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La mairie de Toronto hisse le drapeau palestinien en soutien à son indépendance

Le Canada a officiellement reconnu l'État de Palestine en septembre.

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1b3874949bd4f38b33f5e2e7a878019db3cbf83a48fe8c31c7c0179990183379.jpg Un manifestant fait flotter le drapeau palestinien sur le campus de l'Université de Toronto, le 2 mai 2024. LA PRESSE CANADIENNE/Chris Young (Chris Young | La Presse canadienne)

L'ambiance était à la fête lundi matin sur le toit de l'hôtel de ville de Toronto, où des dizaines de personnes se sont rassemblées, malgré le froid, pour voir le drapeau palestinien flotter pour la première fois au-dessus du bâtiment. 

Le Centre international de justice pour les Palestiniens (ICJP), qui a demandé cette initiative, a déclaré avant le lever du drapeau que cela marquerait un «geste symbolique de solidarité» envers les Palestiniens du Canada à l'occasion du 37e anniversaire de la déclaration d'indépendance palestinienne.

Sur le toit, les partisans ont scandé «Palestine libre, Palestine libre» et ont fait la file pour se faire prendre en photo avec le drapeau avant qu'il ne soit hissé, qualifiant ce moment d'historique.

En bas, sur la place Nathan Phillips, plusieurs dizaines de partisans se sont également rassemblés pour assister au lever du drapeau, tandis que certains manifestants pro-israéliens se sont également rassemblés pour protester.

«C'est fantastique, s'est enthousiasmé Shane Martinez, avocat de l'ICJP, après le lever du drapeau. Je suis très heureux pour la communauté palestinienne. C'est quelque chose qui aurait dû être fait depuis longtemps.»

Le lever du drapeau a eu lieu après qu'un tribunal de l'Ontario a rejeté lundi matin une demande d'injonction émanant d'un groupe pro-israélien, l'organisation Tafsik, qui affirmait que cet événement soutenait des groupes responsables d'«incitation à la violence» contre la communauté juive.

«Pour la communauté juive, depuis deux ans, le drapeau palestinien est synonyme de haine, de violence, d'antisémitisme et d'antisionisme», a déclaré Amir Epstein, directeur exécutif du groupe, lors d'une entrevue téléphonique lundi après-midi.

M. Epstein a affirmé que le drapeau avait été aperçu lors de manifestations glorifiant l'attentat perpétré par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a fait 1200 morts et plus de 250 otages.

Cet attentat a déclenché la guerre israélo-palestinienne dans la bande de Gaza. Selon les autorités sanitaires palestiniennes, plus de 69 000 Palestiniens ont été tués lors de l'offensive de représailles israélienne contre le Hamas.

Shane Martinez a déclaré que son groupe avait pris connaissance vendredi de la demande d'injonction déposée par Tafsik et avait passé le week-end à préparer des observations afin de garantir que le drapeau puisse être hissé. Il a déclaré que la demande d'injonction du groupe était «sans fondement».

«Elle était fondée sur des clichés anti-palestiniens, des mensonges démontrables et manquait vraiment de preuves à l'appui de l'argument selon lequel le lever du drapeau nuirait d'une manière ou d'une autre à la ville de Toronto. Ce que nous savons aujourd'hui, d'après la célébration à laquelle nous avons assisté, c'est que cela a, en fait, fait beaucoup de bien à la ville», a soutenu l'avocat de l'ICJP. 

Le déploiement du drapeau palestinien à Toronto fait suite à des initiatives prises par d'autres villes, notamment Mississauga et Brampton, en Ontario, et Calgary, en Alberta, qui ont toutes hissé le drapeau au cours du week-end. 

Le Manitoba a également hissé le drapeau palestinien devant son assemblée législative provinciale samedi.

La politique de la ville de Toronto en matière de drapeaux stipule que les drapeaux d'autres pays peuvent être hissés à l'hôtel de ville lors de fêtes nationales ou à l'occasion d'anniversaires spéciaux. Des dizaines de drapeaux, dont celui d'Israël, sont hissés chaque année.

Avec ses proches alliés, l'Australie et le Royaume-Uni, le Canada a officiellement reconnu l'État de Palestine en septembre, dans un contexte de mobilisation internationale pour mettre fin aux violences dans la région.

Bien plus qu'un simple geste symbolique

Dania Majid, présente lundi à l'hôtel de ville de Toronto pour représenter l'Association des avocats canadiens d'origine arabe et le Festival du film palestinien de Toronto, a déclaré à la foule que le drapeau était bien plus qu'un simple geste symbolique.

«Le drapeau palestinien est un symbole d'unité contre la domination coloniale (…) il résiste aux tentatives d'effacement», a-t-elle affirmé.

Elle a ajouté qu'il représente «la quête de justice des Palestiniens sur leurs terres ancestrales, leur fierté pour leur passé et leur capacité à façonner leur avenir».

Pour le groupe de M. Epstein et d'autres organisations de la communauté juive, le déploiement de ce drapeau exacerbe les tensions dans des relations déjà complexes entre la communauté juive et la ville.

La mairesse de Toronto, Olivia Chow, a été critiquée à la suite de propos tenus plus tôt ce mois-ci lors d'un gala de bienfaisance.

Le Toronto Star a rapporté que Mme Chow avait déclaré qu'Israël commettait des crimes de guerre et que «le génocide à Gaza nous concerne tous». Depuis, Mme Chow a publiquement défendu ses propos et cité des rapports internationaux accusant Israël d'actes répréhensibles.

Mme Chow était absente lorsque le drapeau a été hissé lundi matin. La Ville précise que, par principe, la mairesse n'assiste pas aux cérémonies de lever de drapeaux nationaux. Elle ajoute que ces cérémonies sont gérées par le personnel municipal selon le principe du premier arrivé, premier servi, et non par le conseil municipal.

La police de Toronto a arrêté un homme de 59 ans qui aurait aspergé une victime d'une substance nocive.

Le suspect a été inculpé d'agression armée et d'administration de substance nocive dans l'intention de nuire. La police a précisé qu'aucun blessé n'était à déplorer.

 — Avec des informations de l'Associated Press

Cassidy McMackon

Journaliste