Face à la menace russe, l’Union européenne veut renforcer sa sécurité, avec un «mur anti-drones», qu’une dizaine de pays, dont plusieurs qui ont connu des incursions russes, considèrent désormais comme une «priorité».
«Nous devons agir et nous devons agir rapidement», a affirmé vendredi le commissaire européen à la Défense Andrius Kubilius dans un entretien à l’AFP.
«Nous devons agir en tirant toutes les leçons de l’Ukraine» a-t-il poursuivi à l’issue d’une réunion via vidéo organisée depuis Helsinki avec des ministres de la Défense de l’UE.
L’Ukraine, qui doit intercepter chaque nuit ou presque des centaines de drones lancés par la Russie sur son territoire, est l’un des très rares pays européens à fabriquer des drones anti-drones, beaucoup plus économiques que les missiles ou les avions de chasse.
Après les incursions dans le ciel européen d’une vingtaine de drones et des trois avions de combat russes, les pays de l’UE cherchent à renforcer leur défense, principalement aux abords de la Russie. À ces incursions répétées viennent s’ajouter le survol de mystérieux drones au Danemark, qui ont contraint les autorités à fermer l’aéroport de la capitale pendant plusieurs heures en début de semaine.
«Les violations répétées de notre espace aérien sont inacceptables. Le message est clair : la Russie teste l’UE et l’OTAN. Et notre réponse doit être ferme, unie et immédiate», a martelé M. Kubilius devant la presse.
Nouvel «écosystème de défense»
L’Ukraine, devenue en presque quatre ans de guerre experte en matière de drones et de défense anti-aérienne anti-drones, a également participé à la réunion et souligné vouloir être partie prenante du projet.
«Nous sommes prêts à partager notre expérience en matière d’interception de drones russes avec l’UE, l’OTAN et les pays voisins», a assuré Denys Chmygal, son ministre de la Défense.
Ces dix pays entendent désormais passer à la phase concrète de ce projet, en commençant par les capacités de détection des drones avant qu’ils ne s’enfoncent profondément dans le territoire de l’UE.
Il s’agit d’ici un an, selon un responsable de l’UE, d’avoir un réseau de «capteurs», terrestres ou par satellites, capable de détecter des drones et de les «tracer».
Kyiv a construit un système de capteurs acoustiques «dès le début de la guerre, en un laps de temps très court», a expliqué Andrius Kubilius à l’AFP. «Je pense que nous aussi pouvons faire cela assez rapidement».
Viendra ensuite la mise en œuvre de capacités d’interception, plus lourde et plus coûteuse.
«Le mur anti-drones créera un écosystème de défense fondamentalement nouveau en Europe, auquel l’Ukraine est prête à participer», a expliqué M. Kubilius.
Cet «écosystème» a toutefois un coût.
Interrogé sur ce point, le commissaire européen a indiqué qu’il n’y avait pas encore d’estimation ferme, mais souligné qu’il s’agissait d’une fourchette «de plusieurs milliards d’euros, pas de centaines de milliards».
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait lancé l’idée d’un «mur de drones» européen lors d’un discours le 10 septembre devant le Parlement européen.
Les chefs d’État et de gouvernement des 27 doivent en discuter mercredi lors d’une réunion informelle à Copenhague.
