Le nombre de demandeurs d'asile entrant au Québec par le poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle a presque doublé cette année, selon l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). Cependant, le nombre total de demandes dans la province a diminué.
Du 1er janvier au 6 juillet, 8 396 demandes d'asile ont été traitées au point d'entrée du poste frontalier de Lacolle, contre 4 613 au cours de la même période l'année dernière.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
La hausse a été particulièrement forte au début du mois de juillet. L'agence fédérale a enregistré 761 demandes à Lacolle au cours des six premiers jours du mois, contre 149 au cours de la même période en 2024.
Abdulla Daoud, directeur exécutif du Centre des réfugiés de Montréal, a souligné que ces chiffres sont préliminaires et pourraient changer une fois que les chiffres officiels seront publiés sur le site web de l'ASFC.
Baisse des demandes d'asile au Québec
Malgré l'augmentation au poste frontalier de Lacolle, le nombre global de demandes d'asile au Québec est en baisse. L'ASFC indique avoir traité 12 114 demandes dans la province au 30 juin, soit une baisse par rapport aux 20 533 demandes enregistrées au cours de la même période l'année dernière.
«Le fait que nous constatons une augmentation à un point de passage particulier ne signifie pas que le nombre global est en hausse, mais simplement que ce point de passage a connu une augmentation par rapport à l'année précédente», a expliqué M. Daoud.
L'agence frontalière affirme avoir mené des évaluations dans tout le pays et avoir mis en place des plans pour traiter efficacement l'augmentation du nombre de demandes d'asile. Son plan d'atténuation suit une approche à plusieurs niveaux.
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Ces mesures comprennent le déploiement de personnel supplémentaire là où cela est nécessaire, la modernisation des infrastructures, la location d'installations à proximité afin d'augmenter l'espace disponible pour le traitement des demandes, l'installation d'une connectivité à distance pour traiter les demandes des demandeurs d'asile et la détention des personnes qui doivent être renvoyées aux États-Unis.
Selon M. Daoud, la baisse du nombre de demandes d'asile peut s'expliquer par la difficulté croissante de migrer, non seulement au Canada, mais dans le monde entier.
«Les gens sous-estiment toujours la difficulté d'arriver au Canada. Nous sommes entourés d'étendues d'eau et ne partageons qu'une seule frontière avec les États-Unis», a-t-il dit.
«Nous n'avons pas vraiment d'autre moyen d'entrer au Canada que par l'aéroport ou par un poste frontalier, et l'aéroport est généralement la principale voie d'entrée pour les personnes qui arrivent.»
L'ASFC a indiqué qu'au poste frontalier de Lacolle, elle travaille avec Services publics et Approvisionnement Canada pour louer des locaux supplémentaires qui serviraient de centre de traitement pour les demandeurs d'asile.
Diminution des demandes d'asile au pays
Les demandes d'asile ont également diminué cette année dans tout le Canada.
L'ASFC indique avoir traité environ 18 608 demandes d'asile au Canada depuis le début de l'année 2025, contre environ 37 830 à la même période l'année dernière, soit une baisse de près de 51 %.
Ce total comprend les réfugiés potentiels qui ne sont pas admissibles à l'asile au Canada, ce qui est le cas de nombreux candidats qui tentent d'entrer dans le pays depuis les États-Unis.
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M. Daoud ne pense pas que les politiques anti-immigration des États-Unis aient un impact significatif sur le nombre de demandes d'asile au Canada.
«Si l'on regarde les chiffres de l'année dernière, la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, qui statue sur la légitimité des demandes, a accepté 83 % des personnes qui ont été entendues par la cour. Cela signifie qu'un grand nombre d'entre elles ont des craintes légitimes d'être persécutées», a-t-il avancé.
«Avant la modification de l'Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS), beaucoup de personnes arrivaient au Québec par Roxham Road. Elles ne vivaient pas aux États-Unis, elles étaient simplement en transit, peut-être pour quelques jours, car elles estimaient qu'elles n'auraient pas une chance équitable là-bas, en particulier sous l'administration Trump», a-t-il ajouté.
En vertu de l'accord sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les États-Unis, les personnes doivent demander l'asile dans le premier pays où elles arrivent, ce qui signifie qu'elles ne peuvent pas quitter les États-Unis pour demander le statut de réfugié au Canada.
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Toutefois, certaines personnes peuvent bénéficier d'une dérogation à cet accord, notamment celles qui ont un membre de leur famille au Canada, et doivent prouver leur éligibilité lors d'un entretien avec les agents frontaliers.
En mars 2023, les gouvernements du Canada et des États-Unis ont annoncé un protocole additionnel à l'Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS), étendant son champ d'application à l'ensemble de la frontière terrestre. Si une personne ne remplit pas les conditions d'exception à l'ETPS, elle sera renvoyée aux États-Unis.
Hausse des renvois
Selon l'agence, du 1er janvier au 7 juillet, 2 050 demandeurs d'asile ont été renvoyés aux États-Unis en raison de leur inadmissibilité au titre de l'ETPS.
«L'ASFC a renvoyé plus de 18 000 personnes inadmissibles au cours du dernier exercice financier, soit le nombre le plus élevé en dix ans. Dans le cadre du Plan frontalier du Canada, l'ASFC s'est engagée à porter le nombre de renvois à 20 000 au cours des deux prochains exercices financiers», a fait savoir l'agence fédérale.
Depuis le début de l'année, la plupart des demandeurs d'asile arrivés au Canada proviennent d'Haïti, du Venezuela et des États-Unis, a indiqué l'agence.
«Au Québec, nous avons une importante communauté haïtienne. La communauté haïtienne est l'une des communautés ciblées aux États-Unis. Nous voyons donc ceux qui ont la possibilité de venir rejoindre les membres de leur famille ici et de demander l'asile, ce qui est tout à fait leur droit», a expliqué M. Daoud.
Il a ajouté que le nombre de demandeurs d'asile en provenance d'Haïti reste globalement faible.
Avec des informations de la Presse canadienne


