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La mère endeuillée a pris la parole à la suite de la poursuite de plus de 3 millions $ déposée contre la DPJ.
La mère de la fillette de Granby a livré un témoignage poignant, lundi en conférence de presse, à la suite de sa poursuite de plus de 3 millions de dollars déposée en compagnie de sa famille contre la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).
«Ma fille aurait eu 11 ans. Jamais je n’aurais pu penser qu’un enfant, à 7 ans, pourrait partir dans des circonstances comme cela, avec autant d’alarmes, avec autant d’avertissements», a-t-elle lancé.
La mère endeuillée a déploré l’inaction de la DPJ et a également affirmé que les responsables l’ont traité de «folle». Ils auraient nié que son enfant était en danger.
«Quand tu vois ton enfant avec des brûlures, des bleus et que t'amènes le rapport à la DPJ (...) et qu'on nie le fait que ton enfant a des bleus, qu'on nie le fait qu'elle a des brûlures, qu'on nie le fait que cette enfant-là se fait battre, qu'elle se fait maltraiter, une enfant qui passe de 45 livres quand elle n'a même pas quatre ans à 27 livres sur son lit d'hôpital, il y a de quoi de pas normal», s'est exclamée la mère, qui ne peut être identifiée, comme tous les autres intervenants au dossier en vertu d'un interdit de publication.
«Ils ne l'ont pas écoutée, elle. Ils n'ont pas regardé la vérité. Ils ont fui. Un enfant, qui aurait eu 11 ans aujourd'hui, est partie à 7 ans parce qu'un gouvernement n'a pas su faire ce qu'il devait faire», a-t-elle poursuivi.
La poursuite a été déposée au nom de la mère et des grands-parents paternels de l'enfant. La fillette avait été découverte par les premiers intervenants le 29 avril dans le logement familial. Elle avait été immobilisée avec du ruban adhésif qui enveloppait complètement le haut de son corps, incluant la tête. Elle était décédée le lendemain, à l'hôpital, de suffocation selon le rapport d'autopsie.
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Lors de rencontres de la DPJ avec sa fille, la mère a raconté qu’elle devait prendre plusieurs minutes pour la rassurer. Selon le témoignage, la fillette avait le regard vide pendant ces rencontres.
«Voir son enfant [pendant] trois ans de temps périr de peu à peu, un samedi sur deux, une heure et demie de temps pendant que t’as deux enfants à ta charge, sans DPJ, crier si haut et si fort, autant que ton enfant crie, ce n’est pas normal. Il y a une lacune à quelque part.»
Selon la mère, la fillette craignait d’être sévèrement punie si elle parlait contre son père: «Elle le nommait d'elle-même: “Si je parle, je vais me faire battre. Papa va être fâché, papa va être triste, je vais me faire punir fort.” Comment voulez-vous réagir dans une situation comme ça?»
La dame a raconté avoir vu sa fille pour la dernière fois dans un lit d’hôpital.
«Je vais peut-être [passer] pour une folle, mais elle était aussi belle que la dernière fois que je l’ai vue parce que, malgré toutes les blessures qu’elle a subies, la beauté intérieure était aussi belle que la beauté extérieure», a-t-elle déclaré.
La mère a expliqué qu’elle dépose cette poursuite pour éviter qu’une autre famille ait à vivre ce drame.
«Un enfant a payé et plus aucun enfant ne va payer. Et j’espère que ça [va changer]. L’argent ne va pas ramener ma fille. Jamais ma vie ne va revenir à la normalité», a conclu la mère, en larmes.