Les contribuables floridiens pourraient être tenus responsables des 218 millions $ US dépensés par l'État pour transformer un aéroport d'entraînement isolé des Everglades en centre de détention pour migrants, surnommé «Alligator Alcatraz».
Le centre pourrait bientôt être complètement vide, une juge ayant confirmé mercredi soir sa décision ordonnant la cessation définitive des activités.
La fermeture temporaire de l'installation coûterait immédiatement à l'État entre 15 et 20 millions $ US, et la réinstallation des structures coûterait 15 à 20 millions $ US supplémentaires si la Floride était autorisée à la rouvrir, selon des documents judiciaires déposés par l'État.
La Division de la gestion des urgences de Floride perdra la majeure partie des 218 millions $ US investis pour adapter l'aéroport à un centre de détention, a déclaré un responsable de l'État dans des documents judiciaires.
Construite en quelques jours seulement, l'installation est constituée de cages grillagées entourant de grandes tentes blanches remplies de rangées de lits superposés. Fin juillet, les autorités de l'État avaient déjà signé des contrats de plus de 245 millions $ US pour la construction et l'exploitation du centre, inauguré officiellement le 1er juillet.
Le président américain Donald Trump a visité le centre le mois dernier et a suggéré qu'il pourrait servir de modèle pour les futurs centres de détention à l'échelle nationale, alors que son administration s'empresse de développer les infrastructures nécessaires pour accroître les expulsions.
Le centre a été en proie à des signalements de conditions insalubres et de détenus coupés du système judiciaire.
Il fait également face à plusieurs contestations judiciaires, dont une sur laquelle la juge fédérale Kathleen Williams a statué mercredi soir. Elle a rejeté les demandes de suspension de son ordre de cessation des activités, après avoir convenu la semaine dernière avec des groupes environnementaux et la tribu Miccosukee que les défendeurs de l'État et du gouvernement fédéral n'avaient pas respecté la loi fédérale exigeant une évaluation environnementale pour le centre de détention situé au cœur de zones humides sensibles.
La juge de Miami a déclaré que le nombre de détenus était déjà en baisse et que les objectifs du gouvernement fédéral en matière de contrôle de l'immigration ne seraient pas contrecarrés par une suspension des activités. Et ce, malgré les affirmations des avocats du Département de la Sécurité intérieure selon lesquelles l'ordonnance du juge perturberait cette application.
Interrogé, le Département de la Sécurité intérieure n'a pas voulu préciser le nombre de détenus restants ni le nombre de ceux qui avaient été transférés depuis l'injonction temporaire du juge la semaine dernière.
«Le DHS se conforme à cette ordonnance et transfère les détenus vers d'autres établissements», a déclaré le Département jeudi dans un communiqué envoyé par courriel.
La militante écologiste Jessica Namath, qui surveille quasi-constamment l'extérieur du centre, a expliqué jeudi que d'autres observateurs avaient vu des tentes blanches sortir, mais aucun signe de retrait des remorques de la FEMA ni des toilettes portables.
«Il semble bien qu'ils aient réduit leurs activités», a indiqué Mme Namath.
