«Je veux juste mourir», dit une fillette de neuf ans à son agresseur dans une vidéo publiée sur TikTok fin juillet. La vidéo montre un autre enfant qui lui tire les cheveux, lui donne des coups de pied, la pousse à terre et l'insulte.
Avertissement: cet article fait référence à des actes d'intimidation et d'automutilation.
L'histoire se déroule à l'Île-du-Prince-Édouard. Les parents de la fillette ont demandé que son nom ne soit pas divulgué, car ils craignent que les violences en ligne et en personne ne s'intensifient. Son père, Alex Butler, a décidé de prendre la parole.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
CTV News a également reçu des déclarations écrites de huit autres familles qui ont demandé à rester anonymes, décrivant des cas graves de harcèlement qui, dans au moins un cas, ont entraîné des crises d'angoisse.
«Elle s'est renfermée sur elle-même, elle ne mange presque plus. La nuit, nous l'entendons tous sangloter. Je ne sais même pas si je dois préparer la rentrée scolaire ou les funérailles. C'est dire à quel point la situation est grave.»
Près d'un élève sur trois (29 %) de la 7e à la 12e année à l'Île-du-Prince-Édouard a expliqué avoir été victime d'intimidation au cours du mois précédant l'enquête, soit environ 10 points de pourcentage de plus que la moyenne nationale, selon l'enquête COMPASS 2024-2025.
Les parents de la région de Summerside affirment que ces chiffres se vérifient à l'école Somerset Consolidated School, dans la communauté de Kinkora. Dans le cas de la jeune Butler, le harcèlement a commencé pendant l'année scolaire et s'est poursuivi pendant les vacances d'été.
Cinq mois plus tôt, une amie de 13 ans de la même école avait été hospitalisée pour automutilation, après ce que sa famille décrit comme des violences verbales persistantes. Les deux filles sont neurodivergentes, un facteur qui, selon leurs parents, les rend plus vulnérables.
«Aucun enfant ne devrait avoir à endurer une telle souffrance», a ajouté Alex Butler. «Et aucun parent ne devrait jamais être obligé de se demander si le système fait suffisamment pour garder son enfant en vie.»
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Selon le père, sa fille avait manqué deux mois de cours l'année dernière et qu'il avait supplié la Direction des écoles publiques de l'Île-du-Prince-Édouard, qui supervise toutes les écoles publiques anglophones de la province, d'agir. Il affirme que ses plaintes ont été rejetées et classées sans suite.
Il souhaite un audit complet des cas d'intimidation passés et présents et des conséquences pour le personnel qui ignore les signalements répétés de préjudice.
«C'est un mauvais système, c'est un système défaillant, et il doit changer, à mon avis», a lancé Alex Butler.
Dans un courriel adressé à CTV News, un porte-parole de la Direction a déclaré que les enquêtes «sont menées dès que possible après réception des informations» et peuvent aboutir à «une suspension, des mesures réparatrices, des plans de comportement ou l'orientation vers des services de conseil ou de soutien». Le porte-parole a indiqué qu'«aucun changement de politique n'était prévu avant la reprise des cours» cet automne.
La politique de la direction générale sur les environnements d'apprentissage sûrs et bienveillants permet aux écoles d'intervenir lorsque des actes d'intimidation commis en dehors du campus ou en dehors des heures de classe menacent la sécurité, l'apprentissage ou les relations au sein de l'école.
Guardians of the Children, un groupe de motards nord-américain qui lutte contre l'intimidation, affirme que les demandes d'aide ont augmenté sur l'île.
«Depuis deux ou trois ans, le téléphone n'arrête pas de sonner et nous recevons beaucoup de messages personnels sur Facebook», a dit Bear, le président du groupe à l'Île-du-Prince-Édouard.
«Je trouve que c'est beaucoup plus facile maintenant, surtout avec les réseaux sociaux et le fait que les enfants ont accès à votre domicile. C'est un monde effrayant», a ajouté Teddy, le responsable des relations avec les enfants et les familles de la section.
Matthew MacFarlane, député provincial du Parti vert représentant Borden-Kinkora, estime que les écoles ont besoin de plus de personnel.
«Si nous disposons de ressources suffisantes dans les écoles, nous serons en mesure de nous attaquer aux causes profondes de l'intimidation et, espérons-le, de sauver davantage d'enfants de ces expériences traumatisantes», a-t-il dit à CTV News.
Il a ajouté que son parti avait présenté une motion à l'Assemblée législative demandant davantage de soutien au système, notamment des conseillers à temps plein.
Afin de protéger sa fille, Alex Butler a demandé l'aide de la GRC de l'Île-du-Prince-Édouard.
Le caporal Gavin Moore, agent des relations avec les médias de la division locale, a déclaré que les enfants de moins de 12 ans ne peuvent être reconnus coupables d'une infraction pénale, en se référant au Code criminel du Canada. Cependant, la police enquête toujours sur ces incidents et fait appel à d'autres organismes sociaux, tels que les services à l'enfance et à la famille.
Si vous êtes en crise ou si vous connaissez quelqu'un qui l'est, voici quelques ressources disponibles:
- Les résidents du Québec peuvent composer le 1-866-277-3553, envoyer un message texte au 535353, ou consulter la page suicide.ca pour obtenir du soutien par clavardage.
- Ligne de prévention du suicide au Canada (1-833-456-4566)
- Centre de toxicomanie et de santé mentale (1 800 463-2338)
- Services de crise Canada (1-833-456-4566 ou par SMS au 45645)
- Jeunesse, J'écoute (1-800-668-6868)


