Début du contenu principal.
Quelquefois, vouloir encourager le commerce local, ce n’est tout simplement pas possible financièrement.
S’il avait fallu que j’avance d’un pas à chaque fois qu’on a prononcé devant moi le mot «taxe» dans la dernière semaine, je serais arrivé en Floride. La Floride? Non, je veux plutôt dire Vancouver. VAN-COU-VER.
Ai-je besoin de vous résumer l’actualité récente entre les États-Unis et nous, depuis l’entrée en poste du (pas si) nouveau président américain? Si vous ne savez pas de quoi je parle, c’est que vous êtes en train d’hiberner avec une famille d’ours 100 % canadiens. Ce qui, en même temps, n’est peut-être pas nécessairement une mauvaise chose.
Depuis samedi, on vit notre retour aux sources made in chez nous. Je comprends l’idée de vouloir prioriser nos produits faits ici par des gens d’ici avec des matériaux d’ici. Je suis totalement d’accord.
En fait, ça aurait dû être ça depuis des lustres, mais qu’est-ce que tu veux, nous les humains imparfaits, ça nous prend souvent un électrochoc pour nous réaligner l’évidence. Je ne dis pas de rien acheter qui ne vient d’ailleurs. De toute façon, ce serait impossible et ce ne serait pas souhaitable tant que ça.
Parce que l’économie de la planète doit circuler autant qu’elle fait des tours sur elle-même. Nous sommes des vases communicants.
Juste de garder en tête que parfois, si la patente équivalente est fabriquée ici, pourquoi ne pas égoïstement prêcher pour sa paroisse québécoise canadienne-française-anglaise? Ouvert sur le monde en gardant un œil sur sa cour.
Et n’oublions pas que ce n’est pas parce qu’un produit vient d’ailleurs qu’il ne fait pas travailler des gens ici. On n’a qu’à penser au centre de distribution avec ses camionneurs, emballeurs, déballeurs, livreurs, propriétaires de boutiques et alouette. On ne peut pas faire abstraction de cette réalité dans notre combat du 25 %.
Dans le même ordre d’idée, je comprends bien qu’on a une forte envie d’aller encourager encore plus qu’à l’habitude le casse-croûte Suzanne quand vient le temps de s’enfiler un burger. Au lieu d’aboutir chez monsieur le Clown ou chez le Roi du burger et de participer aux bénéfices d’une compagnie américaine. C’est de bonne guerre et celui de Suzanne est meilleur, j’en suis convaincu.
À VOIR ÉGALEMENT | L'hymne national américain hué lors d'un match de hockey à Ottawa
Mais on se retrouve avec le même problème qu’avec les produits identifiés américains: il y a des gens bien de chez nous qui travaillent dans ces chaînes connues. Des citoyens qui ont besoin de cet emploi pour gagner leur vie. Ces commerces font partie de notre écosystème et surtout de notre économie. On ne peut jeter tout ça de l’autre côté de la frontière sans de graves conséquences ici.
Arrive aussi une question de budget. Pour plusieurs Québécois, le portefeuille dans la sacoche est déjà en jachère. Quelquefois, vouloir encourager le commerce local, ce n’est tout simplement pas possible financièrement. À certains moments, la grande surface américaine et ses rabais chocs seront utiles, très utiles, pour les familles dans le besoin. Ça fait partie de l’équation. Le vouloir perd devant le devoir. Et ça ne fait pas de personne, un mauvais consommateur qui trahit tout le monde. Évitons de nous juger entre nous. On ne connaît pas la situation personnelle de chacun. De grâce, pas de chasse aux sorcières du produit.
Même moi, je ne trouve pas ça facile à gérer. C’est difficile de prendre un pas de recul. Il y a quelque chose d’émotif dans toute cette histoire. L’envie de se défendre, de montrer qu’on peut tenir tête à cette idée stupide de tarifs. Mais en même temps, on ne doit pas encore plus s’affaiblir par nous-mêmes, en raison de nos actions.
Pour moi, je crois que ça passera par le fait de trouver son propre équilibre. Le juste milieu. Celui qui nous convient personnellement. Qui fait en sorte que je fais ma part, tout en restant dans la logique de ma réalité de tous les jours.
Je ne crois pas que d’aller s’acheter un café Starbucks fera de nous de mauvais Canadiens. Ça permettra à quelqu’un de garder son emploi. Oui, je peux trouver une autre paire de jogging que des celles d’Adidas pour aller m’entraîner. Mais peut-être que cela fera la différence dans un commerce qui reste ouvert ou fermé. Et si un commerce ferme, il y a des répercussions directes et indirectes dans la communauté.
On est à chaud aussi. On est à fleur de peau. Il faudra voir comment tout cela va évoluer dans les prochaines semaines. Il faudra assurément s’ajuster encore et encore. Vous me connaissez depuis le temps que j’écris ici, je n’ai pas la prétention d’être un spécialiste, encore moins d’avoir la science infuse. J’avais seulement envie de vous partager ce qui me trotte en tête.
Et qui sait, ça s’est déjà vu un président qui change d’avis.