Un tribunal ontarien a prolongé jusqu’à la fin juillet le sursis dont bénéficie La Baie d’Hudson envers les centaines d’entreprises auxquelles elle doit de l’argent.
Le juge Peter Osborne a accordé mardi à la plus ancienne entreprise canadienne la permission de prolonger la période de protection contre ses créanciers jusqu’au 31 juillet plutôt que jusqu’au 15 mai.
L’avocat de La Baie d’Hudson, Ashley Taylor, a soutenu que cette prolongation était nécessaire au processus en cours de recherche d’acheteurs pour l’entreprise et ses actifs, ainsi que de repreneurs pour ses baux.
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«Nous demandons une prolongation afin de disposer d’un peu de répit et de voir ce qui peut être fait», a-t-il déclaré au juge Osborne.
Cette demande de prolongation intervient alors que La Baie d’Hudson semble se diriger vers un nouvel avenir.
Après avoir déposé une demande de protection contre ses créanciers en mars parce qu’elle avait du mal à payer près d’un milliard de dollars à ses propriétaires, vendeurs et fournisseurs, soit 26 pages de dettes collectives, La Baie d’Hudson a mis en vente sa propre entreprise, ses actifs et ses baux.
Dix-sept enchérisseurs souhaitent acquérir l’entreprise en entier ou des biens précieux, comme sa propriété intellectuelle. Douze entreprises sont en lice pour 39 baux.
Me Taylor a précisé que La Baie d’Hudson et les cabinets qui l’aident à choisir les acquéreurs ne sont «pas encore en mesure de soumettre les transactions à l’approbation», mais qu’une prolongation les rapprocherait de cet objectif.
Si La Baie d’Hudson et les personnes impliquées dans son processus de vente constatent que plusieurs offres répondent à leurs critères et souhaitent organiser une vente aux enchères, elles doivent le faire au plus tard le 16 mai.
D’ici le 30 mai, elles doivent obtenir l’approbation du tribunal pour toute transaction conclue.
Me Taylor a indiqué au juge Osborne qu’il s’attend à ce que La Baie d’Hudson revienne devant le tribunal dans deux à trois semaines pour obtenir l’approbation d’«une ou plusieurs transactions».
Ce délai permettra à l’entreprise de mener à bien la liquidation des 80 magasins La Baie et des 16 magasins Saks au Canada. La vente devrait être conclue d’ici la fin mai, et La Baie et Saks devront libérer tous leurs locaux d’ici la fin juin.
Importantes recettes
Jusqu’à présent, les recettes générées par la liquidation ont excédé à plusieurs reprises les attentes de La Baie d’Hudson.
Entre le 8 et le 14 mars, l’entreprise a réalisé un bénéfice de 21 millions $, dépassant ses propres estimations d’environ 7,4 millions $ et lui permettant de rembourser un financement de dernière minute reçu de Restore Capital ce mois-là pour la maintenir à flot, selon les documents juridiques.
Entre le 19 avril et le 2 mai, les ventes ont dépassé 129 millions $, soit environ 36,8 millions $ de plus que les prévisions initiales de l’entreprise, révèlent les documents.
Le processus de liquidation ayant généré des flux de trésorerie importants, dépassant les besoins opérationnels de La Baie, Me Taylor a demandé mardi au tribunal l’autorisation de rembourser jusqu’à 165 millions $ à ses créanciers principaux, Bank of America et Restore Capital.
Selon ce plan, la première tranche de ces fonds — environ 46 millions $ — serait versée à Restore vers le 23 mai, et 24,6 millions $ seraient versés à Bank of America.
Oppositions
Les distributions se sont heurtées à l’opposition des avocats de plusieurs propriétaires.
L’un d’eux était Joseph Pasquariello, qui représente la Société de fonds de placements immobiliers RioCan, qui gère plusieurs propriétés avec La Baie d’Hudson dans le cadre d’une coentreprise.
Me Pasquariello a qualifié la décision de verser les fonds de «très précipitée».
«Aucune vente, aucun transfert de bail n’a été soumis à l’approbation de ce tribunal», a-t-il indiqué, demandant que les distributions soient reportées à une étape ultérieure du processus.
Cependant, le juge Osborne a décidé de se ranger du côté de La Baie d’Hudson, affirmant que «la distribution est appropriée».

