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Baisse des voyages aux États-Unis: les boutiques canadiennes hors taxes en difficulté

«Certains d'entre nous ne passeront peut-être pas l'été.»

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Une enseigne indiquant un magasin hors taxes à la frontière canado-américaine à Saint-Bernard-de-Lacolle, au Québec, le jeudi 10 avril 2025. Une enseigne indiquant un magasin hors taxes à la frontière canado-américaine à Saint-Bernard-de-Lacolle, au Québec, le jeudi 10 avril 2025. (Graham Hughes / La Presse Canadienne)

Une boutique hors taxes située à un poste frontalier du Nouveau-Brunswick ferme ses portes après plus de trois décennies d'activité. Son propriétaire prévient que d'autres fermetures pourraient suivre, car les tensions commerciales entre le Canada et les États-Unis continuent de peser sur le trafic transfrontalier.

John Slipp, propriétaire du Woodstock Duty Free Shop à Belleville, au Nouveau-Brunswick, prévoit de fermer son magasin dans les six prochaines semaines, invoquant la chute des ventes, la baisse du nombre de voyageurs canadiens et l'absence de soutien fédéral.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

«Les Canadiens ne traversent pas autant la frontière qu'avant», a déploré M. Slipp samedi lors d'une interview accordée à CTV News Channel. «À la fin de l'année dernière, nous avions enregistré une baisse de 20 % par rapport à 2019, alors que nous étions encore en train de nous remettre de la crise sanitaire. Aujourd'hui, nous enregistrons une baisse de 50% à 60% par rapport à 2019, qui est notre référence.»

Bien que les visiteurs américains soient les bienvenus, M. Slipp affirme que son entreprise dépend fortement des voyageurs canadiens.

«Les Canadiens ont le droit et sont autorisés à faire leurs achats dans les boutiques hors taxes situées à la frontière canadienne. Ils sont le fondement de notre activité», a-t-il ajouté. «Et lorsque la saison touristique estivale est terminée, nous dépendons de ces Canadiens, qui ne traversent plus la frontière.»

«Certains d'entre nous ne passeront peut-être pas l'été.»
-John Slipp, propriétaire du Woodstock Duty Free Shop à Belleville

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La Frontier Duty Free Association, qui représente 32 boutiques hors taxes à travers le Canada, affirme que bon nombre de ses membres ont vu leurs revenus chuter de 60 à 80 % en raison du ralentissement du trafic transfrontalier et du tourisme.

En juin, l'association s'est jointe à 15 maires de villes frontalières pour demander un soutien financier à Ottawa et l'harmonisation des règles fiscales et d'exportation afin de les aligner sur les politiques américaines en matière de franchise douanière.

M. Slipp dit avoir passé l'année dernière à essayer de se débrouiller avec moins de ressources et à chercher l'aide du gouvernement.

«Nous avons certainement dépensé moins d'argent et essayé de nous organiser de manière à prolonger notre activité, si vous voulez, et nous avons travaillé avec notre association professionnelle... pour essayer d'obtenir l'aide du gouvernement », a-t-il déclaré, précisant que son magasin avait été fermé pendant un an et demi pendant la pandémie et avait reçu une aide temporaire dans le cadre d'un décret d'urgence, mais que cette aide n'avait pas été renouvelée.

«Nous avons demandé à pouvoir fermer temporairement et rouvrir», a-t-il précisé. «Et pour ceux d'entre nous qui louons nos terrains au gouvernement fédéral, nous avons cherché à obtenir une aide, comme un report de loyer, ce qu'ils ont fait pendant la pandémie, mais jusqu'à présent, rien n'a été fait non plus sur ce front.»

M. Slipp affirme que si la situation ne s'améliore pas rapidement, d'autres magasins comme le sien sont menacés.

«À moins d'un miracle dans un avenir proche, il semble que mon entreprise, et probablement une demi-douzaine d'autres boutiques hors taxes situées à la frontière canadienne, ne survivront pas jusqu'à la fin de l'année», a-t-il avancé.

Face à la menace de fermeture, il exhorte le gouvernement fédéral et les voyageurs canadiens à agir avant qu'il ne soit trop tard.

«Je suis sûr que de nombreux Canadiens ont apprécié la possibilité de bénéficier de ce service, d'acheter des produits hors taxes, de changer des devises et de dépenser leur argent canadien au Canada», a-t-il mentionné. «Vous êtes sur le point de perdre tout cela, non seulement au poste frontalier de Woodstock-Houlton, mais aussi à plusieurs autres postes frontaliers à travers le pays.»

C'est pourquoi, il faut agir maintenant, selon lui.

«J'exhorte les Canadiens qui doivent traverser la frontière à garder leur argent au Canada. Dépensez-le dans un magasin hors taxes local et aidez ces entreprises à survivre», a-t-il conclu.

CTV News

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