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Carney a demandé plusieurs fois à Ford de retirer la publicité anti droits de douane

«J'ai un souvenir différent de notre conversation», a répondu M. Ford.

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Le premier ministre Mark Carney a appelé Doug Ford «à plusieurs reprises» depuis l'Asie pour lui demander de retirer une campagne publicitaire accusée d'avoir mis fin aux négociations commerciales avec les États-Unis. M. Carney (à gauche) fait une an... Le premier ministre Mark Carney a appelé Doug Ford «à plusieurs reprises» depuis l'Asie pour lui demander de retirer une campagne publicitaire accusée d'avoir mis fin aux négociations commerciales avec les États-Unis. M. Carney (à gauche) fait une annonce en compagnie de M. Ford, au complexe énergétique de Darlington, à Courtice, en Ontario, le jeudi 23 octobre 2025. (Laura Proctor/La Presse canadienne)

Le premier ministre Mark Carney a appelé Doug Ford «à plusieurs reprises» depuis l'Asie pour lui demander de retirer une campagne publicitaire accusée d'avoir mis fin aux négociations commerciales avec les États-Unis, a déclaré lundi le premier ministre de l'Ontario.

M. Carney a déclaré cette fin de semaine avoir dit au premier ministre ontarien qu'il ne pensait pas que la province devrait diffuser la publicité qui présentait des extraits de l'ancien président américain Ronald Reagan s'exprimant négativement sur les droits de douane.

Interrogé lundi après la période de questions sur ces propos, M. Ford a indiqué ne pas vouloir divulguer les détails de leurs conversations, mais a indiqué qu'il n'était pas d'accord avec l'interprétation du premier ministre fédéral.

«J'ai un souvenir différent de notre conversation», a-t-il répondu.

Le président américain, Donald Trump, a interrompu les négociations commerciales le mois dernier, blâmant les spots télévisés, et Doug Ford a accepté de les retirer, mais non sans les avoir diffusés pendant quelques jours supplémentaires, pendant les matchs de la Série mondiale de baseball. Cela a incité le locataire de la Maison-Blanche à menacer d'imposer de nouveaux droits de douane de 10 % sur les produits canadiens.

Le premier ministre de l'Ontario a déclaré lundi que Mark Carney, alors en visite officielle en Asie, lui avait demandé à plusieurs reprises de retirer les publicités.

«Il m'a appelé d'Asie à deux reprises et m'a dit: "Retirez la publicité", et j'ai répondu que je ne le ferais pas avant lundi, date à laquelle nous avons suspendu la diffusion de la publicité, ce que nous avons fait», a déclaré M. Ford.

Les deux hommes politiques entretiennent toujours d'«excellentes relations», a ajouté Doug Ford.

Mark Carney a déclaré que Donald Trump était «offensé» par la publicité et qu'il s'était excusé auprès du président américain. Doug Ford a précisé que le premier ministre canadien ne l'avait pas prévenu de ces excuses.

Des excuses «nécessaires»

Les publicités négatives sont souvent un couteau à double tranchant, prévient Charles-Antoine Millette, chargé de cours à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke et associé à la Chaire Raoul-Dandurand, en entrevue avec Noovo Info.

Il explique que la diffusion d'une publicité négative comporte toujours un risque qu'elle se retourne contre l'émetteur et sachant que la publicité de l'Ontario s'adressait directement aux États-Unis et à une politique de Donald Trump, le risque était encore plus grand. 

«Il y a toujours ce risque-là que Donald Trump se fâche, qu'il soit en colère, que ce soit ça le résultat d'une attaque contre le gouvernement américain ou contre lui-même», soutient M. Millette.

Les excuses de Marc Carney étaient donc «nécessaires», selon l'associé à la Chaire Raoul-Dandurand, afin d'apaiser les tensions entre le Canada et les États-Unis. 

«L'idée derrière tout ça, c'est de calmer le jeu et d'essayer de repartir les négociations parce que ce sont des négociations qui sont déjà en montagnes russes», dit-il. 

Il souligne que les excuses du premier ministre ont d'ailleurs permis d'obtenir un signe encourageant du président américain.

«Je crois que malgré la réaction de Donald Trump, malgré l'attaque d'une province canadienne sans l'accord du premier ministre et le fait que ce n'était pas une bonne idée selon lui, je crois que les excuses auront peut-être pour effet justement de rétablir un certain climat de confiance entre les deux hommes qui négocient ensemble», soutient M. Millette.

Avec les informations de Lila Mouch pour Noovo Info.