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Un nouveau rapport suggère que, si le Canada ne parvient pas à convaincre le président américain Donald Trump d’abandonner tous les droits de douane sur les véhicules automobiles, il devrait négocier un nouvel accord commercial sur l’automobile avec les États-Unis et le Mexique. Cet accord imposerait des droits de douane permanents à l’importation, mais accorderait un allègement fiscal aux constructeurs automobiles s’ils respectent les exigences minimales de production locale.
La stratégie décrite dans le rapport, publié jeudi par l’Institut C.D. Howe, s’inspire du Pacte de l’automobile canado-américain de 1965.
L’auteur Stephen Beatty, ancien dirigeant de Toyota Canada, a soutenu qu’en réponse à d’éventuels droits de douane américains, le Canada devrait imposer sa propre surtaxe sur les importations de véhicules légers américains.
Il a toutefois ajouté que les constructeurs automobiles qui assemblent actuellement des véhicules ou fabriquent des composants majeurs au Canada devraient bénéficier d’un allègement fiscal proportionnel à leur production canadienne.
Cette mesure viserait à inciter les États-Unis et le Mexique à revoir les dispositions relatives à l’automobile de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) une fois les renégociations de cet accord entamées. M. Beatty a précisé que le Canada devrait proposer le rétablissement permanent des droits de douane sur le commerce automobile entre les trois pays et l’établissement d’un taux extérieur commun.
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Il a soutenu que les pays devraient chacun accepter de renoncer à leurs droits de douane sur un volume défini de véhicules importés des deux autres par toute entreprise ayant une base de production dans le pays importateur. Par exemple, un constructeur produisant 100 véhicules au Canada, aux États-Unis ou au Mexique serait autorisé à importer jusqu’à 100 véhicules combinés des deux autres pays.
«Le Canada doit profiter de cette occasion pour renforcer son influence et proposer un plan concret», a indiqué M. Beatty dans un communiqué de presse.
«Nous ne pouvons pas laisser l’avenir d’un secteur automobile qui soutient de bons emplois des deux côtés de la frontière au sort d’une nouvelle série de droits de douane, familiers, mais préjudiciables.»
Le 3 avril, les États-Unis ont imposé des droits de douane de 25 % sur les véhicules fabriqués au Canada. Le Canada a réagi en imposant ses propres droits de douane de 25 % sur les véhicules importés des États-Unis non conformes à l’ACEUM.
Le secteur a bénéficié d’un certain soulagement la semaine dernière lorsque les directives du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis ont indiqué que les pièces automobiles conformes à l’ACEUM ne seraient pas touchées par les droits de douane de M. Trump.
Si le «plan A» du gouvernement du premier ministre Mark Carney devrait consister à conclure un nouvel accord avec l’administration Trump qui «préserve un commerce essentiellement exempt de droits de douane», M. Beatty a avancé que le Canada avait également besoin d’un «plan B».
Il a ajouté qu’il était urgent de contrebalancer l’incitation des entreprises à abandonner leurs investissements au Canada et à se déplacer vers le Sud en raison de la menace des droits de douane américains.
L’empreinte du secteur canadien de l’assemblage de véhicules a diminué ces dernières années — une évolution «inquiétante», a noté M. Beatty, alors que le Mexique a accru sa part de la production nord-américaine, tandis que le secteur manufacturier américain est resté stable.
«Les récents licenciements mettent en évidence la fragilité actuelle du secteur automobile canadien», a observé M. Beatty.
«Si nous voulons préserver de bons emplois, maintenir les investissements et nous prémunir contre la menace bien réelle que tout cela puisse nous échapper, nous devons repenser notre stratégie.»
La proposition d’un pacte automobile modernisé viserait à répondre à l’appel de l’administration Trump en faveur de l’élimination des déséquilibres commerciaux et du renforcement des chaînes d’approvisionnement nationales, selon M. Beatty.
«Une industrie automobile nord-américaine revigorée, répartie sur les trois pays, attirerait les investissements étrangers tout en offrant un avantage concurrentiel aux entreprises qui ont grandi ici ou qui ont nord-américanisé leurs activités», a-t-il écrit dans le rapport.
«Rien ne pourrait être plus conforme à l’esprit de réciprocité tarifaire qu’une politique intrinsèquement auto-équilibrée.»