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«Les aînés passent toujours en dernier lieu dans les budgets, dans les actions.»
Cinq ans après le début de la pandémie qui a décimé et meurtri une génération de personnes âgées, à peine le quart des Québécois jugent satisfaisante l'action gouvernementale pour les aînés.
C'est ce qui ressort d'un sondage Segma réalisé pour le compte de la Coalition pour la dignité des aînés et obtenu par La Presse Canadienne.
Les données ont été récoltées à la fin de décembre et au début de janvier, mais elles viennent d'être rendues publiques, en ce jour anniversaire du premier confinement, il y a cinq ans, en 2020.
Pas moins de 68,2 % des personnes interrogées estiment que l'action gouvernementale en faveur des aînés est insatisfaisante. Parmi ces répondants, le quart, soit 24,1 %, la jugent même très insatisfaisante.
«On n'est pas prêts à faire face à une autre calamité qui toucherait en grande majorité les aînés qui sont dans nos centres d'hébergement», a conclu un des porte-parole de la Coalition, Pierre Lynch, dans une entrevue avec La Presse Canadienne jeudi.
À moins de deux semaines du dépôt d'un budget qui risque d'être un arbitrage difficile, le gouvernement caquiste reçoit un bulletin défavorable et un message clair en faveur d'un réinvestissement.
«Les aînés passent toujours en dernier lieu dans les budgets, dans les actions», a déploré M. Lynch, alors qu'ils représentent 20 % de la population.
Il souhaite un coup de barre, un réinvestissement massif dans les services et soins à domicile.
D'ailleurs, les répondants ont accordé un appui massif à trois mesures proposées pour améliorer les conditions des personnes âgées.
Ils sont 89,9 % à favoriser des mesures fiscales et de l'aide financière pour garantir un revenu viable aux aînés.
De même, ils sont à 88 % pour un encadrement des hausses de loyer afin que les logements restent abordables pour les aînés.
Enfin, 90,3 % sont pour un soutien financier aux personnes âgées afin de leur permettre de rester dans des résidences pour aînés offrant des soins de santé.
À ce propos, les répondants préféreraient massivement vieillir à la maison. En effet, ils ne sont que 3,7 % à être en faveur de finir leurs vieux jours dans un CHSLD ou même une Maison des aînés, le concept lancé à grands frais par le gouvernement caquiste.
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«On a regardé le problème, mais on n'a pas trouvé la bonne solution», a tranché le porte-paorle concernant les Maisons des aînés.
Aussi, pas moins de 9 personnes sondées sur 10 (90,4 %) souhaitent pouvoir être soignées à la maison plutôt que dans un hôpital.
Une grande majorité d'ailleurs estime qu'il est difficile d'avoir accès aux soins et services à domicile (81,2 %).
Enfin, les personnes interrogées jugent durement Santé Québec, la nouvelle agence qui coordonne les activités dans le réseau de la santé.
Moins du tiers (32,8 %) des personnes estiment qu'elle permettra d'améliorer les soins aux personnes âgées.
Le sondage a été réalisé par panel web auprès de 841 répondants, du 16 décembre au 2 janvier. Il a été pondéré pour être représentatif de la population québécoise en ce qui a trait au sexe, à l'âge, aux régions et à la scolarité.
On ne peut calculer de marge d'erreur puisqu'il s'agit d'un échantillon tiré d'un panel web, mais à titre de comparaison, un échantillon probabiliste de la même taille aurait une marge d'erreur maximale de 3,4 %, 19 fois sur 20.
L'an dernier, la Coalition, qui regroupe plusieurs organismes représentant les aînés, avait organisé un sommet sur le maintien à domicile.
Au terme des travaux, elle avait réclamé des CLSC ouverts 24h sur 24, 7 jours sur 7, comme porte d'entrée principale pour les aînés requérant des services à domicile.
Les services de soutien à domicile vont des services d’aide domestique au gardiennage, dépannage, nutrition, tâches familiales, soins personnels, etc.
Actuellement, seule une minorité d’aînés a pleinement accès à tous les services à domicile qu’elle requiert et la Commissaire à la santé et au bien-être a conclu que le bilan du système actuel est «inquiétant»: il ne répond qu’à 10,7 % des besoins en heures de soutien.