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Bondi affirme que la traite des êtres humains à la frontière avec le Canada s'aggrave

«La frontière nord, ça a toujours été le cas, mais la situation s'est considérablement aggravée.»

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c396e21041ba653376e6122c841a9e44f6138fad93f933967cce8ecf28749ee9.jpg La procureure générale des États-Unis, Pam Bondi, affirme que le trafic d'êtres humains à la frontière avec le Canada s'aggrave. Mme Bondi s'exprime lors d'une conférence de presse sur le trafic d'êtres humains, le jeudi 4 septembre 2025, à Tampa, en Floride. (Photo AP/Chris O'Meara) (Photo AP/Chris O'Meara)

La procureure générale des États-Unis, Pam Bondi, affirme que le trafic d'êtres humains à la frontière avec le Canada s'aggrave, et que les trafiquants se tournent vers le nord à la suite de la répression menée par l'administration Trump à la frontière avec le Mexique.

«La frontière nord, ça a toujours été le cas, mais la situation s'est considérablement aggravée et s'est beaucoup accrue, (…) c'est un trafic de drogues, d'armes et d'êtres humains qui pèse plusieurs milliards de dollars.»
-Pam Bondi, procureure générale des États-Unis,

Mme Bondi a annoncé que la Force opérationnelle interarmées Alpha, une initiative multiagences visant à mettre fin au trafic d'êtres humains, a été élargie pour couvrir la frontière canado-américaine et les frontières maritimes des États-Unis.

Les commentaires de Mme Bondi interviennent une semaine après sa rencontre à Washington avec le ministre de la Justice, Sean Fraser, le ministre de la Sécurité publique, Gary Anandasangaree, et le «tsar du fentanyl», Kevin Brosseau, le 27 août pour discuter de la frontière commune, dans le cadre des efforts d'Ottawa pour trouver une issue aux droits de douane imposés par le président américain, Donald Trump.

Selon un compte rendu de cette réunion, les responsables canadiens ont souligné les efforts continus du Canada pour assurer la sécurité des communautés «des deux côtés de notre frontière commune dans la lutte contre le fentanyl et les organisations criminelles transnationales, pour renforcer le système de justice pénale et la sécurité frontalière».

Le locataire de la Maison-Blanche a augmenté les droits de douane sur le Canada à 35 % en août, invoquant la sécurité frontalière et les droits de rétorsion d'Ottawa comme justification.

Ces droits de douane ne s'appliquent pas aux marchandises conformes aux règles d'origine de l'Accord commercial Canada-États-Unis-Mexique. 

Ottawa a réalisé de nombreux investissements pour renforcer la sécurité frontalière, et le premier ministre Mark Carney a présenté une loi frontalière de grande envergure en juin.

L'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a déclaré jeudi dans un courriel qu'elle avait ouvert 70 dossiers liés au trafic d'êtres humains cette année en date du 12 août, avec huit accusations dans six affaires ayant abouti à des condamnations. Elle a précisé avoir ouvert 83 dossiers de ce type en 2024 et 57 l'année précédente.

«Nous avons une frontière solide et nous la renforçons», a affirmé l'agence, soulignant les plus de 355 millions $ qui lui ont été alloués dans le cadre du plan frontalier du gouvernement fédéral.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) n'a pas encore répondu aux commentaires de Mme Bondi.

Les données du gouvernement américain montrent que le flux de personnes et de drogues à la frontière canado-américaine ne représente qu'une fraction des volumes observés à la frontière avec le Mexique.

Des politiciens américains des États frontaliers et le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis ont toutefois signalé des cas de trafic d'êtres humains à la frontière canado-américaine ces dernières années, dont certains se sont soldés par des décès.

Mme Bondi a cité le cas de quatre membres d'une famille indienne, tués par le froid alors qu'ils tentaient de traverser la frontière canado-américaine en 2022. Jagdish Patel, 39 ans, son épouse Vaishaliben Patel, 37 ans, leur fille de 11 ans, Vihangi, et leur fils de trois ans, Dharmik, ont été retrouvés dans un champ du Manitoba, à quelques mètres de la frontière américaine.

Mme Bondi a souligné que les forces de l'ordre dans certaines régions du Vermont et de l'État de New York ont constaté «un trafic sans précédent d'immigrants illégaux».

«Les agents des forces de l'ordre opérant dans ces régions ont rencontré des étrangers originaires de 97 pays différents, dont la Chine, le Pakistan, l'Irak, l'Iran, l'Afghanistan, la Corée du Nord et le Yémen», a-t-elle précisé.

La conférence de presse a mis en lumière l'inculpation d'une femme du Michigan qui, l'année dernière, avait fait passer clandestinement des personnes, dont des enfants, d'Amérique centrale aux États-Unis par la frontière canado-américaine.

L'acte d'accusation indique que, de février à novembre, Norma Linda Lozano, 53 ans, faisait partie d'une organisation de passeurs qui a fait traverser la frontière canado-américaine à des personnes originaires du Guatemala, du Honduras, du Mexique et du Salvador.

Elle aurait collaboré avec des complices au Canada pour ordonner aux migrants de traverser la frontière à pied. L'acte d'accusation allègue que Lozano les récupérait une fois arrivés aux États-Unis.

Norma Linda Lozano a été arrêtée mardi.

Michael Drescher, procureur fédéral par intérim du district du Vermont, a affirmé que les passeurs exploitent des personnes désespérées et les mettent dans des situations dangereuses.

«À la frontière nord, ces traversées illégales impliquent souvent des randonnées à travers forêts et marécages, dans des conditions inhospitalières et dangereuses», a avancé M. Drescher.