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Quel est le risque de contracter la rougeole pendant les voyages estivaux? Voici l'avis des experts

«Les Canadiens doivent s'assurer qu'ils sont protégés s'ils voyagent à l'extérieur du Canada.»

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L'aéroport international Trudeau de Montréal, à Dorval, au Québec, le jeudi 3 juillet 2025. (Christinne Muschi | La Presse canadienne)

Alors que de plus en plus de Canadiens voyagent pendant l'été dans un contexte d'augmentation des cas de rougeole tant au pays qu'à l'étranger, le risque de propagation est «très élevé», préviennent des experts.

«Le problème, c'est que les gens ne sont pas vaccinés et que plus nous voyageons, plus nous propageons la maladie», a déclaré Stacey Smith?, spécialiste de la modélisation mathématique des maladies infectieuses à l'Université d'Ottawa, dans une interview vidéo accordée mercredi à CTVNews.ca.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV New.

Mme Smith?, qui utilise un point d'interrogation dans son nom pour se différencier d'autres personnes portant un nom similaire, a qualifié l'augmentation des cas de rougeole de «poudrière prête à exploser».

«La seule raison pour laquelle nous ne vivons pas une pandémie massive de rougeole est que nous avons mis en place des programmes de vaccination très efficaces depuis de nombreuses décennies», a-t-elle dit.

Selon la faculté de médecine de l'Université de Colombie-Britannique, la rougeole est jusqu'à six fois plus contagieuse que la COVID-19.

L'avertissement de Mme Smith intervient alors qu'un autre expert en maladies infectieuses tire la sonnette d'alarme sur le risque accru aux États-Unis pendant les mois de pointe des voyages.

Selon la Dre Tina Tan, professeure à l'Université Northwestern de Chicago, il s'agit d'une «crise de santé publique» au Canada, aux États-Unis et dans d'autres pays touchés par des épidémies de rougeole, soulignant que les personnes infectées peuvent tomber «extrêmement malades» et même en mourir.

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«Si elles ne sont pas vaccinées et qu'elles voyagent dans une région où il y a un certain nombre de cas de rougeole, elles courent un risque accru d'être exposées et de contracter la rougeole», a soutenu la Dre Tan, qui est présidente de l'Infectious Disease Society of America, dans une entrevue vidéo accordée mercredi à CTVNews.ca.

La Dre Tan a ajouté que la rougeole représente une menace plus importante lorsque davantage de personnes non vaccinées voyagent et sont exposées à des personnes infectées.

«Tous les pays courent le même risque lorsque les voyages sont plus fréquents pendant l'été», a-t-elle ajouté.

Qui est le plus à risque?

Selon le gouvernement canadien, le risque de contracter la rougeole est élevé pour les personnes qui se rendent dans des régions où cette maladie très contagieuse se propage et qui n'ont pas développé d'immunité grâce à la vaccination ou à une infection antérieure.

«Actuellement, la rougeole se transmet largement dans de nombreux pays et les Canadiens peuvent y être exposés lorsqu'ils voyagent à l'étranger. «Les Canadiens doivent s'assurer qu'ils sont protégés s'ils voyagent à l'extérieur du Canada.»
-Agence de la santé publique du Canada dans un courriel envoyé à CTV News

La plupart des personnes qui ont contracté la rougeole cette année au Canada ont été exposées au virus dans le pays, avec 3 311 cas recensés au 28 juin, selon les dernières données du gouvernement fédéral. Les 52 cas provenant de l'étranger sont liés à des voyages en Afghanistan, aux Bahamas, au Cambodge, en République tchèque, en Angleterre, en France, en Inde, en Italie, au Kenya, au Mexique, au Pakistan, aux Philippines, en Roumanie, en Somalie, en Corée du Sud, en Ouganda, aux États-Unis et au Vietnam.

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Jeffrey Pernica, spécialiste des maladies infectieuses pédiatriques au McMaster Children's Hospital et à l'Université McMaster de Hamilton, en Ontario, a déclaré que les personnes qui se rendent dans des régions où des épidémies sont en cours, notamment en Colombie-Britannique, en Alberta, au Manitoba et en Ontario, courent un risque plus élevé de contracter la rougeole, en particulier si elles ne sont pas vaccinées ou immunisées contre la maladie.

Selon lui, le risque existe qu'il s'agisse de voyages nationaux ou internationaux.

«À l'heure actuelle, le Canada connaît certaines difficultés liées à des épidémies de rougeole», a prévenu M. Pernica dans uneentrevue vidéo accordée mercredi à CTVNews.ca, soulignant que le Canada compte plus de cas de rougeole que les États-Unis et d'autres pays des Amériques. «La chose la plus sûre pour la plupart des Canadiens est de s'assurer que leurs vaccinations, contre la rougeole et autres, sont à jour.»

Risque global «modéré» au Canada

Malgré ces avertissements, le gouvernement canadien affirme que tous les pays, y compris le Canada, sont actuellement soumis à un avis de santé aux voyageurs de niveau 1 pour la rougeole, soit le niveau de risque le plus bas. Un avis de niveau 1 recommande aux voyageurs de prendre des précautions sanitaires, notamment de s'assurer que leurs vaccinations de routine sont à jour.

Néanmoins, le nombre de cas au Canada est à son plus haut niveau depuis 27 ans, avec plus de 3 700 cas signalés au 28 juin de cette année, contre seulement 17 pour toute l'année 1998.

L'ASPC a continue de surveiller la situation et évalue le risque global comme étant «modéré». L'agence fédérale indique qu'à l'intérieur du pays, la rougeole continuait de se propager en lien avec les voyages.

La rougeole a été éliminée au Canada en 1998, ce qui signifie que tous les nouveaux cas sont importés d'autres pays, mais que leur propagation au niveau national est stoppée dans un délai d'un an, selon l'ASPC.

Toutefois, le Canada pourrait perdre son statut d'élimination si la situation ne changeait pas d'ici novembre, selon l'ASPC.

CTV News

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