Avec sa série de frappes meurtrières menées en Iran contre des cibles militaires et nucléaires, Israël a assassiné plusieurs hauts gradés des forces armées et du Corps des Gardiens de la Révolution, ainsi que des scientifiques spécialisés dans le nucléaire.
Le chef d'état-major
En poste depuis 2016, le général Mohammad Bagheri travaillait directement sous l'autorité du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, ultime décisionnaire en Iran et commandant en chef des forces armées.
Né en juin 1960, il était le plus haut gradé des forces iraniennes: Bagheri avait autorité à la fois sur l'armée nationale, les forces de sécurité et surtout les Gardiens de la Révolution, puissante armée idéologique de la République islamique.

Il apparaissait régulièrement en uniforme à la télévision, notamment pour inaugurer des bases militaires souterraines, et a joué un rôle clé pour développer le programme balistique iranien.
Ces missiles, conçus initialement par l'Iran pour compenser la faiblesse de sa flotte aérienne durant la guerre contre l'Irak (1980-1988), n'ont depuis cessé de gagner en portée et précision.
Israël, que 1500 kilomètres environ séparent de l'Iran, voit de longue date dans cet arsenal une menace existentielle de la part de son ennemi juré.
L'an dernier, l'Iran avait utilisé plusieurs centaines de missiles et drones fabriqués localement pour attaquer le territoire israélien à deux reprises.
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«L'ennemi sioniste devrait savoir qu'il approche de la fin de sa misérable vie», avait affirmé le général Bagheri, qualifiant alors Israël de «tumeur cancéreuse».
En 2022, Mohammad Bagheri avait déclaré que l'Iran «était plus qu'autosuffisant en armes et en équipements» et qu'il deviendrait, selon lui, l'un des plus grands exportateurs d'armes au monde si les sanctions américaines étaient levées.
Il avait été visé par des sanctions américaines lors du premier mandat du président Donald Trump (2017-2021) puis par l'Union européenne dans la foulée de la guerre en Ukraine.
Mohammad Bagheri avait succédé à l'ancien chef d'état-major des forces armées, Hassan Firouzabadi, en poste durant 26 ans (1989-2016).
Le commandant des Gardiens de la Révolution
Hossein Salami, chef du Corps des Gardiens de la Révolution islamique, était un haut gradé proche du guide suprême, connu pour ses diatribes contre Israël et son allié américain.
«Si vous commettez la moindre erreur, nous ouvrirons les portes de l'enfer pour vous», mettait-il récemment en garde, en allusion à toute possible attaque.
Barbe blanche et crâne dégarni, il avait été mis en scène par la télévision d'État iranienne ordonnant à ses forces de lancer l'opération contre Israël, lors de l'attaque iranienne de drones et missiles en avril 2024 contre le territoire israélien.
Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, devrait «s'entraîner à nager dans la mer Méditerranée», car il pourrait être forcé à s'enfuir de son pays, avait-il assuré en 2018.

Né en 1960, combattant durant la guerre Iran-Irak (1980-1988), Hossein Salami s'était engagé avec les Gardiens de la Révolution au début du conflit. Il y aura passé l'essentiel de sa carrière.
Visé par des sanctions américaines, numéro deux des Gardiens durant neuf ans, il avait été nommé à leur tête en 2019. Ce rôle stratégique avait ouvert à Hossein Salami un siège au Conseil suprême de sécurité nationale, dirigé par le président Massoud Pezeshkian.
La fonction de cet organisme est de rapporter directement au guide suprême les questions militaires, de sécurité et de politique étrangère.
Créés en 1979 peu après la Révolution islamique, les Gardiens comptent, selon l'Institut international pour les études stratégiques (IISS), environ 125.000 membres placés sous l'autorité directe du guide suprême. Aucun chiffre officiel n'est disponible sur leurs forces.
À la différence de l'armée nationale, ils n'ont pas pour rôle premier d'assurer la protection du territoire iranien mais celle de « la Révolution et de ses acquis », selon la Constitution.
Commandant de la Force aérospatiale
Né en 1961 à Téhéran, Amirali Hajizadeh présidait la Force aérospatiale des Gardiens de la révolution depuis sa création en 2009.
Il avait été le cerveau l'an dernier des deux attaques lancées par l'Iran contre le territoire israélien. Le guide suprême l'avait décoré à cette occasion.
Amirali Hajizadeh s'était fait remarquer en 2023 en affirmant que l'Iran cherchait toujours à «tuer» des responsables américains, notamment Donald Trump.
En 2020, le président américain avait ordonné une frappe en Irak qui devait tuer Qassem Soleimani, ancien chef de la Force Qods, chargée des opérations extérieures des Gardiens de la Révolution.
Des scientifiques
Six experts scientifiques nucléaires ont été tués vendredi. Parmi les noms cités par l'agence de presse Tasnim news figurent:
- - Fereydoun Abbasi, qui a dirigé par le passé l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA).
- - Mohammad Mehdi Tehranchi, président de l'université islamique Azad en Iran.