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La situation financière des entreprises et des ménages canadiens montrait des signes d'amélioration jusqu'à ce que les États-Unis déclenchent une guerre commerciale, a déclaré la Banque du Canada jeudi.
Dans son dernier Rapport sur la stabilité financière, la banque centrale indique qu'au début de l'année, les ménages avaient, en moyenne, moins de dettes par rapport à leurs revenus qu'un an plus tôt, tandis que les demandes d'insolvabilité des entreprises avaient considérablement diminué.
Cependant, la guerre commerciale déclenchée par les États-Unis a accru les risques dans leur ensemble, a déclaré le gouverneur Tiff Macklem.
«Le message principal de ce rapport est que nous sommes maintenant confrontés à une nouvelle menace», a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse à Ottawa.
«La guerre commerciale pose de nouveaux risques. Même si la situation évoluait dans la bonne direction, c'est le moment idéal pour se préparer aux turbulences à venir», a-t-il ajouté.
L'évolution future des droits de douane est très incertaine, mais dans un scénario où ils seraient augmentés et resteraient en vigueur pendant plusieurs années, la Banque du Canada estime que les Canadiens pourraient accuser un retard de paiement hypothécaire à des niveaux jamais vus depuis une génération.
«Une guerre commerciale prolongée constitue la plus grande menace pour l'économie canadienne», a déclaré M. Macklem.
Dans son scénario le plus pessimiste, qui, comme l'a souligné la banque centrale, n'est pas une prévision, une guerre commerciale prolongée pourrait entraîner des arriérés hypothécaires supérieurs à 0,5 %, un taux plus important que celui observé lors de la crise financière mondiale de 2008-2009, mais inférieur à celui de plus de 0,6 % observé dans les années 1990.
Les mesures de soutien gouvernementales pourraient contribuer à atténuer l'impact, mais on ignore encore leur ampleur et de quelle manière ces fonds seraient distribués.
Un test de résistance du système financier canadien, présenté par le Fonds monétaire international et inclus dans le rapport de la banque, a utilisé un scénario extrême. Alors que le scénario de risque de la Banque du Canada prévoit une récession de quatre trimestres, ce qui correspond à peu près aux récessions de 2008-2009 et de 1990-1991, le scénario du FMI prévoit une récession de sept trimestres.
Selon son scénario, le FMI anticipe une baisse potentielle du PIB de 5,1 %, un sommet de chômage à 9,2 %, une chute des prix de l'immobilier de 26 % et une chute des actions de 36 %.
Alors que la banque évalue les risques, M. Macklem a déclaré que les développements récents, notamment les nouvelles concernant les progrès commerciaux entre les États-Unis et le Royaume-Uni, témoignent d'un certain apaisement, mais qu'il est encore tôt.
Et même si les risques commerciaux étaient immédiatement levés, une menace subsisterait, a-t-il ajouté.
«Je m'attends à des impacts permanents. J'ai le sentiment que la confiance a été rompue dans une certaine mesure», a-t-il fait valoir.
Les perturbations actuelles, et le risque d'en voir d'autres à venir, contrastent fortement avec la situation financière du début de l'année.
La Banque du Canada a souligné que, malgré les inquiétudes accrues suscitées ces dernières années par la vague de prêts hypothécaires arrivant à échéance à des taux plus élevés, le choc semble moins important qu'à la fin de 2023.
Une forte baisse des taux d'intérêt en 2024 signifie que les paiements ne devraient pas augmenter autant que prévu. De nombreux propriétaires ont également vu leurs revenus et la valeur de leurs propriétés augmenter.
Si la baisse des taux d'intérêt a contribué à renforcer la résilience des entreprises et des emprunteurs hypothécaires, les ménages non hypothécaires continuent de montrer des signes croissants de stress économique.
Le rapport montre que, pour ces ménages, les prêts sur cartes de crédit et les prêts automobiles en retard de paiement de plus de 60 jours ont dépassé les niveaux d'avant la pandémie et ont dépassé les moyennes historiques.
Cela contraste avec les ménages ayant des prêts hypothécaires, dont les arriérés de paiement demeurent inférieurs aux moyennes historiques.
Dans l'ensemble, les Canadiens affichent toujours des niveaux d'endettement élevés par rapport aux normes historiques, ce qui crée des risques accrus si la guerre commerciale persiste, en particulier pour les personnes les plus exposées aux droits de douane.
La Banque du Canada affirme que les prêts accordés aux ménages ou aux entreprises de secteurs ou de régions sensibles aux échanges commerciaux représentent environ 15 % des actifs des banques au Canada, mais que les répercussions d'un ralentissement économique pourraient toucher un plus large éventail de secteurs et de travailleurs.
Les banques canadiennes sont toutefois bien placées pour absorber des pertes plus importantes grâce à des réserves de fonds propres et des provisions pour pertes sur créances plus importantes, a souligné la banque centrale.
M. Macklem a déclaré que le système financier dans son ensemble reste résilient, mais qu'il est important de surveiller de près les problèmes potentiels.
«Nous voulons nous assurer qu’il y a un certain niveau de vigilance, qu’il n’y a pas de confiance excessive dans le fait que tout va s’arranger et que le système financier est préparé aux turbulences», a-t-il indiqué.