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«Parcs Canada reconnaît que le courriel adressé hier concernant le programme d’approvisionnement d’Amazon Business n’est pas approprié.»
Alors que Parcs Canada avait envoyé lundi un courriel incitant ses employés à joindre Amazon Business pour l'achat de fournitures de bureau et autres dépenses aux frais des contribuables, l'agence a finalement reculé, mardi.
Dans un courriel envoyé à Noovo Info, Parcs Canada dit reconnaitre que son courriel initial était «inapproprié» et que le moment de son envoi témoignait d'une «insensibilité» à «la dynamique actuelle».
«Parcs Canada annule cette directive avec effet immédiat et avisera les employés de cette décision», assure-t-on.
Le premier courriel de Parcs Canada a été envoyé au moment même où le gouvernement Trudeau tentait de convaincre Donald Trump de suspendre sa menace tarifaire et moins de deux semaines après l'annonce de la fermeture de toutes les installations d'Amazon au Québec.
«Nous sommes heureux d’annoncer que Parcs Canada a établi un compte d’entreprise avec Amazon pour l’achat de biens de faible valeur», peut-on lire dans la missive dont Noovo Info a obtenu une copie. «Ce nouveau programme simplifie votre processus d’achat et vous permet de profiter de la vaste sélection de produits et des prix compétitifs que propose Amazon.»
«L’accès aux avantages de votre abonnement Prime personnel (vidéo Prime, musique) avec un courriel du PARCS CANADA sera révoqué et la livraison Prime sera disponible sur le compte Business du PARCS CANADA.»
«Mes collègues n'en revenaient tout simplement pas», a fait savoir une employée abasourdie par cette mesure, dans un entretien avec Noovo Info qui a obtenu une copie du courriel.
Les gestionnaires peuvent faire des achats jusqu'à 10 000$ avec la carte d'achats de Parcs Canada, sans devoir lancer un appel d'offres. La limite est de 5000$ pour les autres employés.
«Ce n'est pas un encouragement à acheter avec Amazon», avait fait savoir une gestionnaire de Parcs Canada qui n'est pas autorisée à parler aux médias et qui a demandé à Noovo Info de pouvoir rester anonyme par crainte de représailles de son employeur. «C'est pour nous donner des informations sur ce que les employés ont acheté.»
Cette gestionnaire reconnaissait alors que la note a été envoyée à un bien mauvais moment («it's a bad timing», a-t-elle dit en anglais), mais précisait aussi que cette directive était en préparation depuis un certain temps. Elle invitait tout de même les employés à faire des achats auprès de fournisseurs locaux autant que possible.
À VOIR ÉGALEMENT | Les appels au boycottage d’Amazon se multiplient au Québec
Interrogée mardi par Noovo Info sur cette demande de Parcs Canada, la présidente de la CSN – qui vient de lancer une campagne de boycottage contre Amazon et appelle la population ainsi que la classe politique à une manifestation le 15 février prochain – estime qu’il faut être à l’affût.
«Il y a 450 agences au gouvernement fédéral et peut-être que le mémo ne s’est pas rendu partout», a mentionné Caroline Senneville, qui a aussi souligné qu’elle connaît quelques ministres au fédéral «qui ne seront pas contents de ça (...) On va continuer d’être à l’affût.»
Amazon a annoncé le 22 janvier la fermeture de toutes ses installations au Québec, ce qui entraînera la perte de 4500 emplois directs et indirects. Depuis, plusieurs municipalités ont décidé de cesser de faire affaire avec le géant du commerce électronique. Amazon nie que cette fermeture soit liée à la syndicalisation des employés de ses installations de Laval.
Le porte-parole du groupe "Ici, on boycott Amazon", André-Philippe Doré a aussi réagi à cet envoi de Parcs Canada : «Mauvais timing, c'est pas peu dire. Les actions d'Amazon sont une attaque de front contre les droits de la population du Canada et c'est inacceptable qu'une institution gouvernementale agisse de la sorte. Le gouvernement fédéral doit mettre la multinationale Amazon au pas. Si elle refuse d'obéir, elle doit rembourser toutes l'argent public qu'elle a reçu, indemniser les travailleurs pour les torts causés, et cesser ses activités au Québec. Si le gouvernement fédéral a à coeur que la population du Québec et que les 4500 travailleurs renvoyés se fasse respecter, il semble bien mal parti. Nous nous devons, en tant que travailleurs et citoyens, de mettre de la pression sur le gouvernement pour qu'il agisse dans nos intérêts».
Avec de l'information de Jennifer Gravel pour Noovo Info.