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Donald Trump prévient qu'il ne prolongera pas les négociations au-delà du 1er août

Le président américain estime que la journée de vendredi sera «un grand jour pour l'Amérique».

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Conseil des ministres: discussions sur les tarifs et la bande de Gaza Le cabinet de Mark Carney s’est réuni virtuellement mercredi pour discuter des tarifs de Donald Trump et de la bande de Gaza.

Le premier ministre Mark Carney a déclaré mercredi que les négociations entre le Canada et les États-Unis pourraient ne pas aboutir avant la date butoir du 1er août fixée par Donald Trump, car le président a ajouté de nouvelles mesures commerciales susceptibles de nuire davantage à certaines entreprises canadiennes. 

Mark Carney a précisé que les discussions entre les deux parties ont été complexes, approfondies et constructives. Il a également précisé qu'elles se poursuivaient et couvraient «un large éventail de sujets».

«Il existe de nombreux domaines qui requièrent la coopération entre le Canada et les États-Unis, notamment les dépenses de défense, les dépenses de sécurité et les investissements, ce qui explique en partie pourquoi nous tenons ces discussions plus larges», a expliqué M. Carney lors d'une conférence de presse à Ottawa.

Donald Trump a envoyé une lettre à M. Carney menaçant d'imposer des droits de douane de 35 % si le Canada ne conclut pas d'accord commercial d'ici vendredi. 

Plus tard, la Maison-Blanche a précisé que ces droits de douane ne seraient appliqués qu'aux produits qui ne sont pas conformes à l'Accord Canada–États-Unis–Mexique.

L'économie canadienne est également durement touchée par les droits de douane imposés par M. Trump sur l'acier, l'aluminium et les automobiles.

Le président américain a signé mercredi des décrets prévoyant des droits de douane de 50 % sur les produits semi-finis en cuivre à compter de vendredi. Le président n'a toutefois pas inclus les importations de ce métal raffiné dans son décret, ce qui a soulagé de nombreux acteurs de l'industrie canadienne du cuivre.

Dans un autre décret, M. Trump a également signé un décret stipulant que le gouvernement disposait désormais des systèmes nécessaires pour combler la faille douanière sur les expéditions «de minimis», qui permettait aux marchandises de moins de 800 $ US d'entrer aux États-Unis en franchise de droits, principalement en provenance de Chine.

Dans un autre décret, Donald Trump a suspendu les exemptions sur les expéditions «de minimis», qui permettaient aux colis d'une valeur de 800 $ ou moins d'être expédiés aux États-Unis pour éviter les droits de douane. Pour justifier ce changement, Donald Trump a invoqué le flux de fentanyl entrant aux États-Unis.

Le président et chef de la direction de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, Dan Kelly, est d'avis que la suspension de l'exemption sur ce type de colis «est une mauvaise nouvelle pour de nombreuses petites entreprises canadiennes». 

Les données de la Fédération montrent qu'environ un tiers des petits exportateurs canadiens ont utilisé cette exemption pour expédier leurs produits aux consommateurs américains en franchise de droits, a souligné M. Kelly dans une publication sur les réseaux sociaux.

Pascal Chan, vice-président des politiques stratégiques et des chaînes d'approvisionnement à la Chambre de commerce du Canada, a expliqué que cela ajoute «une nouvelle incertitude pour les entreprises canadiennes qui exportent aux États-Unis», en particulier les petites et moyennes entreprises.

«Toute augmentation des coûts de conformité et des délais de livraison ne fera qu'accentuer la pression sur les chaînes d'approvisionnement transfrontalières qui alimentent depuis longtemps notre prospérité économique commune», a indiqué M. Chan dans une déclaration.

«Payer pour réduire» les droits de douane

Ces derniers changements commerciaux surviennent alors que les pays du monde entier s'apprêtent à se voir imposer des droits de douane exorbitants une fois passée la date limite fixée par Donald Trump pour conclure des accords.

Il a annoncé mercredi un accord avec la Corée du Sud, qui verra le pays frappé d'un droit de douane de 15 % et avec le Pakistan, sans fournir de détails sur le taux de droits de douane.

D'autres accords-cadres ont été annoncés des accords-cadres avec l'Union européenne, le Japon, le Vietnam, les Philippines, l'Indonésie, et le Royaume-Uni. Tous ces pays ont été frappés par un certain taux de droits de douane de base.

Tous les détails des accords ne sont pas clairs, mais M. Trump a affirmé que les pays pouvaient «payer pour réduire» ce taux, et la plupart des accords s'accompagnent d'annonces d'investissements de plusieurs milliards de dollars.

Il a également intensifié mercredi ses menaces contre le Brésil, qui se verra imposer des droits de douane de 50 %, et l'Inde, qui se verront imposer des droits de douane de 25 % auxquels s'ajoute une taxe à l'importation supplémentaire en raison des achats indiens de pétrole russe.

M. Trump a fait peu de cas des discussions avec le Canada, affirmant que ce n'était pas une priorité pour son administration. Le président a déclaré mercredi que le voisin du nord des États-Unis était un pays appliquant des droits de douane élevés, dénaturant ainsi les droits canadiens sur les importations agricoles.

«Ils imposent à nos agriculteurs des droits de 200 %, 300 %, 400 % depuis des années, et personne n'a rien fait», a-t-il affirmé aux journalistes.

M. Carney a rencontré virtuellement son cabinet plus tôt mercredi pour une réunion principalement axée sur la situation au Moyen-Orient.

Le premier ministre a mentionné que le Canada recherchait le meilleur accord pour les Canadiens et que les négociations se poursuivraient jusqu'à ce qu'il soit conclu. Il a ajouté que Dominic LeBlanc, ministre responsable du commerce canado-américain, resterait à Washington avec de hauts fonctionnaires «dans la poursuite de cet objectif».

— Avec les informations de Catherine Morrison