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Ce qu’il faut savoir sur le plan de Trump visant à verser un dividende tarifaire de 2000$ aux Américains

Le président américain se vante que ses droits de douane peuvent aussi financer un coup de pouce aux familles.

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Le président Donald Trump s'exprime lors d'un événement organisé à l'occasion de la Journée des anciens combattants au cimetière national d'Arlington, le 11 novembre 2025, à Arlington, en Virginie. Le président Donald Trump s'exprime lors d'un événement organisé à l'occasion de la Journée des anciens combattants au cimetière national d'Arlington, le 11 novembre 2025, à Arlington, en Virginie. (AP Photo)

Le président Donald Trump se vante que ses droits de douane protègent les industries américaines, attirent les usines aux États-Unis, rapportent de l'argent au gouvernement fédéral et lui donnent un levier diplomatique.

Il affirme maintenant qu’ils peuvent aussi financer un coup de pouce aux familles américaines : il promet un généreux dividende tarifaire.

Donald Trump a proposé cette idée dimanche sur sa plateforme de réseau social Truth Social, cinq jours après la défaite de son parti républicain aux élections en Virginie, dans le New Jersey et ailleurs, principalement en raison du mécontentement des électeurs face à sa gestion économique, en particulier le coût élevé de la vie.

Les droits de douane rapportent tellement d'argent, a affirmé le président américain, qu'«un dividende d'au moins 2000$ par personne (à l'exception des personnes à revenus élevés !) sera versé à tout le monde».

Les experts budgétaires ont tourné cette idée en dérision, qui leur a rappelé le projet éphémère de l'administration Trump visant à financer des chèques de dividendes DOGE grâce aux coupes budgétaires fédérales du milliardaire Elon Musk.

«Les chiffres ne tiennent tout simplement pas la route», a indiqué Erica York, vice-présidente de la politique fiscale fédérale à la Tax Foundation, un organisme non partisan.

Les détails sont rares, notamment en ce qui concerne les limites de revenus et la question de savoir si les paiements seraient versés aux enfants.

Même le secrétaire au Trésor de Trump, Scott Bessent, a semblé quelque peu pris au dépourvu par ce plan de dividendes audacieux. Dimanche, dans l'émission This Week sur ABC, M. Bessent a déclaré qu'il n'avait pas discuté des dividendes avec le président et a laissé entendre que cela ne signifiait pas nécessairement que les Américains recevraient un chèque du gouvernement. Selon M. Bessent, la remise pourrait plutôt prendre la forme de réductions d'impôts.

Les droits de douane rapportent certes de l'argent — 195 milliards de dollars pour l'exercice budgétaire qui s'est terminé le 30 septembre, soit une hausse de 153% par rapport aux 77 milliards de dollars de l'exercice 2024. Mais ils représentent toujours moins de 4% des recettes fédérales et n'ont guère contribué à réduire le déficit budgétaire fédéral, qui s'élève à 1 800 milliards de dollars pour l'exercice 2025.

Les experts budgétaires affirment que le calcul de Trump sur les dividendes ne tient pas la route.

John Ricco, analyste au Budget Lab de l'université de Yale, estime que les droits de douane de Trump rapporteront entre 200 et 300 milliards de dollars par an. Mais un dividende de 2000$, s'il était versé à tous les Américains, y compris les enfants, coûterait 600 milliards de dollars. «Il est clair que les recettes ne seraient pas suffisantes», a-t-il dit.

M. Ricco a également souligné que Trump ne pouvait pas verser ces dividendes de son propre chef. Ils nécessiteraient une législation du Congrès.

De plus, la pièce maîtresse des politiques commerciales protectionnistes de Trump, à savoir des taxes à deux chiffres sur les importations en provenance de presque tous les pays du monde, pourrait ne pas survivre à une contestation judiciaire qui a atteint la Cour suprême des États-Unis.

Lors d'une audience la semaine dernière, les juges se sont montrés sceptiques quant à l'affirmation de l'administration Trump selon laquelle elle dispose d'un pouvoir absolu pour déclarer l'état d'urgence national afin de justifier les droits de douane. Trump a contourné le Congrès, qui a le pouvoir, en vertu de la Constitution, de prélever des taxes, y compris des droits de douane.

Si la Cour invalide les droits de douane, l'administration Trump pourrait rembourser les importateurs qui les ont payés, au lieu d'envoyer des chèques de dividendes aux familles américaines. (Trump pourrait trouver d'autres moyens d'imposer des droits de douane, même s'il perd devant la Cour suprême, mais cela pourrait s'avérer fastidieux et prendre beaucoup de temps).

Les économistes et les analystes budgétaires traditionnels soulignent que les droits de douane sont payés par les importateurs américains, qui tentent généralement de répercuter le coût sur leurs clients en augmentant leurs prix.

Le plan de dividendes «manque sa cible», selon Erica York de la Tax Foundation. «Si l'objectif est de soulager les Américains, il suffit de supprimer les droits de douane», a-t-elle suggéré.