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Éthique: l'ancienne ministre Laforest a commis un manquement par «maladresse»

Andrée Laforest n’a pas agi «de façon à favoriser son intérêt personnel ou celui de ses filles», selon la comissaire.

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04c08c3f03513b58710c60f30992abc2a6f1969711077a137da52faa0d6be3b7.jpg La ministre des Affaires municipales du Québec, Andrée Laforest, dans son bureau à Saguenay, au Québec, le mercredi 5 mars 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot ( LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot)

L'ancienne ministre caquiste Andrée Laforest s’est placée dans une «situation où son intérêt personnel pouvait influencer son indépendance de jugement» par «maladresse et non par négligence», conclut la commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale, Ariane Mignolet.  

La commissaire ne recommande donc pas de sanction contre Mme Laforest. 

Radio-Canada rapportait en mai dernier que Mme Laforest a retourné l'appel d'un père qui dénonçait une pratique de la garderie administrée par ses filles, l’Académie des Mini-Amours, à Saguenay.

Selon le père, la garderie voulait lui faire payer une «place fantôme» pour son bambin. Cette pratique illégale consiste à faire payer une place inoccupée en garderie afin qu’elle soit réservée pour un enfant.

«En décidant de poursuivre l’appel pendant une vingtaine de minutes plutôt que d’y mettre fin après avoir constaté que les allégations du Citoyen concernaient ses filles et l’Académie et en posant des questions spécifiques au Citoyen, elle a commis un manquement à l’article 15 du Code», écrit la commissaire dans sa décision. 

L’enquête a été ouverte à la demande des députés Monsef Derraji et Vincent Marissal. 

«Au cours de l’appel, la Ministre a eu le bon réflexe en reconnaissant rapidement la situation de conflit d’intérêts dans laquelle elle s’était placée. Ce réflexe ne s’est toutefois pas traduit par une gestion adéquate du conflit», dit-elle.

«La Ministre a d’ailleurs reconnu qu’elle aurait dû mettre fin à la conversation dès qu’elle a su qu’elle concernait ses filles et l’Académie.»
- Ariane Mignolet, commissaire à l'éthique

On indique toutefois que Andrée Laforest n’a pas agi «de façon à favoriser son intérêt personnel ou celui de ses filles» durant l'appel. 

«Communiquer avec les citoyennes et citoyens et être à leur écoute est une partie intégrante de l’exercice des fonctions des membres de l’Assemblée nationale. Les conclusions de ce rapport ne visent aucunement à limiter leur communication directe avec la population. Elles visent plutôt à les sensibiliser au respect du cadre éthique et déontologique érigé par le Code, ce qui suppose de faire preuve de vigilance et de prudence», indique Ariane Mignolet.

Andrée Laforest a quitté la Coalition avenir Québec le mois dernier pour se lancer dans la course à la mairie de Saguenay. 

Dans un communiqué transmis en fin de journée mercredi, l'équipe de Mme Laforest indique qu'elle «prend acte du fait que la Commissaire lui reproche de ne pas avoir mis fin à l’appel plus rapidement, bien qu’elle ait agi de bonne foi en informant son interlocuteur qu’elle ne pouvait traiter ce dossier». 

«J’ai toujours été à l’écoute et j’ai toujours eu une grande proximité avec les citoyens. C’est comme ça que j’ai conçu mon rôle de bienveillance et d’humanité. Je demeure fière du travail accompli et le souci de respecter les règles en étant proche des gens sera toujours une priorité», a affirmé l'ancienne ministre dans le même communiqué. 

Thomas Laberge

Thomas Laberge

Journaliste