La direction d’Air Canada ne s’attend pas à ce que les Canadiens retrouvent l’envie de voyager aux États-Unis de sitôt.
Les revenus qu’a tirés le transporteur aérien des voyages transfrontaliers ont diminué de 11% au deuxième trimestre, rapporte la société montréalaise dans son rapport de gestion.
Air Canada a ajusté son offre en conséquence en réduisant sa capacité sur ces routes de 8,4% au cours du trimestre.
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Les destinations de loisir comme la Floride, l’Arizona et Las Vegas sont les plus touchées par la réduction de la capacité, a précisé le chef des affaires commerciales, Mark Galardo, lors d’une conférence téléphonique avec les analystes, mardi.
«Nous pensons que nous allons restaurer cette capacité graduellement, mais, en ce moment, nous continuons de nous préparer à un contexte où les choses restent comme ça, sans réelle amélioration de la demande, a indiqué M. Galardo. Nous pensons que la situation va perdurer jusqu’à la fin de l’année.»
Air Canada peut toutefois s’ajuster rapidement au besoin, a-t-il assuré. «Nous avons beaucoup de flexibilité pour déplacer de la capacité.»
La tendance n’est pas isolée, tandis que les visées protectionnistes du président américain, Donald Trump, ont entraîné un mouvement de boycottage canadien, particulièrement visible du côté des voyages, mais aussi dans certains segments du commerce de détail, notamment les denrées alimentaires.
En mai, les voyages par avion des résidents canadiens aux États-Unis ont diminué de 24,2%, selon Statistique Canada. Les trajets en voiture, pour leur part, ont reculé de 38,1%, toujours en mai.
Air Canada a toutefois pu compter sur ses autres destinations pour limiter les dégâts. Les revenus tirés des voyages intérieurs ont augmenté de 3,2% et ceux des voyages transatlantiques ont progressé de 5,2%.
Malgré l’incertitude économique, M. Galardo a donné des signaux encourageants quant aux réservations pour les prochains mois. «On voit une plus grande vigueur pour les mois de septembre, d’octobre et de novembre, que normalement.»
Possible grève
Air Canada doit toutefois composer avec un horizon plus incertain au moment où ses agents de bord sont en train de voter sur un possible mandat de grève. Le vote se déroule jusqu’au 5 août.
Questionné par les analystes, le président et chef de la direction d’Air Canada, Michael Rousseau, n’a pas voulu s’avancer si la possibilité d’une grève avait eu des effets sur la demande. «Nous ne voulons vraiment pas trop parler de ce sujet puisque nous sommes en négociation», s’est-il limité à dire.
Un éventuel conflit de travail représente un risque à court terme, croit l’analyste de Financière Banque Nationale, Cameron Doerksen. «Nous croyons tout de même que l’évaluation de l’action est attrayante», a écrit l’analyste dans une note.
Bénéfice en baisse
La rentabilité d’Air Canada a diminué au deuxième trimestre. Son bénéfice net a fondu d’un peu plus de la moitié, à 186 millions $ par rapport à 410 millions $ à la même période l’an dernier.
«Nous sommes généralement satisfaits de nos résultats, surtout lorsqu’on sait que 2025 a été une année hors norme jusqu’ici», a commenté M. Rousseau
Malgré les vents contraires, Air Canada a réitéré ses prévisions financières pour l’exercice 2025. Elle anticipe un bénéfice avant intérêts, impôts et dotation aux amortissements (BAIIDA) ajusté entre 3,2 milliards $ et 3,6 milliards $ au cours de l’exercice.
Le bénéfice ajusté s'est établi à 0,60 $ par action au deuxième trimestre, comparativement à 0,98 $ par action l'année précédente. Les revenus, pour leur part, ont progressé de 2% à 5,63 milliards $.
Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice par action de 0,72$ et des revenus de 5,55 milliards $, selon la firme de données financières Refinitiv.
Pour l’analyste de RBC Marchés des capitaux, James McGarragle, les plus récents résultats trimestriels ne changent pas grand-chose à sa thèse optimiste. «Notre opinion sur le trimestre est neutre, a-t-il réagi. La thèse de la reprise de la demande et du réalignement opérationnel reste intacte, malgré un léger revers sur les coûts au cours du trimestre. »
L’humeur des investisseurs semble toutefois plus pessimiste que celle des analystes.
L’action d’Air Canada perdait 2,78$, ou 12,60%, à 19,26 $ à la Bourse de Toronto en avant-midi.

