Des Québécois et des Québécoises meurent chaque année en attente d’une greffe d’organe. Pourtant, il existe une politique simple, facile à implanter, qui peut sauver ces vies.
Les projets politiques en santé publique sont souvent très compliqués (réformes du système de santé, calculs de la rémunération des médecins, etc.). Nous ne devons pas oublier qu’il existe des politiques publiques toutes simples qui peuvent également améliorer la qualité de vie des citoyennes et des citoyens, voire sauver des vies.
Pensons par exemple à l’obligation d’attacher sa ceinture de sécurité en voiture, qui réduit le nombre de morts sur les routes, ou encore à l’interdiction de fumer dans les lieux publics, comme les restaurants. Vous souvenez-vous lorsqu’on nous demandait si l'on préférait la section fumeur ou non-fumeur?!
Sans délaisser les grandes réformes complexes, nous devons garder en tête que certaines politiques nettement plus simples et beaucoup plus faciles à mettre en place rapidement sont à notre portée et peuvent améliorer notre société.
J’aimerais vous parler de l’une de ces politiques.
Le don d’organe: sauver des vies
Au Québec, vous pouvez apposer votre signature, au verso de votre carte d’assurance maladie, afin d’autoriser le prélèvement d’organes et de tissus à votre décès. Vous acceptez alors qu’on prélève potentiellement, par exemple, votre foie ou vos poumons, afin qu’ils soient greffés à des personnes malades.
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Ces greffés sont sur une liste qui peut parfois avoir des allures de salles d’attentes vers la mort, sans trop savoir si quelqu’un vous appellera à temps pour en sortir. Sans greffe, leur qualité de vie se détériore grandement. Plusieurs décèdent dans l’attente, faute de donneurs.
Nul besoin de vous dire qu’il est donc essentiel de signer votre autorisation de don d’organes. Chaque donneur peut sauver jusqu’à huit vies et améliorer drastiquement la qualité de vie de 75 personnes.
Sauver des vies, c’est bien, mais sauver encore plus de vies, c’est mieux
Le modèle québécois en matière de transplantation sauve des vies, mais on pourrait en sauver encore davantage en révisant le mode de consentement.
Au lieu de devoir signer la carte soleil pour consentir au don d’organe, le consentement pourrait être présumé. Évidemment, une personne pourrait ne pas vouloir donner ses organes (peu importe le motif) et il serait toujours possible pour elle de s’inscrire à un registre des refus.
C’est le modèle du consentement présumé, et il facilite le don d’organes permettant de sauver beaucoup plus de vies que le modèle actuel.
Cette approche est implantée à plusieurs endroits depuis des décennies (France, Espagne, Allemagne, etc.). Au Canada, ce modèle a été mis en œuvre en Nouvelle-Écosse en 2021 et le Nouveau-Brunswick a suivi en 2025.
La population québécoise favorable au consentement présumé
Dans un sondage que j’ai mené plus tôt cette année, j’ai posé la question à un échantillon représentatif de la population québécoise. Le tableau ci-bas illustre qu’une vaste majorité (une majorité claire, diraient même les fédéralistes!) appuie cette politique.

Il n’y aurait donc pas de coût politique à payer pour un parti qui mettrait de l’avant cet enjeu! Un projet de loi (n. 194) actuellement à l’étude pourrait nous rapprocher d’un nouveau modèle, mais rien n’est moins sûr et il faut en parler davantage.
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Pour avoir vécu avec un père sur la liste d’attente pendant des années, je peux vous assurer que ce genre de politique changerait des vies. Pour les greffés, mais aussi pour les proches aidants.
Nous devrions collectivement aller de l’avant avec le modèle du consentement présumé qui permet, tout en maintenant la liberté de refuser d’être donneur, de sauver des vies et d’améliorer grandement la qualité de vie des citoyens.
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