Début du contenu principal.
C’est ainsi que l’on peut le mieux décrire l’offensive que mène Donald Trump contre le Canada et le Mexique.
Une guerre de commerce, certes, mais aussi une guerre de communication. C’est ainsi que l’on peut le mieux décrire l’offensive que mène Donald Trump contre le Canada et le Mexique, depuis la signature du décret imposant des tarifs de 25 % sur tous les produits, à l’exception des produits énergétiques, taxés à 10%.
Cette annonce, attendue de tous, a instantanément monopolisé les conversations et les communications dans les trois pays concernés. Pour le Canada et le Mexique, les répercussions économiques sont considérables, fragilisant leurs marchés face à un président américain qui menace plus vite que son ombre.
Donald Trump ne se contente pas d’appliquer les tactiques classiques des négociations commerciales — il en exploite aussi les plus brutales. Mais surtout, il est un communicateur redoutable. Ses réseaux sociaux sont devenus le fil de nouvelles le plus scruté par les médias, les analystes et les dirigeants nord-américains.
Dans ce contexte, quel rôle joue la communication dans cette bataille? Décryptons les stratégies en présence.
Depuis son accession au pouvoir, une partie significative des Américains a placé en lui tous ses espoirs. Sur les questions migratoires, la sécurité, la gestion de l’État, l’armée ou encore la diversité, Donald Trump incarne une vision nationaliste et expansionniste qui vise à restaurer la suprématie des États-Unis sur la scène mondiale. Et il l’a bien compris : ses discours sont systématiquement construits autour de slogans percutants, rappelant les heures de gloire américaines.
À VOIR AUSSI | Opinion: Trump aura «d’autres demandes, d’autres folies»
Cette rhétorique est au cœur de sa communication numérique. Selon lui, ses prédécesseurs ont affaibli l’Amérique et il est celui qui, guidé par une mission quasi divine, doit lui redonner sa grandeur. Pour nourrir cette perception, il ne recule devant rien. La désinformation est son arme de prédilection. Il désigne des boucs émissaires à sa guise et martèle inlassablement les mêmes accusations contre ses voisins.
Comment transformer un mensonge en vérité? Pour Donald Trump, la recette est simple : le répéter jusqu’à ce que ses partisans y croient, et forcer les pays étrangers à lui donner raison en les menaçant là où ça fait le plus mal : l’économie et les tarifs douaniers.
Face à cette offensive, le Canada et le Mexique sont confrontés à un dilemme cruel. Doivent-ils donner l’impression que le président américain a raison en lui proposant des concessions pour qu’il lève ses sanctions, ou bien doivent-ils le contredire frontalement, au risque de précipiter leurs économies dans la récession?
Après la Colombie, qui a cédé en quelques heures, le Mexique et le Canada ont, eux aussi, dû faire un choix. Pour préserver le bien-être de leurs citoyens, ils ont préféré offrir des monnaies d’échange plutôt que de s’engager dans une confrontation directe visant à démontrer l’absurdité des arguments de Donald Trump. Plutôt que de réfuter point par point ses accusations sur le fentanyl, l’immigration, les banques ou d’autres prétextes justifiant ses politiques commerciales agressives, leurs dirigeants ont mis l’accent sur les répercussions négatives pour l’économie américaine, les entreprises et les consommateurs de leur voisin du sud.
Ce soir, les tarifs sont suspendus pour un mois. Mais Donald Trump pourra affirmer à son électorat que le Mexique et le Canada ont plié sous la pression, validant ainsi, à ses yeux, les motifs invoqués pour justifier ces sanctions. Il renforcera ainsi son image d’homme fort, celui dont les affirmations s’imposent aux autres nations.
Rendez-vous dans un mois, lorsque commencera une nouvelle guerre de communication pour justifier ses prochaines exigences. Les quatre prochaines années risquent d’être longues.
Pour recevoir toutes les chroniques de Victor Henriquez, abonnez-vous à notre infolettre, Les débatteurs du samedi.