Le propriétaire de la boisson alcoolisée Sour Puss n’avait pas le choix de déplacer une partie de sa production à Montréal afin de retomber sur ses pattes dans le marché canadien, a expliqué son patron en entrevue.
«En mars, lorsque la guerre commerciale a commencé, nous avons été retirés tout d’un coup des rayons de la majorité des provinces canadiennes, a rappelé le président et chef de la direction de la Phillips Distilling Company, Andy England, en entrevue. Nous avons littéralement perdu nos activités au Canada.»
«Nous avions conclu que la situation était imprévisible et qu’il fallait à tout le moins envisager de produire au Canada», a-t-il ajouté.
Le distillateur américain a entamé à Montréal, mercredi, la production de ses produits destinés au marché canadien. Elle sera faite par l’intermédiaire de la distillerie Station 22.
La marque Sour Puss a été la plus échaudée par la campagne de boycottage menée par les sociétés d’État provinciales, comme la Société des alcools du Québec (SAQ) et la Régie des alcools de l’Ontario (LCBO).
«Près de 98 % de nos ventes de Sour Puss étaient au Canada, a indiqué M. England. Pour nous, c’est une marque essentiellement canadienne.»
Pour l’ensemble de ses marques, environ 13 % du volume de production de l’usine de Phillips Distilling Company au Minnesota était destiné au marché canadien.
La riposte des provinces a frappé de plein fouet l’entreprise américaine, qui avait vendu 1 million de bouteilles de Sour Puss au Canada en 2024, dont 270 000 au Québec, ce qui représentait des ventes de près de 23 millions $ au Canada.
Même si la situation commerciale devait se stabiliser, M. England affirme que la décision de produire au Canada n’est pas temporaire. «Nous avons signé une entente de plusieurs années.»
Le contexte commercial incertain découragerait aussi l’entreprise de rapatrier la production aux États-Unis. «Je n’ai aucune idée s’il y aura une entente commerciale, si ça inclura des droits de douane, et si ça durera seulement six mois, a répondu le PDG. Une des choses les plus importantes, pour nous, c’est la stabilité. »
Le fait de produire à Montréal plutôt qu’au Minnesota sera avantageux pour les frais de transport.
Avoir une production locale permettra aussi de mieux s’adapter aux préférences des consommateurs canadiens. Il donne l’exemple des prêts-à-boire en canettes, un segment qui gagne en popularité au Québec.
L’entreprise prévoit lancer un nouveau prêt-à-boire sous la marque Sour Puss en mars. «On n’aurait probablement pas pu lancer un tel produit sans Station 22, car nous n’avons pas de ligne pour les canettes dans notre usine du Minnesota.»
M. England espère que les ventes canadiennes du Sour Puss reprendront en décembre. «Il y a deux provinces qui ont déjà passé des commandes.»

