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«Une cible parfaite»: c'est au tour des avocats de Rozon de plaider

«On reproche au défendeur de nier. Comment peut-on lui reprocher quelque chose qui n’est jamais arrivé?»

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«Une cible parfaite»: c'est au tour des avocats de Rozon de plaider «Une cible parfaite»: c'est au tour des avocats de Rozon de plaider

Les plaidoiries ont débuté lundi dans le procès civil de Gilbert Rozon - accusé notamment d'agressions sexuelles - et ce fut au tour des avocats du magnat de l'humour de prendre la parole mardi après-midi devant la juge Chantal Tremblay au palais de justice de Montréal.

Les avocats du défendeur ont rappelé que, selon eux, Gilbert Rozon était «une cible parfaite» pour être visée par des allégations d’agressions sexuelles «puisqu’il avait du succès».

L’une des avocates de Rozon, Me Mélanie Morin, a rappelé au tribunal à quel point la partie adverse ne s’était pas gênée pour traiter son client de menteur et de prédateur. Me Morin a souligné que Gilbert Rozon ne s’est jamais caché d’être un homme à femmes, avec des groupies.

Concernant les allégations d’agressions sexuelles, elle a affirmé ceci : «On reproche au défendeur de nier. Comment peut-on lui reprocher quelque chose qui n’est jamais arrivé?»

L’avocat a aussi indiqué que la preuve reposait exclusivement sur des témoignages et non des preuves matérielles. «Un témoin peut venir devant vous, croire en sa propre vérité», a-t-elle plaidé devant la juge Chantale Tremblay.

«Les moyens de payer»

Mardi avant-midi, au deuxième jour des plaidoiries, la situation financière de l’ex-magnat de l’humour a été exposée. Les avocats des neuf demanderesses ont plaidé que Rozon a amplement la capacité de payer la somme de 14 millions de dollars (M$) pour laquelle il est poursuivi.

Devant la juge Chantale Tremblay, les avocats ont notamment mis en lumière le fait que Gilbert Rozon est toujours propriétaire d'un luxueux appartement à Paris (évalué à 5 M$), qu'il possède un domaine comprenant plusieurs résidences à St-André-d'Argenteuil et qu'il existe une fiducie de 17 M$ pour la vente de Juste pour rire et qu'il peut lui-même bénéficier de l'entièreté du patrimoine de la fiducie.

«Vraisemblablement le défendeur a bien les moyens de payer la condamnation», a souligné Me Jessica Lelièvre.

«Lorsque le défendeur avance qu’il n’a pas d’argent, il a la même crédibilité que pour tout le procès, elle est nulle.» 
- Me Jessica Lelièvre, avocate des demanderesses dans le procès civil intenté contre Gilbert Rozon

Dans sa plaidoirie, Me Lelièvre a aussi fait référence à la notoriété de Gilbert Rozon et à sa position d'autorité face à plusieurs des demanderesses.

«C’est quelqu’un qui piège ses victimes. Il choisit des femmes vulnérables», a plaidé Me Lelièvre.

L'audience de mardi a aussi été l'occasion pour les avocats des défenderesses d'exposer à nouveau les dommages psychologiques qu'auraient vécus les demanderesses face aux gestes reprochés à Gilbert Rozon.

Il a été question notamment de peur de mourir, de honte, de douleur physique, de confusion, d'anxiété, de troubles alimentaires, d'hypervigilance, de stress post-traumatique, de sentiment de rejet et de dévalorisation de soi.

Retour sur le premier jour des plaidoiries

Tout au long du procès, Gilbert Rozon a accusé à plusieurs reprises les demanderesses de mentir pour lui prendre son argent. Lors des plaidoiries de lundi, le représentant des neuf femmes, Me Bruce W. Johnston, a plaidé que c'était plutôt l'accusé qui aurait menti.

«Les chances que toutes les clientes mentent, c'est 0%. Les chances que le défendeur ment, c'est 100%.»
- Déclaration de Me Bruce W. Johnston, représentant les demanderesses

Les plaidoiries se poursuivent dans les prochains jours et devraient se terminer le 29 septembre prochain. La juge Chantale Tremblay aura ensuite six mois pour rendre une décision.

À VOIR AUSSI | Rozon s'en prend aux médias avant le début des plaidoiries finales à son procès

Depuis le début du procès, le fondateur de Juste pour rire a nié en bloc les allégations des neuf demanderesses et de sept autres femmes qui sont venues témoigner à titre de faits similaires. 

Notons que l'article 2858.1 du Code civil du Québec sur les mythes et stéréotypes et l'article qui concerne l'abolition du droit de prescription en matière civil sont actuellement contestés par le clan Rozon. 

Les plaidoiries des avocats de Gilbert Rozon se poursuivront mercredi.

Avec des informations d'Audrey Bonaque pour Noovo Info.