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Fierté Montréal est-elle assez «tough»?

Des membres de la communauté LGBTQ+ trouvent que le festival ne fait pas assez de bruit; la direction s’en défend.

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Une fête «haute en célébrations et revendications» pour le festival Fierté Montréal 2025 MTLNI-FIERTE 23072025

Avec ses 19 ans d’existence et l'accès à des tribunes très publiques, le festival Fierté Montréal en fait-il assez pour le rayonnement des communautés LGBTQ+ ? Des membres de ces communautés trouvent que non et certains en appellent même au boycottage de l’édition 2025, tandis que l’organisation affirme qu’elle «ne peut pas tout faire».

Céleste Trianon, juriste et militante transféminine, a suscité beaucoup de réactions avec son communiqué intitulé Pourquoi tu ne me trouveras pas à Fierté Montréal cette année, publié sur les réseaux sociaux quelques jours avant le dévoilement de la programmation 2025 de Fierté Montréal.

«C’est dommage, mais Fierté Montréal, par son silence, son inaction et ses actions, ne peut plus continuer tel quel – surtout après avoir grandement blessé des camarades, ami.es, et militant.es locales, et face à son silence face à la haine anti-trans», peut-on lire dans ce communiqué signé «par principe et par solidarité».

Elle clarifie sa pensée en entrevue avec Noovo Info: elle dénonce «le silence total de Fierté Montréal à l’égard des enjeux, entre autres, des communautés trans, ainsi que des enjeux mondiaux et concernant les droits humains».

Céleste Trianon croit que Fierté Montréal aurait dû profiter davantage de la scène publique pour condamner beaucoup plus fermement la montée de la haine envers les communautés, comme lors des grandes manifestations pancanadiennes anti-trans de 2023.

«Toute personne mérite de vivre, de persévérer, d'avoir une opportunité de briller; c’est quelque chose que je ne vois pas du tout refléter dans la mode d'opération de Fierté Montréal», affirme Céleste Trianon.

«C’est une question humanitaire et Fierté Montréal oublie complètement ça. Est-ce que Fierté Montréal est-il plus un festival gai ou un festival de la fierté?»
- Céleste Trianon

Céleste Trianon affirme que des organismes communautaires «commencent à se dissocier de Fierté Montréal» pour faire rayonner les couleurs LGBTQ+ sans l’aide du festival.

«C’est sain», répond Simon Gamache.

Fierté Montréal: une mission de «créativité»

Le directeur général de Fierté Montréal assure voir les mêmes enjeux que les autres communautés montréalaises et québécoises en matière de droits LGBTQ+; «on sent un ressac, un recul», a-t-il affirmé dans un entretien avec Noovo Info en marge du dévoilement de la programmation de festivités 2025 «hautes en célébrations et revendications», qui auront lieu du 31 juillet au 10 août sous la co-présidence de Farah Alibay et Ness Murby.

«Une grande préoccupation, c’est les personnes trans», dit M. Gamache dans un écho aux reproches de Céleste Trianon. «Les personnes trans sont attaquées sur les réseaux sociaux par des mouvements de droite. C’est leur existence, leur vie qu’on remet en question, ce qui est complètement inacceptable.»

Pour Simon Gamache, la mission de Fierté Montréal, c’est «d’amener des artistes sur des scènes, dont beaucoup de trans et non binaires qui amènent leur voix, […] montrent leur créativité».

Et «beaucoup plus que ça», assure le DG avant de valoriser le «volet d’éducation populaire» de l’organisme. «On a une série de conférences sur différents enjeux. La population peut venir à notre rencontre, c’est très accessible, c’est facile de venir nous voir.»

Fierté Montréal se décrit plus comme une «plateforme» pour permettre aux artistes de «passer des messages» et, si la direction reconnaît que le mouvement des fiertés est parti de manifestations, elle s’identifie mieux dans un caractère «festif».

«Fierté Montréal ne peut pas réussir à tout faire, c’est impossible», déclare donc le DG Simon Gamache. «On n’a pas du tout cette arrogance. Il y a une limite à ce qu'on arrive à faire.»