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M. Trudeau a rétorqué que le Canada continuera de prendre toutes les mesures nécessaires «pour protéger notre démocratie et montrer que défendons nos valeurs et principes».
La Chine a annoncé mardi l'expulsion d'une diplomate canadienne en représailles à celle d'un employé consulaire chinois par le Canada, ce à quoi le premier ministre Justin Trudeau réplique qu'Ottawa ne se laissera pas intimider.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a fait savoir que Jennifer Lynn Lalonde, consule du consulat général du Canada à Shanghai, a été sommée de quitter la Chine avant le 13 mai.
Dans une déclaration en anglais publiée sur le web, Pékin a signalé se réserver le droit de prendre d'autres mesures de riposte envers Ottawa, qui a annoncé lundi l'expulsion de Zhao Wei, un diplomate chinois qui travaillait à Toronto.
Les autorités chinoises écrivent que le renvoi de Mme Lalonde est une «contre-mesure réciproque à la décision sans scrupules du Canada», qu'elles condamnent «fermement» et à laquelle elles s'opposent «fermement».
À VOIR | Expulsion d'un diplomate chinois : pourquoi le Canada agit-il maintenant ?
Appelé à réagir en mêlée de presse, M. Trudeau a rétorqué que le Canada continuera de prendre toutes les mesures nécessaires «pour protéger notre démocratie et montrer que nous défendons nos valeurs et principes».
«Évidemment on voit une (riposte) de la Chine, mais nous allons continuer de faire ce qui est dans l'intérêt des Canadiens et nous n'allons pas être intimidés», a-t-il ajouté.
Plus tard mardi, le premier ministre a voulu se faire rassurant à l'égard des agriculteurs et entrepreneurs qui pourraient craindre de subir les contrecoups d'éventuelles mesures de représailles commerciales venant de la Chine.
En 2019, Pékin avait notamment limité certaines importations canadiennes, comme pour le canola et la viande de porc.
«On a toujours été là, que ce soit au niveau du canola ou du porc. On est là pour aider les entreprises et les producteurs, mais on espère que ça n'arrivera pas à ce moment-là», a dit M. Trudeau.
Selon le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), le diplomate chinois Zhao Wei a été impliqué dans une opération visant à intimider le député conservateur Michael Chong et des membres de sa famille qui demeurent à Hong Kong.
Lundi, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a annoncé que le Canada avait déclaré «persona non grata» ce diplomate chinois basé à Toronto.
Mardi, elle a assuré avoir évalué toutes les répercussions possibles associées à cette expulsion avant de rendre sa décision.
«Mon boulot en tant que ministre des Affaires étrangères est (...) d'être là pour être en mesure de penser aux différentes conséquences, de réfléchir aux différents facteurs qui sont en jeu et c'est pourquoi la décision d'expulser le consul général à Toronto n'a pas été une décision qui a été prise à la légère», a-t-elle dit avant de se rendre à une réunion du conseil des ministres.
Elle a soutenu que le gouvernement canadien avait opté pour l'expulsion afin de «lancer un message clair». «On ne va jamais accepter quelconque forme d'ingérence étrangère. Nous étions sérieux lorsque nous avons dit que ce type de comportement aurait des conséquences», a martelé Mme Joly.
Les appels à l'expulsion de Zhao Wei ont commencé la semaine dernière, après que le Globe and Mail a révélé que le SCRS avait des informations en 2021 selon lesquelles le gouvernement chinois cherchait des moyens d'intimider M. Chong et ses proches à Hong Kong.
Lundi, le Parti conservateur est parvenu à faire adopter une motion exigeant l'expulsion de Zhao Wei ainsi que tout autre diplomate impliqué dans des activités d'ingérence, avec l'appui des bloquistes et néo-démocrates.
Cependant, l'ensemble des partis d'opposition considère que l'expulsion de Zhao Wei survient trop tard.
«Cela n'aurait pas dû prendre autant de temps», a dit M. Chong en mêlée de presse. Il a fait valoir qu'il est su et connu depuis longtemps que des membres de la communauté sino-canadienne sont intimidés par la Chine et qu'Ottawa n'avait pas à attendre qu'un élu comme lui soit ciblé.
«J'espère que cette décision (...) envoie un message clair au régime (chinois) que c'est inacceptable de menacer les citoyens au Canada et j'espère que c'est une victoire pour tous les Canadiens dans les communautés ethnoculturelles», a-t-il poursuivi.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a dit mardi avoir beaucoup de mal à croire que M. Trudeau n'a été mis au courant de la tentative d'intimidation contre M. Chong que la semaine dernière. Ainsi, il estime que le premier ministre aurait pu agir beaucoup plus tôt.
«Pendant présumément deux ans, il le savait. Même s'il nous rechantera la chanson de ''Je ne le savais pas", il le savait. (...) Il n'a rien fait avant que ça ne sorte publiquement», a dit M. Blanchet.
Le leader parlementaire néo-démocrate, Peter Julian, a aussi soutenu que le gouvernement Trudeau a tardé à agir, ajoutant qu'il espère que les libéraux prendront d'autres actions pour endiguer les tentatives d'ingérence étrangère. Il a souligné que son parti, tout comme les conservateurs et les bloquistes, réclame une enquête publique et indépendante.
«Pour mieux connaître l'ampleur de ce problème-là, c'est vraiment une enquête publique (menée) avec indépendance et aussi transparence, dans son processus, qui va donner confiance aux Canadiens», a renchéri mardi le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh.
D'ailleurs, la motion conservatrice adoptée lundi vise également à réclamer le déclenchement immédiat d'une telle enquête sur l'ingérence étrangère dans les élections.
Le premier ministre Justin Trudeau a mandaté un rapporteur spécial, David Johnston, pour qu'il détermine si, oui ou non, une telle enquête doit être lancée. Ce dernier a jusqu'au 23 mai pour trancher.