Début du contenu principal.
La ministre allemande Annalena Baerbock a suggéré qu'il fallait demeurer calme dans le contexte de guerre tarifaire.
Les ministres des Affaires étrangères de l'Italie et de l'Allemagne, qui sont dans la région de Charlevoix pour rencontrer leurs homologues du G7, ont été prudents, jeudi, dans leurs commentaires publics sur la guerre tarifaire entre le Canada et les États-Unis.
Voyez le compte-rendu de Jean-François Poudrier dans la vidéo ci-haut.
Le ministre italien Antonio Tajani a été bref dans sa réponse quand La Presse canadienne lui a demandé pourquoi l'Italie n'avait pas commenté, jusqu'à présent, l'idée constamment véhiculée par le président des États-Unis, Donald Trump, que le Canada devrait devenir le 51e État américain.
«Je pense que le Canada sera aussi le Canada dans le futur», s'est-il contenté de répondre en anglais quand la question lui a été posée dans cette langue.
À VOIR AUSSI | Une entreprise québécoise répond avec audace aux tarifs américains
Un peu plus tôt, la ministre allemande Annalena Baerbock a suggéré qu'il fallait demeurer calme dans le contexte de guerre tarifaire.
«Nous avons appris, tous ensemble, que, dans ces temps turbulents au niveau géopolitique (...) – particulièrement quand votre cœur bat vraiment (fort) –, il est important de demeurer calme», a-t-elle dit, également en anglais, aux journalistes réunis à La Malbaie, dans la région québécoise de Charlevoix.
Malgré ses commentaires mesurés, Mme Baerbock a soigneusement choisi la tenue qu'elle portait pour montrer sa solidarité envers le Canada.
Après sa mêlée de presse avec les journalistes, la ministre a publié sur la plateforme «X» une photo d'elle portant du blanc avec la haute représentante de l'Union européenne Kaja Kallas, qui, elle, portait du rouge. Les deux femmes faisaient ainsi un clin d'œil aux couleurs du drapeau du Canada.
«Nous sommes derrière vous», a écrit Mme Baerbock en ajoutant un emoji de l'unifolié canadien et en identifiant, dans sa publication, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly.
Ne pas pas réagir à «chaque déclaration qui sort»
Mme Kallas a évité de répondre aux questions des journalistes à La Malbaie qui tentaient tant bien que mal de l'interroger dans le cadre d'une mêlée de presse improvisée. Les représentants de la presse entassés ont patiemment attendu qu'elle termine une entrevue avec le réseau américain CNN pour tenter leur chance.
À VOIR AUSSI | «Un stress qui n’est pas facile»: des citoyens anxieux face aux politiques de Trump
Plus tard, au cours d'un entretien avec La Presse Canadienne, elle a soutenu qu'il «n'y a pas de gagnants dans les guerres commerciales».
Durant son entrevue avec CNN, Mme Kallas a signalé que l'Union européenne était prête à répliquer à M. Trump si nécessaire, mais que, en attendant, elle estimait qu'il ne fallait pas réagir à «chaque déclaration qui sort».
Alors que le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, était en train de discuter avec ses vis-à-vis du G7, le président Trump multipliait les déclarations sur son réseau «Truth Social».
«Les États-Unis n'ont pas le libre-échange. Nous avons ''l'échange stupide''. Le Monde Entier est en train de NOUS ARNAQUER», a-t-il écrit.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, ne s'est pas adonné à une mêlée de presse, mais son collègue délégué du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, a déclaré sur «X» que M. «Trump lance la surenchère dans la guerre commerciale qu’il a choisi de déclencher».
«La France reste déterminée à riposter avec la Commission européenne et nos partenaires. Nous ne céderons pas aux menaces et protégerons toujours nos filières», a-t-il soutenu.
Mme Baerbock, M. Tajani, M. Barrot et M. Rubio ont rejoint les autres ministres des Affaires étrangères du Groupe des sept (G7) pour un portrait de famille, dans le cadre de a réunion qui doit se conclure vendredi.
La ministre Joly, qui est l'hôte de cette rencontre, était située au centre de la brochette de dignitaires réunis, pour l'occasion, dans le froid hivernal.
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio, de même que les représentants du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, du Japon et de l'Union européenne ont pris la pose pour les photographes agglutinés.
