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Droits de douane: l'économie mondiale montre des signes de résilience, dit Champagne

Le FMI a déclaré mardi que, malgré une croissance atone, elle n'était pas aussi faible que prévu.

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a7d6a9e881ad38fafb3a49db4307503f92043c844d1486487f1561c79743e350.jpg Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, affirme qu'un nouveau rapport du FMI montre que, si l'économie mondiale fait preuve de résilience face aux droits de douane américains, l'incertitude commerciale la freine. M. Champagne se prépare à comparaître devant le Comité permanent des finances, sur la colline du Parlement, à Ottawa, le lundi 6 octobre 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Justin Tang (Justin Tang / La Presse Canadienne)

Le ministre canadien des Finances, François-Philippe Champagne, a déclaré mercredi qu'un nouveau rapport du Fonds monétaire international (FMI) montre que, si l'économie mondiale fait preuve de résilience face aux droits de douane américains, l'incertitude commerciale la freine. 

M. Champagne est à Washington cette semaine pour assister aux réunions d'automne des ministres des Finances du G7 et du G20, ainsi qu'à la réunion annuelle du Fonds monétaire international et du Groupe de la Banque mondiale.

«Le monde recherche la stabilité et la prévisibilité, et le Canada est certainement un exemple à suivre», a déclaré M. Champagne lors d'une entrevue accordée à La Presse Canadienne au siège du FMI, à Washington.

«L'économie mondiale est évidemment confrontée à de nombreux défis, mais ce que l'on recherche maintenant, c'est comment, ensemble, au sein du G7 (…) pouvons-nous réduire le niveau d'incertitude.»

Le FMI a déclaré mardi que la croissance mondiale a été faible, mais qu'elle n'est pas aussi faible que prévu. L'agence a averti que les droits de douane américains massifs posent toujours des risques et que la conjoncture économique globale est volatile.

La croissance mondiale devrait ralentir, passant de 3,3 % en 2024 à 3,2 % en 2025 et à 3,1 % en 2026.

«Les perspectives risquent d’être révisées à la baisse, indique le rapport du FMI. L’incertitude persistante, la montée du protectionnisme et les chocs sur l’offre de main-d’œuvre pourraient freiner la croissance. Les vulnérabilités des finances publiques, les corrections possibles sur les marchés financiers et l’érosion des institutions pourraient menacer la stabilité.»

Le Canada a été durement touché par de nombreuses mesures douanières imposées par le président américain, Donald Trump, et le FMI prévoit que sa croissance cette année ralentira à 1,2 %.

Le FMI prévoit également que le pays pourrait redevenir l’an prochain la deuxième économie du G7 en termes de croissance, devant le Royaume-Uni et derrière les États-Unis, avec un taux de 1,5 %.

Mais cette projection est nettement inférieure à celle d'un rapport datant d'avant la guerre commerciale publié par le FMI l'an dernier, qui prévoyait une croissance de 2,4 % pour le Canada en 2025.

L'incertitude commerciale continue de peser sur l'économie canadienne, malgré les efforts constants du premier ministre Mark Carney et des responsables canadiens pour trouver une solution aux droits de douane imposés par M. Trump.

Le locataire de la Maison-Blanche a porté les droits de douane imposés au Canada à 35 % pour les marchandises non conformes à l'Accord commercial Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM). Les industries canadiennes sont également frappées par des droits distincts sur l'acier, l'aluminium, les automobiles, le cuivre et le bois d'œuvre.

Donald Trump a évoqué plusieurs autres droits de douane qu'il souhaite imposer, notamment des taxes sur les produits pharmaceutiques et aérospatiaux.

Mark Carney a rencontré le président américain à la Maison-Blanche le 7 octobre. Bien qu'aucun accord n'ait été conclu à l'issue de cette rencontre, le ministre du Commerce Canada-États-Unis, Dominic LeBlanc, est de retour à Washington cette semaine pour poursuivre les discussions avec les hauts responsables américains, a déclaré son porte-parole, Jean-Sébastien Comeau.

L'économie mondiale s'adapte à un nouvel ordre commercial imprévisible, a exposé François-Philippe Champagne, et tous les partenaires du G7 sont confrontés à des contraintes budgétaires pour s'adapter. Il a affirmé que la rapidité, la portée et l'ampleur de la transition étaient sans précédent.

«Des turbulences à court terme»

Le ministre Champagne a aussi soutenu que le rapport du FMI «encourage» les gouvernements à faire preuve de discipline budgétaire tout en investissant dans la croissance économique.

«Et c'est exactement ce que nous faisons au Canada pour assurer la prospérité à long terme», a-t-il ajouté.

Les libéraux de M. Carney — qui a fait campagne lors des élections du printemps en misant sur ses compétences financières et sa capacité à gérer l'administration Trump — devraient déposer leur premier budget le 4 novembre.

M. Champagne a promis que le prochain budget offrira des «investissements générationnels» pour bâtir le Canada.

Ottawa n'a fourni que quelques exemples des mesures à venir dans le budget: des déclarations de revenus préremplies pour un plus grand nombre de personnes à faible revenu, un financement permanent du programme national d'alimentation scolaire et le retour du laissez-passer «Un Canada fort» pour les parcs et les musées.

Mark Carney prévoit également de diviser le budget fédéral en dépenses d'investissement et de fonctionnement, l'objectif étant d'équilibrer le budget de fonctionnement d'ici 2028-2029.

Le premier ministre a promis de réduire les dépenses de la fonction publique, tandis qu'Ottawa cherche à réduire les dépenses de fonctionnement. Bien que le ministre des Finances n'ait donné aucune indication sur l'impact potentiel de ces coupes, il a affirmé que les Canadiens comprennent la nécessité de dépenser moins et d'investir davantage.

L'économie canadienne doit passer de la dépendance à la résilience, a argué M. Champagne. Elle repose sur des bases solides, a-t-il ajouté, soulignant ses multiples accords commerciaux, ses minéraux essentiels, ses ressources énergétiques et sa main-d'œuvre qualifiée.

«Il y a des turbulences à court terme, a-t-il dit. Mais je suis très confiant quant à l'avenir du Canada et à notre prospérité future en tant que nation.»

Kelly Geraldine Malone

Kelly Geraldine Malone

Journaliste