Les opposants et les partisans des migrants se sont affrontés avec violence lors de manifestations organisées partout en Grande-Bretagne pendant la fin de semaine, alors que le gouvernement s'efforçait de gérer les conséquences d'une décision de justice obligeant un hôtel de la banlieue londonienne à expulser des demandeurs d'asile.
Cette décision a créé un véritable casse-tête pour le gouvernement, qui peine à endiguer l'immigration clandestine et à assumer sa responsabilité d'accueillir les demandeurs d'asile.
L'immigration est devenue un sujet politique brûlant, alors que les pays occidentaux tentent de gérer l'afflux de migrants en quête d'une vie meilleure, fuyant des pays déchirés par la guerre, la pauvreté, des régions ravagées par le changement climatique ou la persécution politique.
Au Royaume-Uni, le débat s'est concentré sur la traversée de la Manche par des migrants à bord d'embarcations surchargées gérées par des passeurs, ainsi que sur l'escalade des tensions autour de l'hébergement de dizaines de milliers de demandeurs d'asile aux frais de l'État.
Pour contribuer à résoudre la crise, le gouvernement a annoncé dimanche qu'il allait accélérer les procédures d'appel en matière d'asile, ce qui pourrait entraîner davantage d'expulsions et résorber l'arriéré de dossiers.
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Voici un aperçu du problème.
Les manifestations
Cette dernière vague de manifestations fait suite à des semaines de protestations devant l'hôtel Bell à Epping, en banlieue londonienne, après qu'un résident de l'hôtel aurait tenté d'embrasser une adolescente de 14 ans et a été accusé d'agression sexuelle. L'homme a nié les accusations et devrait être jugé plus tard ce mois-ci.
Le conseil du district d'Epping Forest a obtenu une injonction temporaire pour la fermeture de l'hôtel en raison d'un «niveau de protestation et de perturbations sans précédent», qui a conduit à plusieurs arrestations.
La décision de la Haute Cour rendue mardi en faveur du conseil, dont le gouvernement souhaite faire appel, a incité des manifestants anti-migrants rassemblés sous la bannière de l'abolition du système d'asile à manifester ce week-end.
Le groupe Stand up to Racism (Debout contre le racisme) a rallié des contre-manifestants.
Les deux groupes se sont mutuellement insultés dans plusieurs quartiers samedi, tandis que la police, notamment à Bristol, peinait à les maintenir à distance. Plus d'une dizaine d'arrestations ont eu lieu, mais aucune violence grave n'a été signalée.
Des groupes se sont rassemblés pacifiquement dimanche devant les hôtels utilisés pour héberger les migrants à Birmingham et à Canary Wharf, à Londres.
Les hôtels
Le gouvernement est légalement tenu d'héberger les demandeurs d'asile. Le recours aux hôtels à cette fin était marginal jusqu'en 2020, lorsque le nombre de demandeurs d'asile a fortement augmenté et que le gouvernement conservateur de l'époque a dû trouver de nouvelles solutions pour les héberger.
Un nombre record de 111 084 personnes ont déposé une demande d'asile au cours de l'année jusqu'en juin 2025, mais moins d'un tiers d'entre elles vivent temporairement dans des hôtels, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur publiés jeudi.
Le nombre de demandeurs d'asile hébergés dans des hôtels s'élevait à un peu plus de 32 000 fin juin, a indiqué le ministère de l'Intérieur. Ce chiffre est en hausse de 8 % par rapport aux 29 500 recensés un an plus tôt, mais bien inférieur au pic de plus de 56 000 enregistré en septembre 2023.
Politique
De nombreux responsables politiques, comme Nigel Farage, chef de file du parti d'extrême droite Reform UK, ont cherché à lier nombre des problèmes rencontrés par le pays, tels que les soins de santé et le logement, aux arrivées de migrants.
D'autres, dont le gouvernement, affirment que des personnalités comme M. Farage attisent la question à des fins politiques et qu'il n'existe pas de solutions simples à un problème qui touche de nombreux pays européens.
La cheffe du principal parti d'opposition, le Parti conservateur, Kemi Badenoch, a exhorté les conseils municipaux conservateurs de tout le pays à engager des recours juridiques similaires à celui d'Epping si leurs conseils juridiques le permettaient.
Le Parti travailliste au pouvoir a rejeté son appel, le qualifiant d'«absurde et hypocrite», mais plusieurs conseils municipaux dirigés par le Parti travailliste ont également suggéré qu'ils pourraient, eux aussi, intenter des poursuites judiciaires contre les centres d'accueil pour demandeurs d'asile situés dans leur région.
