Le gouvernement caquiste ferme la porte à une enquête et un témoignage de la ministre Geneviève Guilbault sur son outrage au Parlement.
L'opposition officielle voulait savoir pourquoi la ministre des Transports n'avait pas respecté l'échéance pour déposer le rapport annuel 2023 de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), mais mercredi, le gouvernement a fermé la porte à une démarche d'enquête.
Rappelons que le 5 décembre dernier, la présidente de l'Assemblée nationale, Nathalie Roy, avait conclu que Mme Guilbault avait commis un outrage au Parlement en omettant de déposer dans les délais prescrits le rapport de la SAAQ, qui est actuellement embourbée dans le scandale SAAQclic.
Le leader parlementaire libéral Monsef Derraji a voulu saisir la Commission de l'Assemblée nationale (CAN) de l'affaire, mais au terme d'une séance mercredi où il a livré son plaidoyer, la CAQ a signifié son refus.
«Nous n'avons pas l'intention d'entendre des témoins à la CAN», a écrit à La Presse Canadienne, Julien Garon, le porte-parole du leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette.
«Le rapport annuel de gestion 2023 de la SAAQ a été déposé en janvier dernier et celui de 2024 à été déposé le 1er mai, a poursuivi M. Garon. La ministre a déjà reconnu que la SAAQ avait commis une erreur en ne présentant pas son rapport à temps.»
Il a rappelé que le gouvernement avait déjà mis en place une commission d'enquête publique sur la gestion du dossier SAAQclic, la commission Gallant, qui `a le mandat et les pouvoirs nécessaires pour faire la lumière sur ces enjeux'.
En mêlée de presse après la séance de la commission, M. Derraji n'en démordait pas: le dépôt des rapports annuels des sociétés d'État et des organismes gouvernementaux est essentiel pour que les parlementaires puissent faire leur travail de contrôle de l'action gouvernementale.
«Si (M. Jolin-Barrette) refuse d'aller avec notre demande, c'est carrément être en train de bafouer le rôle des parlementaires», a argué M. Derraji.
«Avec l'absence d'un dépôt, je ne peux pas faire le contrôle. Une fois que le rapport annuel est déposé d'une société d'État, on a beaucoup d'informations. Est-ce qu'elle gère bien les finances publiques? Est-ce qu'elle gère bien les subventions? Est-ce qu'il y a une augmentation des salaires des hauts fonctionnaires? Mais tout cela maintenant, M. Simon Jolin-Barrette va le jeter dans la poubelle.»
En outre, le gouvernement envoie un très mauvais message aux sociétés d'État, selon M. Derraji.
«Faites ce que vous voulez, ne déposez pas les rapports annuels, il n'y aura aucune conséquence au Parlement, c'est un bar ouvert», a-t-il ironisé.
«C'est très grave, et venant d'un leader du gouvernement, c'est complètement irrespectueux envers l'institution du Parlement.»
Il estime qu'il y avait des motifs sérieux pour se questionner sur le retard de la SAAQ à déposer son rapport annuel et tirer l'affaire au clair, à la lumière du scandale SAAQclic, les ratés coûteux du virage numérique: le virage pourrait coûter minimalement plus de 1,1 milliard d'ici 2027, soit 500 millions $ de plus que prévu, selon le Vérificateur général (VG).
«La SAAQ avait des problèmes et des enjeux pour boucler l'année financière», a fait valoir M. Derraji, qui est député de Nelligan.
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