Geneviève Guilbault n’est «pas certaine» d’avoir rencontré en personne le président du C.A. de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), Konrad Sioui, depuis son entrée en fonction à titre de ministre des Transports.
Mme Guilbault a martelé que, bien qu’il n’y aurait pas eu de rencontre physique, elle a eu plusieurs interactions avec M. Sioui.
«Ça se peut qu’on ne se soit pas rencontré, peut-être qu’il était présent à l’une des rencontres. J’ai eu plusieurs rencontres avec lui en textos et au téléphone», s’est défendu Mme Guilbault devant les journalistes, mercredi à l’Assemblée nationale.
La ministre caquiste a ajouté qu’elle avait bel et bien prévu de rencontrer M. Sioui, mais ladite rencontre «a été reportée» probablement en raison d’une «question d’agenda», a-t-elle présumé.
Mme Guilbault ajoute que la plateforme SAAQclic était sur le point d’être lancée lorsqu’elle a pris les rênes du ministère des Transports, et ce «chaos» n’aurait pas permis aux deux personnes concernées de se rencontrer.
Les propos de la ministre surviennent alors que des documents soumis à la commission indiquent que des administrateurs de la SAAQ, dont la présidente du C.A. de l'époque, auraient été mis au courant dès octobre 2020 de la probabilité que le déploiement de la plateforme SAAQclic connaisse des dépassements de coûts en 2022.
En 2020, Lorna Telfer était présidente du C.A. de la SAAQ. Elle a quitté ses fonctions l'année suivante après un mandat de cinq ans. Mme Telfer a dit ignorer si on l'avait prévenue à l'époque de possibles dépenses supplémentaires, lorsqu'elle a été questionnée à ce sujet mardi à la commission Gallant.
Outrage au Parlement
Mme Guilbault pourrait d’ailleurs comparaître en commission parlementaire pour outrage au Parlement.
Le 5 décembre dernier, la présidente de l'Assemblée nationale, Nathalie Roy, avait conclu que la ministre avait commis un outrage au Parlement en omettant de déposer dans les délais prescrits le rapport annuel 2023 de la Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ), qui est actuellement embourbée dans le scandale SAAQclic.
La Commission de l'Assemblée nationale, qui se réunit rarement, est convoquée mercredi pour enquêter sur cette question.
Interrogée à ce sujet, Mme Guilbault s’est dite prête à collaborer.
«Si la commission me pose des questions, je vais y répondre», a-t-elle conclu.
Monsef Derraji dénonce la situation
C'est le leader parlementaire de l'opposition officielle libérale, Monsef Derraji, qui avait fait valoir qu'il y avait eu outrage. Il devait plaider mercredi matin auprès de ses homologues des autres formations politiques, notamment le leader du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, et Guillaume Cliche-Rivard, de Québec solidaire (QS).
M. Derraji affirme que le fardeau est désormais sur le dos de M. Jolin-Barrette, qui devra trancher «si on donne suite à cette motion».
«Nous sommes devant une situation extrêmement préoccupante», a déploré le député libéral.
Il estime que s'il n'y a pas de sanction et qu'on montre «qu'il n'y a aucune conséquence lorsqu'on omet de déposer des rapports», l'Assemblée nationale deviendra un «bar ouvert».

