La police fédérale brésilienne a arrêté samedi l'ancien président Jair Bolsonaro, soupçonné d'avoir comploté afin de s'échapper et d'éviter de purger une peine de 27 ans de prison pour tentative de coup d'État.
Cette décision a mis en évidence certaines divisions au sein du pays: si beaucoup ont débouché des bouteilles de champagne devant la prison du leader d'extrême droite pour célébrer l'événement, ses partisans, eux, préparaient un acte religieux en sa faveur.
Dans un rebondissement dramatique et inattendu à la fin d'un long procès pénal qui a divisé l'opinion publique, des agents fédéraux sont entrés tôt samedi matin dans la maison de Bolsonaro sur ordre d'un juge du Tribunal fédéral suprême afin de conduire l'ancien président au siège de la police fédérale dans la capitale, Brasilia.
Le juge Alexandre de Moraes, qui supervisait l'affaire concernant la tentative de Bolsonaro de conserver la présidence après sa défaite face au président Luiz Inácio Lula da Silva en 2022, a ordonné l'arrestation préventive après avoir déclaré que le bracelet électronique du leader d'extrême droite avait été saboté à 0h08 samedi. Ses avocats ont affirmé dans un communiqué que cela n'était pas vrai.
Un rapport des agents de détention publié plus tard dans la journée — et examiné par l'Associated Press — indique que Bolsonaro a admis avoir utilisé un fer à souder pour tenter d'ouvrir le dispositif. Dans une vidéo du tribunal également visionnée par l'AP, on entend Bolsonaro admettre cette tentative. Les images montrent que le capuchon du bracelet électronique est fortement endommagé.
Bolsonaro, âgé de 70 ans, qui était assigné à résidence, avait été condamné à porter ce bracelet électronique après avoir été jugé susceptible de prendre la fuite. Son assistant, Andriely Cirino, a confirmé que l'arrestation avait eu lieu vers 6h00, samedi.
Dans les heures qui ont suivi, des dizaines de voitures ont klaxonné devant le siège de la police fédérale, tandis que certains partisans de Bolsonaro manifestaient. Depuis, la police s'efforce de maintenir séparés les deux camps opposés, petits mais virulents.
Une manifestation organisée par le fils de Bolsonaro a alerté la justice
Le juge De Moraes a déclaré que l'arrestation était une mesure préventive visant à éviter une éventuelle fuite lors d'une manifestation organisée par son fils plus tard dans la journée de samedi.
«Allez-vous vous battre pour votre pays ou allez-vous regarder tout cela depuis votre téléphone portable, confortablement installé dans votre canapé ?», a déclaré Flávio Bolsonaro dans une vidéo invitant les gens à se rendre devant la maison de son père à 19 heures. «Je vous invite à vous battre avec nous.»
Le juge a déclaré que la tentative de briser le bracelet électronique confirmait que Bolsonaro tenterait de s'échapper grâce à «la confusion causée par une manifestation organisée par son fils».
Il a ajouté qu'il était possible que Bolsonaro s'enfuie vers l'ambassade des États-Unis à Brasilia. Le juge de la Cour suprême a également mentionné d'autres accusés dans l'affaire du coup d'État et des alliés politiques de l'ancien président qui ont quitté le Brésil pour éviter la prison.
«Il se trouve à environ 13 kilomètres de l'ambassade des États-Unis d'Amérique, une distance qui peut être parcourue en 15 minutes en voiture», a fait valor M. de Moraes, qui a été sanctionné par l'administration Trump.
Samedi, le président état-unien, Donald Trump, a été interrogé au sujet de l'arrestation de Bolsonaro, mais il a déclaré que c'était la première fois qu'il en entendait parler. «C'est ce qui s'est passé ? C'est dommage», a-t-il dit.
M. Trump a également dit avoir parlé avec le président Lula vendredi soir et que les deux hommes pourraient se rencontrer «dans un avenir très proche».
Les avocats de Bolsonaro ont déclaré dans un communiqué que l'arrestation de l'ancien président «suscitait une profonde perplexité, car, comme le montre la chronologie des faits [du juge], elle était fondée sur une veillée de prière» et non sur une manifestation.
L'arrestation préventive de Bolsonaro, allié de Donald Trump, sera examinée par les cinq juges du Tribunal fédéral suprême. qui l'ont condamné à une peine de prison par quatre voix contre une en septembre.
Les médias locaux ont rapporté que Bolsonaro, qui a été président du Brésil de 2019 à 2022 et qui reste un acteur politique clé, devrait commencer à purger sa peine dans le courant de la semaine prochaine, une fois que tous les recours contre sa condamnation auront été épuisés.
