Économie

La conformité à l'ACEUM atténue l'impact des droits de douane pour BRP

«Tant que la règle de l'ACEUM sera respectée, nous serons en bonne position.»

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0db3c64851311d4c172b5ad0f33b425843a82e4ceaad3c7e3c2a2dee38d497d3.jpg Un affichage qui est visible sur les bureaux de BRP à Montréal, le lundi 24 mars 2025. (Christinne Muschi / La Presse Canadienne)

Le fabricant de motoneiges BRP a déjà été confronté à des différends commerciaux, mais son chef de la direction affirme qu'un aspect distingue cette fois-ci le régime tarifaire actuel de l'administration de Donald Trump.

«Ce qui est particulier depuis le début de l'année, c'est que les droits de douane sont imposés et appliqués le lendemain, ce qui est un peu délicat», a indiqué José Boisjoli lors d'une entrevue.

M. Boisjoli a mentionné que BRP s'adapte à l'évolution rapide du contexte tarifaire, d'autant plus que le respect de l'accord commercial Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) lui offre une certaine marge de manœuvre.

«Nous avons subi un certain impact jusqu'à présent, que nous avons pu surmonter. Il y a un coût, mais nous le répercutons sur le prix de nos véhicules par le biais de l'inflation normale. Tant que la règle de l'ACEUM sera respectée, nous serons en bonne position», a-t-il expliqué.

Les droits de douane et l'incertitude commerciale ont toutefois incité l'entreprise à reporter ses prévisions financières pour l'exercice 2026 en mars.

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Lors d'une précédente conférence téléphonique sur les résultats financiers, M. Boisjoli a souligné que tous les véhicules BRP fabriqués au Canada et au Mexique respectent l'accord commercial nord-américain, ce qui permet aux acheteurs américains d'éviter les droits de douane.

Cette conformité est essentielle, car environ 60 % du chiffre d'affaires de BRP provient des États-Unis. La majeure partie des stocks vendus dans ce pays est fabriquée au Mexique — 70 % de la production totale est réalisée au sud du Rio Grande — ou au Canada, où les motoneiges et certains de ses produits Can-Am sortent des chaînes de montage.

Selon M. Boisjoli, les coûts des droits de douane sont gérables pour l'entreprise, mais ils pèsent sur les dépenses de consommation.

«L'incertitude liée aux droits de douane entraîne un ralentissement de l'économie dans de nombreux pays, ce qui affecte la demande plus que nous l'espérions», a-t-il souligné, précisant que les variations de la demande semblent être réparties selon le niveau de revenu.

«D'après ce que nous constatons, et cela ne change pas depuis les deux derniers trimestres, le produit haut de gamme se vend mieux que le produit d'entrée de gamme. Je pense que les clients à faibles revenus sont plus incertains quant à leur capacité à acheter ou à financer de nouveaux produits. Pour l'instant, ils reportent leur achat», a noté M. Boisjoli.

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Malgré la faiblesse des dépenses de consommation, l'entreprise poursuit le lancement de nouveaux produits, notamment un nouveau véhicule tout-terrain électrique et un nouveau véhicule côte à côte.

L'incertitude tarifaire et son impact sur la demande s'inscrivent également dans le cadre d'une stratégie de rationalisation des opérations menée par BRP.

En juillet, BRP a signé un accord pour la vente de son activité de bateaux pontons Manitou à la famille Marcott, propriétaire de Bentley Pontoons, dans le cadre de son plan de concentration sur les sports motorisés. La transaction devrait être finalisée au cours du troisième trimestre de l'exercice 2026 de l'entreprise.

La compagnie a lancé l'année dernière un plan de vente de ses différentes activités marines, à l'exclusion de ses motomarines et des activités connexes.

Alors que BRP se concentre sur les sports motorisés, M. Boisjoli a fait savoir que l'entreprise n'envisageait aucune acquisition.

«Nous sommes toujours à l'affût des opportunités, mais dans notre secteur, les perspectives sont rares, car nous détenons plus de 50 % des parts de marché des motoneiges et des motomarines. Il faut respecter les lois antitrust. Ce n'est pas un secteur facile pour les acquisitions, mais nous explorons toujours les possibilités», a-t-il précisé.

Changement à la tête

M. Boisjoli dirige le repositionnement de BRP et se prépare à quitter son poste de chef de la direction d'ici la fin de l'exercice financier de l'entreprise prévue le 31 janvier 2026.

Il a été à la tête de BRP pendant plus de deux décennies, laissant derrière lui une croissance soutenue. Le conseil d'administration est actuellement à la recherche du prochain chef de la direction de BRP.

M. Boisjoli a piloté BRP, une entreprise de sports motorisés en difficulté issue de Bombardier en 2003, pour en faire une marque d'envergure mondiale qui a su tirer parti de la demande croissante de véhicules côte à côte, de motoneiges et de motomarines.

«Je travaille chez BRP depuis 36 ans, dont 22 à titre de PDG. J'ai 68 ans et, à un moment donné, il faudra que je passe à autre chose», a mentionné M. Boisjoli.

En 2024, un hiver nord-américain exceptionnellement chaud a pesé sur les ventes de motoneiges de BRP, entraînant une forte baisse des bénéfices. La production de motoneiges a alors diminué de 30 % en raison de l'accumulation de stocks stagnants chez les détaillants au Canada et aux États-Unis.

«Je dois admettre que nous avons pris un engagement important auprès des concessionnaires en 2024 pour réduire les stocks et rééquilibrer l'ensemble. C'est maintenant chose faite. Nous constatons une stabilisation du marché, ce qui est un très bon signe. Je pense que BRP est bien positionnée pour croître au sein de l'industrie», a-t-il soutenu.

Avec des informations de Christopher Reynolds à Montréal