Politique

Le cellulaire sera banni dans les écoles du Québec

M. Drainville veut aussi rendre obligatoire le vouvoiement des enseignants.

Mis à jour

Publié

Le cellulaire sera banni dans les écoles du Québec, indique M. Drainville Le gouvernement va bannir le cellulaire dans les écoles primaires et secondaires du Québec à compter de la prochaine rentrée scolaire.

Le gouvernement va bannir le cellulaire dans les écoles primaires et secondaires du Québec à compter de la prochaine rentrée scolaire.

Le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, a détaillé son nouveau règlement lors d'une conférence de presse jeudi après-midi. Dès la rentrée 2025, l'utilisation des téléphones cellulaires, des écouteurs et des appareils mobiles personnels sera proscrite du début jusqu'à la fin des cours. L'interdiction sera aussi en vigueur pendant les pauses et les dîners sur l'ensemble des terrains des écoles.

«L'objectif est simple: offrir à nos élèves et à nos équipes-écoles un environnement sécuritaire et respectueux, dans lequel l'intimidation et la violence n'ont pas leur place», soutient M. Drainville.

D'après le ministère de l'Éducation, l'utilisation des écrans représente souvent l'élément déclencheur de situations d'intimidation à l'école.

En plus de l'interdiction des cellulaires sur les terrains des écoles publiques et privées du Québec, M. Drainville veut aussi rendre obligatoire le vouvoiement des enseignants.

«En cas de manquement aux règles, des sanctions devront être appliquées selon la gravité des gestes. Cela pourrait notamment aller d'un avertissement jusqu'à l'expulsion de l'élève», explique-t-on. Les élèves intimidateurs auront aussi à poser des gestes pour «réparer les torts causés», que ce soit en rédigeant des lettres d'excuses ou en «rendant des services à l'école».

Le cellulaire est déjà interdit dans les salles de classe depuis janvier 2024. La nouvelle mesure du gouvernement va étendre cette interdiction du début jusqu’à la fin des cours. Cela inclut lors des pauses et sur le terrain des écoles. 

L'interdiction du cellulaire était la première recommandation de la «Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes», qui a déposé un rapport provisoire le 22 avril dernier. La députée caquiste Amélie Dionne, qui présidait cette Commission, a rappelé que des centaines de jeunes ont été rencontrés. «La majorité des jeunes trouvent que c'est une bonne mesure, que c'est efficace. Vous savez, les jeunes sont très lucides et ils savent que c'est une source de stress. Il y avait aussi question d'intimidation. Le SPVM était venu nous dire que les cas de cyberintimidation, ça débutait souvent sur le territoire de l'école.»

À VOIR AUSSI | Interdiction du cellulaire en classe: qu’en pensent les principaux intéressés?

La Commission, a-t-elle dit, ne voyait pas de raison de ne pas aller de l'avant dès maintenant. «Les membres étaient unanimes pour dire qu'on ne peut pas laisser passer un an de plus. Il fallait vraiment poser un geste fort.»

Le ministre Drainville avait alors dit qu’il accueillait ce rapport avec «beaucoup d'intérêt et beaucoup d'ouverture».

Appui unanime

Les trois partis d'opposition à l'Assemblée nationale ont applaudi la mesure, jeudi.

Le Parti québécois, qui s'était saisi de cet enjeu dès 2023 et en avait fait un cheval de bataille, a d'abord salué le «retournement complet» du gouvernement dans le dossier.

«Que les jeunes puissent être entre eux, puis vraiment se retrouver au lieu d'échanger sur leurs téléphones, c'est très bénéfique. On est très heureux de cette décision», a déclaré en point de presse la députée péquiste Catherine Gentilcore.

Le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, qui a deux filles de 19 et 21 ans, a quant à lui observé que l'identité numérique des jeunes est devenue dans plusieurs cas «plus importante» que leur identité propre sociale. 

«Lâchez vos téléphones et socialisez!» a-t-il lancé en point de presse. 

Le député Alexandre Leduc, de Québec solidaire, a également salué la décision du gouvernement, disant toutefois s'inquiéter pour les équipes-écoles, qui auront très peu de temps pour s'organiser d'ici la prochaine rentrée scolaire, selon lui. 

Réserves syndicales

Du côté syndical, on salue l'initiative, qui avait reçu l'appui de 76 % des membres de la CSQ, qui représente la majorité des enseignants, des professionnels et du personnel de soutien scolaire au primaire et au secondaire. Son président, Éric Gingras, aurait toutefois voulu que le ministre aille un peu moins vite afin de répondre aux questions qui restent en suspens. «Premièrement, la police du cellulaire, qui va faire ça?» s'est-il interrogé, invoquant tant les surveillants que les éducatrices ou les enseignants.

Puis il a soulevé la question des inégalités technologiques. «Pour beaucoup de jeunes, la pièce de technologie qu'ils ont, c'est celle-là (le téléphone). Pas de tablette, pas d'ordinateur à la maison. Qu'est-ce que ça veut dire à l'école? Est-ce qu'on va réinvestir dans le parc numérique de l'école?»

Enfin, il a vivement interpellé les parents. «À la fin, il va falloir que les parents soient au rendez-vous. Le jeune, s'il n'a pas son cellulaire à l'école, mais qu'il l'a jusqu'à 4h00 du matin dans son lit, on n'aide pas sa santé mentale. Tous les chercheurs ont été clairs là dedans. Il faut que les parents soient au jeu là dessus.»

Avec de l'information de Thomas Laberge et de Pierre Saint-Arnaud pour La Presse canadienne.