Justice

Cassie contrainte de lire à voix haute des messages explicites échangés avec Combs

La défense posera des questions en lien avec les infidélités dans le couple.

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Cassie Ventura essuie une larme pendant son témoignage devant la cour fédérale de Manhattan, mardi 13 mai 2025, à New York. Cassie Ventura essuie une larme pendant son témoignage devant la cour fédérale de Manhattan, mardi 13 mai 2025, à New York. (AP Photo)

La chanteuse de R&B Cassie a été contrainte de lire jeudi devant un jury, lors d'un contre-interrogatoire, ses messages sexuellement explicites avec son ancien petit ami, Sean «Diddy» Combs. Certains de ces messages la montraient exprimant son enthousiasme pour des rencontres avec d'autres hommes à la demande de Combs, ce qu'elle avait précédemment affirmé «détester».

Les avocats de Combs cherchent à présenter Cassie comme une participante consentante à sa vie sexuelle débridée et affirment que, même s'il pouvait être violent, rien de ce qu'il a fait ne constituait une entreprise criminelle. Combs nie toutes les allégations et a plaidé non coupable des accusations fédérales de trafic sexuel et de racket.

L'accusation affirme qu'il a exploité son statut de puissant dirigeant de l'industrie musicale pour forcer violemment Cassie, ainsi que d'autres femmes, à participer à ces rencontres avec des travailleuses du sexe, qu'il qualifiait de «freak-offs», et pour avoir utilisé son réseau d'employés afin de faciliter des activités illégales, un élément clé de l'accusation de racket.

Les messages échangés entre Combs et Cassie – certains romantiques d'autres sordides – ont été au cœur de la quatrième journée de témoignages à Manhattan. L'avocate de la défense, Anna Estevao, a lu à voix haute les propos de Combs tandis que Cassie récitait ce qu'elle lui avait écrit.

Cassie, dont le nom légal est Casandra Ventura, a lu de nombreux messages explicites, dont certains dans lesquels elle décrivait en détail ce qu'elle souhaitait faire pendant ces «freak-offs». À un moment donné, elle a demandé une courte pause, ce que le juge Arun Subramanian lui a accordé.

En août 2009, Combs lui a demandé quand elle souhaitait que le prochain épisode ait lieu. Elle a répondu: «Je suis toujours prête au 'freak off'.» Deux jours plus tard, Cassie lui a envoyé un message explicite, auquel il a répondu avec impatience. Elle a répondu à son tour: «Moi aussi, je veux juste que ce soit incontrôlable.» Les avocats de Combs ont insisté sur le fait que tous les rapports sexuels lors des rencontres étaient consentis.

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Plus tard dans l'année, cependant, elle avait également envoyé à Combs des messages dans lesquels elle exprimait sa frustration face à l'état de leur relation et souhaitait plus que du sexe.

À la lecture des messages, Combs semblait détendu à la table de la défense.

À la lecture de conversations plus affectueuses, Cassie a témoigné que Combs était charismatique, une personnalité hors du commun. «J'étais tombée amoureuse de lui et je tenais beaucoup à lui», a-t-elle expliqué. Me Estevao a parlé doucement pendant l'interrogatoire, qui a parfois pris un ton si amical qu'elles semblaient comme deux amies en train de discuter.

Des pratiques attribuées au «mode de vie échangiste»

Le témoignage de Cassie contrastait avec la violence et la honte qui, selon ses dires de mercredi, ont accompagné ses «centaines» de relations avec des travailleurs du sexe masculins – que Combs observait et contrôlait durant leur relation – qui a duré de 2007 à 2018 et a débuté alors qu'elle avait 19 ans et lui une trentaine d'années.

Si les procureurs se sont concentrés sur le désir de Combs de voir Cassie avoir des relations sexuelles avec d'autres hommes, elle a témoigné qu'elle regardait parfois Combs avoir des relations sexuelles avec d'autres femmes. Elle a ajouté que Combs décrivait cela comme faisant partie d'un «mode de vie échangiste».

Anna Estevao a directement demandé à Cassie si elle pensait que les «freak-offs» étaient liées au mode de vie échangiste.

«Sur le plan sexuel», a répondu Cassie, avant d'ajouter: «C'est très différent.»

Cassie a témoigné que ces relations étaient alimentées par la drogue et duraient des heures, voire des jours. Elle prenait parfois des perfusions pour se rétablir et a fini par développer une dépendance aux opioïdes, car cela la «laissait anesthésiée» par la suite.

Elle a témoigné mercredi que Combs l'avait violée lors de sa rupture en 2018, et qu'il l'avait maintenue dans une vie de violence physique en la menaçant de diffuser des vidéos d'elle pendant ces ébats.

La femme de 38 ans est enceinte de son troisième enfant et a bien résisté à la barre. Elle a pleuré à plusieurs reprises les deux jours précédents lors de son interrogatoire par l'accusation, mais est restée généralement calme et pragmatique lorsqu'elle a abordé les sujets les plus sensibles. L'Associated Press ne nomme généralement pas les personnes qui disent avoir été victimes d'abus sexuels, sauf si elles se manifestent publiquement, comme l'a fait Cassie.

En 2023, elle a poursuivi Combs en justice, l'accusant d'avoir commis des années d'abus physiques et sexuels. En quelques heures, le procès a été réglé à l'amiable pour 20 millions $ US – un montant que Cassie a révélé pour la première fois mercredi – mais des dizaines de plaintes similaires ont suivi, émanant d'autres femmes.

Sean «Diddy» Combs, 55 ans, est emprisonné depuis septembre. Il risque au moins 15 ans de prison s'il est reconnu coupable. Le procès devrait durer environ deux mois.

Michael R. Sisak

Michael R. Sisak

Journaliste

Larry Neumeister

Journaliste