Israël a mené dans la nuit et poursuivi vendredi des frappes d'une ampleur sans précédent contre des sites militaires et nucléaires en Iran, et tué de hauts responsables, Téhéran lançant en retour des vagues de missiles balistiques.
Le chef de l'armée israélienne, le lieutenant-général Eyal Zamir, a indiqué vendredi soir qu'Israël continuait de frapper l'Iran «à pleine force», et le premier ministre Benjamin Netanyahu a souligné que l'opération, «une des plus grandes opérations militaires de l'histoire», durerait «de nombreux jours».
Les frappes, menées dans la nuit par 200 avions contre une centaine de cibles, ont notamment visé l'usine d'enrichissement d'uranium de Natanz (centre).
L'Iran, dont le guide suprême Ali Khamenei a accusé la direction israélienne d'avoir «lancé une guerre», a tiré en retour des dizaines de missiles balistiques contre Israël, déclenchant les sirènes d'alerte dans tout le pays.
Voici ce que l'on sait de l'opération «Lion dressé», qualifiée de «déclaration de guerre» par l'Iran:
Les cibles d'Israël
L'armée israélienne a annoncé que ses frappes avaient «démantelé» une usine d'enrichissement d'uranium à Ispahan.
Benjamin Netanyahu a souligné que l'attaque n'était «pas le fruit du hasard», rappelant avoir «ordonné l'élimination du programme nucléaire iranien».
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a confirmé que l'important site d'enrichissement d'uranium de Natanz avait été visé, mais a souligné que le niveau de radiation n'avait pas augmenté dans la zone.
Au moins 18 personnes ont été tuées dans le nord-ouest de l'Iran, selon l'agence de presse officielle Irna, et les médias ont également fait état de dizaines de blessés à travers le pays.
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Israël a dit avoir tué la plupart des dirigeants de la force aérospatiale des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique.
Au moins deux dirigeants des Gardiens ont été tués dont leur chef, le général Hossein Salami, et le général Gholam Ali Rachid, selon les médias locaux.
Le chef d'état-major iranien, le général Mohammed Bagheri, a également péri, selon la télévision d'État.
Au moins six experts scientifiques nucléaires ont été tués, a rapporté l'agence de presse Tasnim news.

Un conseiller d'Ali Khamenei, le guide suprême iranien, a été blessé, selon la télévision d'État iranienne.
Les médias locaux font enfin état d'un soldat iranien tué lors d'une frappe contre une base militaire du nord-ouest, près de l'Irak.
La riposte iranienne
Les sirènes d'alerte ont retenti à travers tout Israël, tandis que des volutes de fumée s'élevaient au-dessus de Tel-Aviv, peu après un appel lancé à la population à rejoindre les abris.
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Au moins deux vagues de dizaines de missiles balistiques iraniens ont visé Israël, a annoncé l'armée israélienne tandis que l'Iran a affirmé viser «des dizaines de cibles», «de bases et d'infrastructures militaires» en Israël.
Le guide suprême iranien a menacé Israël d'un sort «douloureux», et le président, Massoud Pezeshkian, a déclaré que son pays ferait «regretter» à Israël son attaque.
Le nouveau chef des Gardiens de la Révolution, Mohammad Pakpour, a de son côté promis «les portes de l'enfer» à Israël.
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L'espace aérien de l'Iran est fermé jusqu'à nouvel ordre, de même que celui de l'Irak.
Israël a déclaré l'état d'urgence sur tout son territoire et fermé son espace aérien, l'armée indiquant intercepter des drones lancés en nombre depuis l'Iran.
«Nous nous attendons à être exposés à plusieurs vagues d'attaques iraniennes», a dit Benjamin Netanyahu. L'armée a annoncé le déploiement de réservistes «sur tous les fronts à travers le pays».
Téhéran avait menacé mercredi de frapper les bases militaires américaines au Moyen-Orient en cas de conflit après un éventuel échec des négociations sur son programme nucléaire.
Le rôle des Etats-Unis
Le président américain Donald Trump a affirmé à la chaîne Fox News qu'il avait été prévenu des frappes israéliennes.
Alors que son pays mène des négociations indirectes avec Téhéran sur son programme nucléaire, il a exhorté les autorités iraniennes à «conclure un accord avant qu'il ne reste plus rien», car les «prochaines attaques» seraient «encore plus brutales».
Il a aussi assuré que les États-Unis étaient prêts à se défendre et à défendre Israël si l'Iran ripostait, selon la chaîne.
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Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a de son côté déclaré que Washington n'était pas impliqué dans l'attaque israélienne.
Jeudi, le président américain avait annoncé qu'Israël pourrait frapper les installations nucléaires de l'Iran. Mais il avait publiquement exhorté Israël à ne pas effectuer ces frappes, affirmant qu'un accord restait proche sur le programme nucléaire.
Le contexte des frappes
Israël considère le programme nucléaire iranien comme une menace existentielle.
Les Occidentaux et Israël accusent l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce que Téhéran dément, assurant que son programme nucléaire est uniquement à usage civil.
Israël avait appelé jeudi la communauté internationale à «une réponse décisive» après l'adoption par l'AIEA d'une résolution condamnant Téhéran pour non-respect de ses obligations nucléaires. Israël dénonçait «une menace imminente pour la sécurité et la stabilité régionale et internationale».
Un sixième cycle de négociations sur le nucléaire entre l'Iran et les États-Unis est en principe prévu dimanche à Mascate sous médiation omanaise. Sa tenue paraît désormais compromise.
Quelles réactions?
Le chef de l'ONU Antonio Guterres a lancé un appel à la «retenue maximale», tout comme la cheffe de la diplomatie de l'UE. L'OTAN a souhaité «une désescalade», et Londres comme Paris ont appelé les parties «à la retenue».
L'Iran, soutenu par la Russie et la Chine, a obtenu la convocation d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU vendredi à 19H00 GMT.
Pékin s'est dit «préoccupé» tandis que Moscou a dénoncé des frappes israéliennes «inacceptables» et «non provoquées».
Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi a déclaré à son homologue italien Antonio Tajani que l'Iran attendait «en particulier de l'Union européenne qu'elle condamne cette attaque criminelle».
Mais le président français Emmanuel Macron a fait valoir «le droit d'Israël à se protéger et à assurer sa sécurité», l'Iran s'étant trouvé «proche d'un stade critique» qui permet «de produire des engins nucléaires».
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La Turquie a exhorté Israël à cesser ses «actions agressives» et l'Arabie saoudite, poids lourd régional, a dénoncé des «violations flagrantes» du droit international.
Du côté des marchés, les cours du pétrole ont flambé de 12% dans la nuit, faisant redouter des perturbations sur les approvisionnements d'or noir, dont l'Iran est un des dix plus grands producteurs au monde et les Bourses asiatiques ont accusé le coup.
