il n'y a pas beaucoup d'indications de ça», a-t-il fait valoir.

«Il n'y a rien sur vraiment l'avenir du peuple palestinien comme peuple et son autodétermination», a ajouté M. Legault, qui juge que les Palestiniens devraient avoir leur mot à dire.

Avec des informations de l'Associated Press

Mathieu Paquette

Mathieu Paquette

Journaliste

Audrey Sanikopoulos

Audrey Sanikopoulos

Journaliste

Alain Rayes

Alain Rayes

Chroniqueur