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Pour un futur retraité en fin de carrière au maximum de l’échelle, est-ce aussi important 12 000 $ que pour une jeune adulte de 20 ans?
La CAQ sort le chéquier. Ce sera 12 000 $ en paiement forfaitaire pour les enseignants qui accepteront de demeurer une année de plus au travail.
Donc, après 35 ans de loyaux services, on demandera à Martin, Jocelyne ou Marie-Josée de se présenter de nouveau devant les petits surexcités assoiffés de savoir pour rendre service à la société. Les Lili-Rose, Océane et Kevin-Shawn auront-ils la chance de voir un enseignant en fin de parcours une année de plus ?
Est-ce qu’un enseignant qui vient de passer l’année à vider sa banque de vacances aurait le goût et l’intérêt de revenir au combat pour une deuxième tournée d’adieu? Tel un Charles Aznavour en ultime représentation? Je ne pense pas.
Le mot «forfaitaire» n’est pas banal. Pourquoi le montant est-il forfaitaire? On pourrait offrir ce montant sans bonifier la convention collective de façon récurrente. Une mesure exceptionnelle n’engageant en rien à bonifier la rémunération des enseignants en général.
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De plus, si le montant est forfaitaire, on peut parier qu’il ne fera pas partie du calcul du salaire sur lequel on se base pour déterminer la rente garantie du régime de retraite à prestations déterminées.
Le point le plus important? La renonciation du revenu de retraite. Si on ne prend pas sa retraite, on renonce à quoi? À 70 % du salaire des dernières années.
Le maximum de l’échelle salariale d’un enseignant au primaire est de plus de 92 000 $. Disons grossièrement que la première année de retraite donnerait au maximum de l’échelle 70 % x 92 027 $, ça fait une rente annuelle de 64 419 $ (un peu moins, car la dernière année n’est pas la période exacte de référence, pardonnez-moi la simplification du calcul). Si on accepte une année supplémentaire quand on a droit à la pleine retraite, on renonce à une telle somme.
Donc, on travaille la totalité du temps pour une somme de 27 608 $. On travaille donc pour 30 % de prime sur le revenu de retraite plus un montant de 12 000 $ en montant forfaitaire. Le retraité accepte alors de travailler à temps plein pour 39 608 $. Le bénéfice différentiel à l’heure devient dérisoire.
Quant à ça, prends ta retraite et va travailler comme commis chez Rona, ça va changer le mal de place !
Évidemment, comme CPA, j’ajoute l’aspect fiscal. Se faire donner 12 000 $ de plus quand on gagne déjà plus de 64 000 $, c’est accepter de payer 36,12 % en impôt marginal. Le retraité recevra au mieux 7666 $ après impôts sur le 12 000 $ sans compter les autres charges possibles.
Est-ce qu’on accepte de troquer une année de congé pour un chèque supplémentaire de 7666 $ après impôts ? J’en doute.
Pour un futur retraité en fin de carrière au maximum de l’échelle, est-ce aussi important 12 000 $ que pour une jeune adulte de 20 ans ? Non. À 63 ans, on a une maison possiblement payée, les enfants sont généralement partis et on s’est payé ce que l’on voulait se payer.
L’argent perd de la valeur avec l’âge, le temps lui en gagne. Pire encore, on travaille toute sa vie pour s’acheter du temps. Quand vient le moment de la liberté, combien chaque minute de repos valent-elles? En un mot: beaucoup.
Oui, j’ai connu des enseignants qui ont étiré leur carrière malgré l’inconvénient financier de la poursuivre. La passion, la peur de l’ennui, la vie sociale et le sens donné par le travail dépassaient de loin l’idée de bonifier son chèque.
Financièrement par contre, je ne les ai jamais compris.
Vous êtes admissible à votre pleine pension et on vous offre 12 000 $ pour rester? La réponse logique? Vous vous souvenez du référendum de 1980?
«Non, merci».