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Il faut désarmer, les mots, les esprits et la Terre, dit le pape

«Ce ne sont jamais de simples mots: ce sont des faits qui façonnent les environnements humains.»

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ebd7c374438bb8f5122dedaedf479b7d08854081fdfc8413c5f3f250bcd2d3b5.jpg Le pape François arrive à son audience générale hebdomadaire dans la salle Paul VI, au Vatican, le mercredi 12 février 2025. (Photo AP/Alessandra Tarantino, archives))

Dans une lettre publiée mardi, le pape François a déclaré que sa longue maladie lui avait permis de mieux comprendre l'absurdité de la guerre. 

Son principal adjoint a rejeté toute suggestion de démission et a assuré que les préparatifs d'une prochaine rencontre avec le roi Charles III d'Angleterre ont progressé.

Le quotidien italien Corriere della Sera a publié une lettre à la rédaction du pape François, signée et datée du 14 mars, écrite depuis l'hôpital Gemelli de Rome, où le pontife de 88 ans est soigné depuis le 14 février pour une infection pulmonaire complexe et une double pneumonie.

Dans cette lettre, François réitère son appel à la diplomatie et aux organisations internationales pour qu'elles retrouvent «une nouvelle vitalité et une nouvelle crédibilité». 

Il a ajouté que sa propre maladie lui avait également permis de mieux comprendre certaines choses, notamment «l'absurdité de la guerre». «La fragilité humaine a le pouvoir de nous rendre plus lucides quant à ce qui perdure et à ce qui passe, à ce qui donne la vie et à ce qui tue», a-t-il écrit.

Répondant à une lettre du rédacteur en chef du journal, Luciano Fontana, François l'a exhorté, ainsi que tous les acteurs des médias, à «saisir toute l'importance des mots».

«Ce ne sont jamais de simples mots: ce sont des faits qui façonnent les environnements humains. Ils peuvent relier ou diviser, servir la vérité ou l'utiliser à d'autres fins, a-t-il écrit. Nous devons désarmer les mots, désarmer les esprits et désarmer la Terre.»

La lettre a été publiée alors que le pape constatait une légère amélioration de son traitement et que le numéro deux du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, rejetait toute suggestion de démission du pape.

«Absolument pas», a assuré l'homme d'Église aux journalistes lundi, lorsqu'on lui a demandé si lui et le pape avaient discuté d'une démission. Le cardinal Parolin a rendu visite au souverain pontife à deux reprises pendant son hospitalisation, la dernière le 2 mars, et a dit avoir trouvé François mieux que lors de sa première visite le 25 février.

Le souverain pontife peut désormais se passer pendant un certain temps en journée d'oxygène à haut débit et utiliser simplement de l'oxygène d'appoint ordinaire administré par sonde nasale, a indiqué le bureau de presse du Saint-Siège. Les médecins tentent également de réduire le temps d'utilisation nocturne d'un masque de ventilation mécanique non invasif, afin de stimuler le travail de ses poumons.

Bien que ces progrès constituent une «légère amélioration», le Vatican ne fournit pas encore de date quant à sa sortie éventuelle. Cela dit, le palais de Buckingham a annoncé lundi que le roi Charles III devait rencontrer François le 8 avril au Vatican.

De telles visites d'État sont toujours organisées en étroite collaboration avec le bureau du cardinal Parolin, ce qui suggère que le Saint-Siège estime que le pape serait de retour au pays d'ici là, sauf contretemps.

Ces développements surviennent alors que le Vatican a dévoilé des détails sur la première photo de François publiée depuis son hospitalisation. L'image, prise dimanche de dos, montre François assis dans son fauteuil roulant dans sa chapelle privée, en prière, sans aucun signe de sonde nasale.

La photo, le montrant portant une étole violette de Carême, faisait suite à un message audio enregistré le 6 mars, dans lequel il remerciait les fidèles pour leurs prières, d'une voix laborieuse.

Ensemble, ils suggèrent que le pape contrôle fortement la manière dont le public suit sa maladie afin d'éviter qu'elle ne se transforme en spectacle. Si, au Vatican, nombreux sont ceux qui ont présenté le long combat public de saint Jean-Paul II contre la maladie de Parkinson et d'autres affections comme un signe humble de sa volonté de montrer ses faiblesses, d'autres l'ont critiqué, le qualifiant d'excessif et de glorifiant la maladie.

L'image a certainement rassuré certains sympathisants venus à Gemelli prier pour François, qui se rétablit dans la suite papale du 10e étage, réservée aux papes.

Paolo Santalucia et Silvia Stellacci ont contribué à ce reportage.

Nicole Winfield

Nicole Winfield

Journaliste