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Avoirs russes gelés: l'UE doit explorer toutes les possibilités, selon Kallas

Les avoirs de l’État russe à l'étranger ont été gelés après l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

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Le ministre de la Défense Troels Lund Poulsen, deuxième à partir de la gauche, et la vice-présidente de la Commission européenne Kaja Kallas s'expriment lors de la session de travail de la réunion informelle des ministres de la Défense de l'UE au Forum, à Copenhague, le vendredi 29 août 2025. (Thomas Traasdahl/Ritzau Scanpix via AP)

L'Union européenne doit explorer toutes les «voies possibles» pour utiliser au mieux les avoirs russes gelés en Europe, afin de renforcer son soutien à l'Ukraine envahie par la Russie, a déclaré samedi la cheffe de la diplomatie du bloc européen Kaja Kallas.

«Il est essentiel d'explorer toutes les voies possibles tout en minimisant les risques potentiels», a affirmé Mme Kallas à l'issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Copenhague.

«Nous faisons avancer les travaux sur l'utilisation des avoirs russes gelés, car il est clair que le prédateur doit payer pour ce qu'il a fait», a dit de son côté la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d'un déplacement en Estonie.

Les avoirs de l’État russe à l'étranger ont été gelés après l'invasion de l'Ukraine en février 2022. La plus grande partie, quelque 210 milliards d'euros, se trouve en Belgique, pays membre de l'UE. Les 27 États de l'Union ont dans un premier temps décidé d'utiliser les intérêts générés par ces avoirs, soit plusieurs milliards d'euros par an, pour financer l'effort de guerre de l’Ukraine.

Après des mois de discussions, les dirigeants du G7 avaient ensuite conclu un accord en octobre 2024 pour utiliser les intérêts générés par ces avoirs pour garantir un prêt en faveur de l'Ukraine, d'un montant de 45 milliards d'euros en ce qui concerne l'Union européenne.

Mais plusieurs pays de l'UE estiment désormais qu'il faut aller plus loin, et certains sont favorables à une utilisation du capital lui-même, et pas seulement des intérêts.

D'autres en revanche, comme la France, l'Allemagne et les Pays-Bas, se montrent beaucoup plus prudents et soulignent qu'une saisie de ces avoirs se heurte à des obstacles juridiques et risque de déstabiliser l'euro en détournant de futurs investisseurs étrangers.

Des solutions de compromis sont sur la table des 27, dont l'idée, proposée entre autres par la Lituanie, de considérer la saisie comme un prêt à l'Ukraine pour financer les dommages de guerre que la Russie devra verser à l'issue du conflit.

«Tout le monde s'accorde sur un point, à savoir qu'au vu des ravages que la Russie cause et a causés jusqu'à présent en Ukraine, il est impensable qu'elle puisse un jour récupérer cet argent, à moins qu'elle n'indemnise pleinement l'Ukraine», a souligné Mme Kallas devant la presse.

Une autre idée consisterait à s'orienter vers des investissements plus risqués pour générer davantage de profits.

Mais la Belgique, particulièrement inquiète des risques financiers posés, s'est montrée samedi hostile à tout changement.

 

«Changer la stratégie d'investissement n'est pas non plus une option, car cela pourrait augmenter le niveau de risque, tant juridique que financier et judiciaire», a déclaré à Copenhague le ministre belge des Affaires étrangères Maxime Prévot, après avoir réitéré son opposition catégorique à toute saisie des avoirs.

«Travaillons donc à atténuer ces risques», a souligné pour sa part Mme Kallas.