Le lieu choisi pour cette démonstration d'unité donnait une vue pittoresque sur le fleuve Saint-Laurent et les rayons de soleil, aveuglants, apportaient un peu de chaleur. Les dignitaires, qui sont réunis jusqu'à vendredi, ont été invités à se sucrer le bec avec de la tire d'érable servie sur la neige.
L'Ukraine, enjeu prioritaire du prochain sommet des dirigeants du G7?
Outre leur introduction au terroir québécois, les ministres sont surtout réunis pour préparer le terrain au prochain sommet des dirigeants du G7, qui est prévu en juin à Kananaskis, en Alberta.
Le Japon insiste sur l'importance, pour lui, que le G7 affiche un front uni. De la division pourrait profiter «à des pays comme la Chine et la Russie», a dit Kitamura Toshihiro, attaché de presse du ministre japonais des Affaires étrangères.
Le Canada, qui assume la présidence du G7 cette année, souhaite faire de la question de la sécurité en Ukraine l'enjeu prioritaire.
Des pourparlers pour un cessez-le-feu entre Moscou et Kyiv ont lieu depuis que l'Ukraine a déclaré être prête à cela dans le cas où la Russie acceptait certaines conditions.
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré jeudi qu'il était d'accord, en principe, avec la proposition américaine d'une trêve de 30 jours, mais il a ajouté qu'il reste du travail à faire sur les termes exacts de l'accord.
Il a mis l'accent sur la nécessité que ce cessez-le-feu jette les bases d'une paix durable.
«L'idée en elle-même est correcte et nous l'appuyons», a-t-il dit au cours d'une conférence de presse à Moscou.
«Mais il y a des enjeux dont nous devons discuter et je crois que nous devons en parler avec nos collègues américains et partenaires», a-t-il ajouté.
Il a affirmé qu'il fallait développer des mécanismes pour contrôler des possibles brèches à la trêve. Un autre enjeu est, selon lui, que l'Ukraine puisse utiliser ces 30 jours pour se réapprovisionner en armes.
Mme Kallas a laissé entendre, au cours de son entrevue accordée à CNN, qu'un accord conclu rapidement ne serait pas bénéfique pour l'Ukraine.
«Les Russes ne tiennent pas ou n'ont pas vraiment tenu leurs promesses quant à des accords de trêve», a-t-elle poursuivi.
De son côté, le ministre des Affaires étrangères du Japon, Iwaya Takeshi, a soutenu que la situation en Ukraine a aussi un impact sur l'Indopacifique, selon des notes partagées par son équipe.
«Le ministre Iwaya a salué les efforts pour la paix des États-Unis et des pays européens, et a souligné que la voie vers la paix en Ukraine n'affecte pas que l'Europe, mais l'ordre mondial en entier, incluant la région indopacifique», peut-on lire dans un compte-rendu d'une session de travail ayant porté sur l'invasion russe.
Le Japon fait aussi valoir qu'il faut éviter «une situation dans laquelle de mauvais précédents pourraient se dresser».
D'autres questions sont sur la table durant la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7, a souligné Mme Joly en ouverture de la première session de travail de jeudi.
«On a du pain sur la planche», a-t-elle résumé en français.
«Nous allons parler de l’Ukraine, du Moyen-Orient, de l’Indopacifique, de l’Afrique, d’Haïti, du Venezuela», a énuméré la ministre.
Durant cette brève déclaration devant la presse, Mme Joly n'a pas mentionné le climat tendu avec l'administration américaine de Donald Trump.
Durant une rencontre bilatérale avec M. Rubio, elle a toutefois abordé «l'impact des droits de douane», a indiqué la ministre sur «X».
La veille, elle a assuré qu'elle comptait soulever ce point dans «chaque réunion» afin, notamment, de «mettre de la pression sur les Américains».
M. Rubio avait, de son côté, fait savoir qu'il ne s'attendait pas à ce que ce dossier soit abordé.
«Ce n'est pas ce dont nous allons parler», a-t-il dit mercredi en s'adressant aux journalistes depuis l'Irlande.
La ministre Joly doit tenir un point de presse vendredi matin. Il se pourrait qu'elle doive ensuite se rendre à Ottawa, en raison de la prestation de serment du premier ministre désigné, Mark Carney, et de son conseil des ministres.
Il est attendu que Mme Joly conserve ses fonctions de ministre des Affaires étrangères, mais il est possible que sa présence à Rideau Hall soit tout de même demandée. Ottawa se trouve à environ six heures de route de Charlevoix.
- Avec des informations de Dylan Robertson, La Presse Canadienne et de l'Associated Press