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Des syndicats de McGill disent que l'université s'en prend à la liberté d'expression

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61578c42a970b0fed1856a9606c85ed2873909ffc5c2aeacafaec311031385e8.jpg Des gens se promènent sur le campus de l'Université McGill à Montréal, le mercredi 6 août 2025. (Christopher Katsarov | La Presse canadienne)

Quatre syndicats de l'Université McGill affirment que l'établissement porte atteinte à la liberté d'expression en menaçant de suspendre le financement d'une organisation étudiante en raison de son soutien à un groupe propalestinien.

Ils affirment que l'université montréalaise recourt à l'intimidation et aux menaces pour limiter les activités propalestiniennes sur le campus.

«On craint que McGill adopte une approche très autoritaire, a indiqué Dallas Jokic, coprésident du syndicat des assistants à l'enseignement de McGill. Notre problème, c'est que McGill réprime les discours et les activités d'organisation qui lui déplaisent et use de son pouvoir pour les réprimer.»

McGill a envoyé une mise en demeure plus tôt cette année au Groupe de recherche d'intérêt public du Québec à McGill (GRIPQ), un groupe de recherche axé sur la justice sociale et environnementale. La lettre exigeait qu'il cesse de soutenir le collectif Students for Palestinian Honour and Resistance (Étudiants pour l'honneur et la résistance de la Palestine, le SPHR). 

Le collectif propalestinien était l'un des groupes qui ont organisé un campement de plusieurs mois sur le campus du centre-ville de l'université l'année dernière.

Il est répertorié comme l'un des groupes de travail du GRIPQ, ce qui signifie qu'il reçoit un soutien financier de l'organisation et a accès à ses ressources, notamment des ordinateurs et des espaces de réunion.

 

Le GRIPQ a «fait la promotion d'activités d'intimidation, de harcèlement et de protestation qui ont donné lieu à des actes de vandalisme et de violence sur notre campus», a écrit Angela Campbell, vice-rectrice adjointe par intérim à la vie étudiante et à l'apprentissage de McGill, dans sa lettre de janvier. 

«Le GRIPQ a démontré son incapacité à faire la distinction entre une défense politique légitime qui respecte l'État de droit et des actes qui enfreignent la loi et les politiques institutionnelles.»

L'université a décidé de mettre fin à son protocole d'entente avec le GRIPQ en mai, ce qui couperait la grande majorité du financement du groupe, a déclaré Ivory Tong, coordonnatrice de l'administration et des finances de l'organisation. Elle a ajouté que les deux parties entament maintenant une procédure d'arbitrage.

Dans une lettre ouverte publiée vendredi, les quatre syndicats ont déclaré que le GRIPQ est une petite organisation disposant de moyens de défense limités. «Tout comportement qui intimide et menace de démanteler une organisation de campus dynamique, positive et centrée sur les étudiants est injustifié», ont-ils soutenu.

Les syndicats représentent plus de 7000 travailleurs à McGill, dont du personnel de soutien, des chercheurs, des assistants d'enseignement et des professeurs de la Faculté des arts.

Dans une déclaration par courriel, McGill a indiqué s'opposer au GRIPQ en raison de son «soutien explicite, y compris financier» au groupe propalestinien. 

«En clair, McGill est fermement attachée à la liberté d'expression et n'a aucun problème avec le militantisme et les manifestations légales, quelle qu'en soit la cause», précise le communiqué.

Mais, selon M. Jokic, l'approche de l'université à l'égard du GRIPQ s'inscrit dans une «tendance plus générale de McGill à réprimer avec acharnement les discours propalestiniens sur le campus».

Rompre les liens

Mme Campbell a envoyé une lettre similaire au syndicat étudiant de premier cycle de McGill l'été dernier, affirmant qu'il avait violé son protocole d'entente avec l'université en ne rompant pas ses liens avec le SPHR.

McGill a également annoncé ce printemps qu'elle s'apprêtait à rompre ses liens avec le syndicat étudiant de l'université pour des raisons similaires.

Cette décision survenait à la suite d'une grève étudiante de trois jours concernant les investissements de McGill dans des entreprises liées à l'action militaire à Gaza, qui a entraîné le blocage ou l'interruption de dizaines de cours.

Les étudiants ont voté en faveur d'une motion de grève lors d'une assemblée générale organisée par leur syndicat. Un membre du SPHR a soumis la motion et l'université a déclaré que le syndicat soutenait «au moins tacitement» la grève.

Dans une correspondance avec le syndicat étudiant l'année dernière, McGill a énuméré plusieurs «tactiques offensives» du SPHR, notamment son soutien à l'occupation du bâtiment administratif de l'université en juin 2024.

Le groupe propalestinien a également utilisé des photos de combattants armés pour promouvoir un «programme d'été pour les jeunes» l'année dernière.

McGill a obtenu des injonctions temporaires contre le groupe en octobre et en avril dernier, interdisant les manifestations qui bloqueraient l'accès aux bâtiments du campus.

Mme Tong a soutenu que les manifestations du SPHR ont été «peut-être perturbatrices, mais au bout du compte pacifiques», et que McGill a accusé le groupe de harcèlement sans fournir d'exemples concrets.

«Nous craignons vraiment qu'il s'agisse d'une question d'expression politique et que McGill prenne position sur cette question, a-t-elle déclaré. Bien sûr, les manifestations du SPHR ont été perturbatrices, mais elles le sont parce qu'il estime que ses préoccupations concernant les investissements de l'université n'ont pas été entendues.»