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Les Brésiliens manifestent contre une loi qui pourrait absoudre Jair Bolsonaro

Les appels à manifester se sont multipliés après l'adoption mardi par la Chambre basse d'un amendement constitutionnel.

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003538d08271bde3aa9f1e92a62061ebae85d8c27dc759137bf4bae2f993b558.jpg Un manifestant tient un affiche dont le message se traduit pas «pas d'aminstie, Congrès ennemi» lors d'une manifestation contre une loi qui pourrait absoudre l'ancien président brésilien Jair Bolsonaro, à Brasilia, au Brésil, le 21 septembre 2025. (AP Photo)

Des milliers de Brésiliens ont manifesté dimanche à travers le pays contre une possible grâce accordée à l'ancien président Jair Bolsonaro et à ses alliés, condamnés pour tentative de coup d'État.

Les appels à manifester se sont multipliés après l'adoption mardi par la Chambre basse d'un amendement constitutionnel rendant plus difficile l'arrestation et le lancement de poursuites pénales contre les législateurs. La loi est maintenant soumise au Sénat.

La Chambre basse a voté en faveur de l'adoption accélérée d'un projet de loi soutenu par des députés de l'opposition de droite, qui pourrait accorder une amnistie à M. Bolsonaro, à ses plus proches alliés et à des centaines de partisans condamnés pour leur rôle dans le soulèvement de janvier 2023.

À São Paulo, 42 400 personnes ont participé à la manifestation, tandis que 41 800 se sont rassemblées à Rio de Janeiro, selon les estimations du Moniteur du débat politique de l'Université de São Paulo. Pablo Ortellado, directeur de l'organisation, a déclaré à l'Associated Press que les manifestations de gauche dans les deux plus grandes villes du Brésil étaient les plus nombreuses depuis la victoire électorale du président Luiz Inácio Lula da Silva en 2022. Les chercheurs ont estimé la taille des foules à l'aide de photos prises par drone.

«Les mobilisations de droite étaient généralement trois fois plus importantes que celles de gauche. Ces derniers mois, la tendance s'est renversée; le soutien de l'opposition aux droits de douane de Trump et à l'amendement a ramené la gauche dans la rue.»
-Pablo Ortellado, directeur de Moniteur du débat politique de l'Université de São Paulo

M. Bolsonaro a été condamné à 27 ans et trois mois de prison le 11 septembre pour avoir tenté de se maintenir au pouvoir après avoir perdu sa réélection en 2022. Il est le premier ancien président reconnu coupable d'avoir tenté d'annuler une élection ce pays d'Amérique latine. M. Bolsonaro a nié toute faute.

Certains des plus grands artistes brésiliens ont contribué à l'organisation et à la promotion des manifestations de dimanche.

Les légendes de la musique Caetano Veloso, Chico Buarque et Gilberto Gil, qui ont bravé la censure pendant la dictature militaire des années 1960, se sont réunies dans le quartier de Copacabana à Rio de Janeiro pour protester.

«J'ai été indignée d'apprendre que de nombreux députés ont voté en faveur d'une loi de protection pour eux-mêmes et leurs collègues», a affirmé M. Veloso au média brésilien UOL dans une entrevue publiée samedi. 

L'acteur brésilien Wagner Moura a assisté à la manifestation à Salvador de Bahia. S'adressant à la foule depuis le toit d'un camion, il a déclaré qu'il refusait d'aborder les propositions législatives. Il a plutôt mis l'accent sur «ce moment extraordinaire de la démocratie brésilienne, qui sert d'exemple au monde entier».

Les manifestations de dimanche étaient organisées par des artistes et des groupes de gauche qui peinent à mobiliser des foules plus importantes que la droite. Le 7 septembre, avant le procès de M. Bolsonaro devant la Cour suprême, des milliers de ses partisans se sont rassemblés pour le défendre.

Il y a deux semaines, des manifestants d'extrême droite ont déployé un immense drapeau américain lors d'une manifestation à São Paulo, nombre d'entre eux remerciant le président américain Donald Trump pour les sanctions contre le Brésil.

M. Trump a qualifié le procès de chasse aux sorcières et a annoncé en juillet l'imposition de droits de douane de 50 % sur les importations brésiliennes, liant explicitement cette taxe au sort de M. Bolsonaro. Plus tard, le Trésor américain a imposé des sanctions à Alexandre de Moraes, juge à la Cour suprême, qui a supervisé l'affaire et que M. Bolsonaro considère comme un ennemi.

Dimanche, la gauche a cherché à contrer ce symbolisme en déployant un drapeau brésilien géant sur la même avenue. Les sondages montrent que le pays reste profondément divisé sur la question de l'ancien président.

Selon un sondage Datafolha publié le 16 septembre, 50 % des personnes interrogées estiment que M. Bolsonaro devrait être emprisonné, tandis que 43 % sont en désaccord et 7 % ont refusé de répondre. L'enquête a été menée auprès de 2005 personnes à l'échelle nationale et comportait une marge d'erreur de 2 points de pourcentage.