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Anand compte sur Israël pour autoriser les camions humanitaires canadiens à Gaza

Elle a mentionné avoir discuté avec son homologue israélien vendredi «pour obtenir l'assurance que les camions transportant l'aide canadienne seraient autorisés à entrer dans la bande de Gaza».

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La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, visite le cimetière militaire de Schoonselhof à Anvers, en Belgique, le lundi 23 juin 2025. La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, visite le cimetière militaire de Schoonselhof à Anvers, en Belgique, le lundi 23 juin 2025. (Sean Kilpatrick/La Presse canadienne)

La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, a indiqué qu'Ottawa avait des camions d'aide prêts à atteindre les Palestiniens dans la bande de Gaza et qu'elle comptait sur Israël pour les laisser passer.

Mme Anand a écrit dimanche après-midi sur les médias sociaux que la Jordanie, qui borde Israël et la Cisjordanie, avait autorisé le Canada à «prépositionner» de l'aide « jusqu'à ce qu'Israël l'autorise à entrer dans la bande de Gaza».

La ministre s'est entretenue vendredi avec son homologue israélien, Gideon Sa'ar, «pour obtenir l'assurance que les camions transportant l'aide canadienne seraient autorisés à entrer dans la bande de Gaza», a-t-elle écrit.

Depuis, Israël a déclaré qu'il autoriserait la mise en place de couloirs humanitaires, afin que l’Organisation des Nations unies puisse acheminer l'aide, ainsi que d'éventuels largages aériens de nourriture.

Israël a restreint l'aide aux plus de deux millions d'habitants de la bande de Gaza, affirmant que le Hamas la détourne pour renforcer son pouvoir, sans fournir de preuves. Une grande partie de la population du territoire palestinien, entassée sur des territoires de plus en plus restreints, dépend désormais de l'aide.

Des centaines de Palestiniens ont été tués alors qu'ils tentaient de se nourrir dans des sites établis par Israël, après le blocage de la quasi-totalité des programmes de l'Organisation des Nations unies (ONU) qui fournissaient de l'aide sur le territoire.

Le Programme alimentaire mondial des Nations unies a avancé disposer de suffisamment de nourriture, présente ou en cours d'acheminement, pour nourrir l'ensemble de la bande de Gaza pendant près de trois mois. Un tiers de la population gazaouie est sans nourriture depuis plusieurs jours et près d'un demi-million de personnes souffraient de conditions proches de la famine, selon les données du programme.

La bande de Gaza a enregistré 63 décès liés à la malnutrition en juillet, dont 24 enfants de moins de cinq ans, a indiqué l'Organisation mondiale de la santé, affirmant que l'approvisionnement alimentaire de dimanche était bien insuffisant pour contrer la «famine actuelle».

Israël a minimisé les informations faisant état de décès dus à la famine et a affirmé que l'ONU n'avait pas distribué d'aide.

L'État hébreu a également rejeté une déclaration commune publiée la semaine dernière par le Canada et 25 gouvernements pairs, qui appelait à la fin immédiate de la campagne israélienne dans la bande de Gaza et de l'expansion des colonies illégales dans les territoires palestiniens occupés. 

La déclaration condamne «l'apport d'aide au compte-gouttes et le massacre inhumain de civils, dont les enfants, qui tentent de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires en eau et en nourriture».

M. Sa'ar a rejeté cette déclaration, la qualifiant de «fortes attaques diplomatiques» qui ont compromis les négociations de cessez-le-feu et enhardi le Hamas.

Mme Anand sera cette semaine à New York pour la Conférence internationale de haut niveau des Nations unies sur le règlement pacifique de la question de Palestine, un événement organisé par la France et l'Arabie saoudite à l'ONU, visant à coordonner les efforts pour préserver la solution à deux États.

Le Canada appelle depuis des décennies à la création d'un État palestinien vivant en paix aux côtés d'Israël, et fait partie des nombreux gouvernements qui s'inquiètent de la difficulté croissante d'y parvenir. Ces inquiétudes découlent de l'expansion des colonies israéliennes, des déclarations du gouvernement israélien sur l'annexion de terres et la concentration des Palestiniens dans de petites zones, ainsi que des attaques de groupes militants palestiniens contre les Israéliens.

Bob Rae, ambassadeur du Canada auprès de l'ONU, a écrit sur les médias sociaux qu'Israël n'est pas le seul à devoir œuvrer pour la paix.

«Le Hamas a un rôle à jouer pour parvenir à une solution, tout comme Israël, bien sûr. Nous cherchons tous à trouver une solution pour deux États, libérer les otages, mettre fin au carnage et résoudre les profondes divisions, a-t-il écrit dimanche matin. Le monde nous observe et nous juge tous.»

La France a annoncé il y a quelques jours qu'elle reconnaîtrait officiellement un État palestinien, après les initiatives prises l'année dernière par l'Irlande, la Norvège et l'Espagne.

Ottawa n'a pas précisé les critères nécessaires à la reconnaissance d'un État palestinien, mais affirme que le Canada a l'intention de le faire à terme. Le premier ministre Mark Carney avait déclaré en juin qu'il devait y avoir «un État palestinien sioniste, si l'on peut dire, qui reconnaît le droit d'Israël à exister».

Mme Anand a par ailleurs indiqué samedi qu'Ottawa avait «aidé 11 Canadiens, des enfants voyageant avec leurs mères, à quitter Gaza en toute sécurité» vendredi, sans fournir plus de détails.

Dylan Robertson

Dylan Robertson

Journaliste