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«Les absences devront être motivées et le code de vie sera appliqué [...].»
De nombreux centres de services scolaires du Québec sont aux aguets à savoir si leurs étudiants embarqueront ou non dans un mouvement de grève vendredi pour dénoncer la décision du gouvernement du Québec de bannir les téléphones cellulaires des écoles.
Au Centre de services scolaire de la Capitale, on affirme ne pas avoir reçu d’information concernant une participation à cette possible grève. «Nous restons attentifs à la situation et agirons en conséquence, si nécessaire», a-t-on transmis à Noovo Info.
Interrogé par Noovo Info, le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) affirme de son côté avoir informé la direction de ses écoles secondaires de l'existence de ce mouvement.
«Selon la façon dont cette mobilisation pourrait prendre forme dans divers milieux, une communication pourrait être transmise aux parents disant que les absences devront être motivées et que le code de vie sera appliqué, comme à l’habitude, pour les absences non motivées», a précisé Alain Perron, responsable des relations de presse au CSSDM.
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Il en va de même pour le Centre de services scolaire des Chênes, dans le secteur de Drummondville au Centre-du-Québec, où un message a été envoyé aux parents les informant qu'une invitation circule sur les réseaux sociaux concernant une possible grève des élèves vendredi.
«Par ce message, nous tenons à vous informer que les cours seront maintenus comme prévu, selon le calendrier scolaire en vigueur. Nous encourageons tous les élèves à être présents en classe et à poursuivre leur apprentissage normalement. Leur présence est donc requise et les prises de présence seront effectuées de la même façon», peut-on lire dans le message dont Noovo Info a obtenu une copie.
«Notre rôle est d’accompagner les élèves dans le respect du cadre scolaire tout en valorisant le respect, la civilité et le dialogue. Si ce n’est pas déjà fait, nous vous encourageons à faire de même à la maison», conclut le CSSS des Chênes.
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L’école secondaire André-Laurendeau de St-Hubert, une école du Centre de services scolaire Marie-Victorin, a fait parvenir un courriel similaire aux parents.
La direction de l’école informe les parents de l’existence d’un appel à la grève en lien avec l’interdiction du cellulaire à l’école tout en soulignant qu’elle comprend que «cette situation peut susciter des préoccupations et des questions».
«Soyez assurés que nous suivons de près son évolution et que nous mettrons en place toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et le bien-être de nos élèves à l’école et sur son terrain», explique-t-on dans le courriel transféré à Noovo Info.
Comme à l’habitude, les parents sont invités à justifier l’absence de leur enfant si tel est le cas.
«Nous tenons à vous informer et vous rappeler que la fréquentation scolaire demeure obligatoire et les cours se donneront comme prévu», indique-t-on.
Interrogé jeudi sur l’éventuelle journée de grève menée par des étudiants en réponse au bannissement du cellulaire, le ministre de l’Éducation a demandé aux étudiants d’aller à l’école.
«Je comprends qu’on va changer leurs habitudes, je comprends qu’il y ait une réaction, maintenant ce n’est pas une raison pour manquer l’école surtout en période d’examens […].»
Bernard Drainville a aussi tenu à rappeler que la Commission sur les écrans a mis en lumière que beaucoup d’étudiants qui ont vécu le retrait du cellulaire dans leur école (en classe et lors des pauses, dont celle du midi) ont affirmé qu’ils ne reviendraient pas en arrière.
«Ils ont notamment réalisé que «pas de cellulaire» ça veut dire que tu parles, tu apprends à te faire des nouveaux amis et tu développes de nouvelles activités […]», a-t-il évoqué.
Le ministre de l’Éducation a aussi lancé un appel aux parents: «J’ai besoin des parents. Il faut que les parents aient une discussion avec leur enfant ce soir [jeudi] pour leur dire "Écoute, je comprends que tu n’es pas content, mais il ne faut pas que tu manques l’école pour ça, c’est ta réussite scolaire qui doit primer"».
Le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, a annoncé le 1er mai dernier qu'un nouveau règlement sera mis en place afin de bannir les cellulaires dans les écoles primaires et secondaires du Québec.
Dès la rentrée 2025, l'utilisation des téléphones cellulaires, des écouteurs et des appareils mobiles personnels sera proscrite du début jusqu'à la fin des cours. L'interdiction sera aussi en vigueur pendant les pauses et les dîners sur l'ensemble des terrains des écoles.
«L'objectif est simple: offrir à nos élèves et à nos équipes-écoles un environnement sécuritaire et respectueux, dans lequel l'intimidation et la violence n'ont pas leur place», avait alors soutenu M. Drainville.
Cette annonce a suscité plusieurs réactions, dont des appels à une journée de grève pour vendredi. Des jeunes utilisent les réseaux sociaux, donc TikTok, pour inviter les élèves de tout le Québec «à rester chez vous» le 9 mai en signe de mécontentement face à la décision de Québec de bannir les cellulaires.
De tels messages sont visibles sur la page TikTok nommée «school_qc Québécois» qui comportait au moment d'écrire ces lignes, 61.2K «J'aime».
Voici les propos que l'on peut entendre dans l'une des vidéos : «Monsieur le ministre de l’Éducation, je comprends votre raison, mais est-ce vraiment la solution? Le téléphone et la technologie sont des enjeux majeurs que nous devons adresser correctement et les interdire n’est pas le remède. Le Québec a toujours été progressiste, alors pourquoi reculons nous? Ne prenons pas de retard et faisons de la technologie un allié, car que vous le vouliez ou non, ça fait et ça fera partie intégrale de nos vies, donc plutôt que nous blâmer, apprenez-nous a bien les utiliser.»
À la suite du message, on peut voir une invitation à la grève : «Grève le 9 mai 2025 Restez chez vous».
Les commentaires sont évidemment nombreux, certains écrits par des jeunes et d'autres par des adultes, et offrent un avis partagé sur la question.
«Bien utiliser son téléphone c'est savoir ou il a sa place. Je n'ai jamais eu droit d'utiliser mon téléphone au travail sauf pour certains rôles, et c'est tout à fait normal selon moi», a écrit une internaute.
«Est-ce vraiment la solution de faire une grève», s'interrogeait une autre personne.
«Il [ne] faut pas rester chez nous, il faut manifester devant les écoles», a commenté aussi un jeune.