«J’espère qu’il y en aura d’autres»: Pour Donald Trump, ce président qui «hait» ses ennemis, la campagne de vengeance politique ne fait que commencer.
En réagissant de cette manière à l’inculpation de James Comey, le républicain de 79 ans donne de manière à peine voilée ses ordres de marche à la ministre de la Justice Pam Bondi, qu’il a récemment jugée trop timorée.
Sourd aux voix qui lui reprochent de piétiner l’indépendance de la justice, ce principe fondateur de la démocratie, il a immédiatement salué jeudi soir l’inculpation de l’ancien grand flic, l’une de ses bêtes noires.

«JUSTICE EN AMERIQUE», a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social, rompant totalement avec la réserve généralement de mise pour les présidents en matière pénale.
Vendredi, loin de se faire discret, il a attaqué avec férocité James Comey, le traitant de «flic véreux.»
«Le président et son gouvernement ont détourné notre système judiciaire pour que sa campagne de vengeance devienne réalité», a réagi dans un communiqué Mike Zamore, un dirigeant de l’ACLU, une importante organisation de défense des droits civiques et des libertés publiques.
«Je hais mon opposant»
Donald Trump, qui a été visé par deux procédures de destitution, poursuivi dans de nombreuses affaires et condamné au pénal, ne fait aucun mystère des sentiments qui l’animent.
«Je hais mon adversaire et je ne lui veux pas de bien», a-t-il lancé la semaine dernière pendant le récent rassemblement mi-politique mi-religieux d’hommage à son allié Charlie Kirk, influenceur ultraconservateur assassiné.
Le président américain était «fidèle à lui-même», a commenté sa porte-parole Karoline Leavitt, à qui une journaliste demandait si ces propos ne venaient pas jeter encore de l’huile sur le feu déjà ardent des divisions politiques américaines.
Pour le reste, la Maison-Blanche évacue par une pirouette langagière les accusations de l’opposition démocrate.
«Ce n’est pas instrumentaliser le ministère de la Justice que de demander des comptes à ceux qui ont instrumentalisé le ministère de la Justice», a récemment déclaré Karoline Leavitt.
Donald Trump a nommé à la tête du FBI un fidèle parmi les fidèles, Kash Patel. Il a promu certains de ses conseils à divers échelons de l’appareil judiciaire, le plus récent exemple étant Lindsey Halligan.
Cette avocate, ancienne finaliste du concours de Miss Colorado, vient d’être nommée procureure fédérale en remplacement d’un magistrat qui aurait refusé d’engager certaines poursuites. Le New York Times écrit que Lindsey Halligan «a surtout consacré sa carrière (juridique) à des dossiers d’assurance».
De Soros à Obama
Donald Trump s’est défendu vendredi d’avoir une «liste» de cibles.
Reste qu’il a déjà identifié une série de personnalités, élus, anciens conseillers ou magistrats, coupables selon lui de toutes sortes de malversations, mais surtout de s’être opposés à lui.
Et cela pendant son premier mandat (2017-2021), au cours des quatre années qui ont suivi ou depuis son retour fracassant à la Maison-Blanche en janvier.
Donald Trump répète qu’il a été lui-même la cible d’une vaste opération de persécution.
Il assure que les révélations sur une opération d’ingérence russe pendant sa première campagne sont un «complot» monté de toutes pièces. Il maintient avoir gagné l’élection de 2020, remportée par le démocrate Joe Biden. Il dénonce depuis son investiture le «terrorisme intérieur» exercé par la «gauche radicale» et la mouvance «antifa».
Le président américain a déjà menacé le milliardaire philanthrope George Soros. Il a appelé publiquement à poursuivre le sénateur démocrate Adam Schiff et la procureure de l’Etat de New York Letitia James.
Une autre bête noire de Donald Trump, son ancien conseiller à la Sécurité nationale John Bolton, a lui vu son domicile perquisitionné par le FBI.
Le président américain s’en est aussi pris à Barack Obama, accusé de «trahison». Mais toute tentative de le traîner en justice pourrait se heurter à un principe d’immunité présidentielle récemment posé par la Cour suprême, à la demande de Donald Trump lui-même.
