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La course à la mairie de Montréal n’est pas celle qui retient le plus mon attention présentement.
Je ne sais pas pour vous, mais la course à la mairie de Montréal n’est pas celle qui retient le plus mon attention présentement. J’ai plutôt les yeux rivés sur New York, où une victoire grisante se dessine.
Zohran Mamdani. Ceux qui le connaissent vous en parleront avec un engouement qu’on n’avait pas ressenti depuis les primaires démocrates de 2016, alors que Bernie Sanders tenait tête à Hillary Clinton, avant de s’incliner.
Zohran n’a rien du politicien habituel. Il a 33 ans et l’an dernier il était un parfait inconnu. Il a rencontré sa femme sur Tinder, il court les marathons et il n’a aucun soutien des grandes corporations. Il est un socialiste auto-proclamé, né en Ouganda. Et à moins d’un renversement immense, il deviendra le 4 novembre maire de New York.
Il deviendrait aussi son tout premier maire musulman. Dans cet air d’islamophobie décomplexée consentie par le climat politique actuel, c’est significatif.
Son principal opposant, Andrew Cuomo, a tout du politicien classique. Âge de 67 ans, l’ancien gouverneur de l’État de New York est accusé d’agression sexuelle et de harcèlement par 13 femmes. Il est proche de Donald Trump et une enquête est actuellement ouverte par le bureau du procureur de Washington pour déterminer s’il a menti devant le Congrès américain durant la pandémie.
Le maire sortant, Eric Adams, qui lui a donné son soutien cette semaine, est lui-même pris dans une affaire de corruption. Adams est le premier maire inculpé dans l’exercice de son mandat.
Conquérir la capitale mondiale de la finance et du capitalisme n’a rien d’anodin. Venu à New York pour appuyer Zohran Mamdani en compagnie d’Alexandra Occasio-Cortez, Sanders a estimé que «le monde entier regarde la campagne de Zohran», dans l’espoir d’obtenir la réponse à «une question très simple: en 2025, est-ce que les gens ordinaires peuvent s’unir pour défaire l’oligarchie?»
La réponse semble être oui. Zohran Mamdani a déjà gagné. Il a créé un mouvement que rien ne semble pouvoir freiner, pas même les oligarques. Vingt-six milliardaires ont déjà dépensé vingt-deux millions pour l’arrêter, mais rien n’y fait. Il mène dans tous les sondages et son opposant exhibe une mine défaite dans les débats.
Il est l’héritier naturel de Bernie Sanders et de l’avenir du parti démocratique, et le plus drôle dans tout ça, c’est que le parti démocratique est terrorisé par sa victoire, tout autant que la droite. Et cette panique dans le parti démocrate, elle est bien révélatrice de ses racines, qui sont bien plus proches qu’on le croyait du parti républicain.
En fin de compte, Zohran nous révèle ce dont on se doutait déjà, il n’y a ni gauche ni droite, mais seulement les milliardaires et le peuple.
Une campagne agile et un jeune candidat qui ne fait aucune concession pour séduire la droite : même depuis New York, Zohran Mamdani a beaucoup à nous apprendre, à nous aussi.
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