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Une minute, il veut son lait dans le verre rouge, la minute suivante, il veut le verre bleu. De quoi rendre fou.
Il suffit de lire son livre The Art of the Deal pour comprendre comment Donald Trump opère: porter un grand coup pour déstabiliser l’adversaire, des techniques d’intimidation et une bonne dose d’imprévisibilité afin de garder l’autre dans un état de stress et de doute continuel. Il maintient ainsi la pression jusqu’à ce qu’il atteigne son but.
Ça me fait un peu penser à un enfant qui vit son terrible two.
Si vous avez eu des enfants, ou si vous avez des enfants dans votre vie, vous avez déjà été témoin de ce que vivent les parents de bambins de deux ans.
— Je veux une banane!
— D’accord mon chéri, la veux-tu coupée ou non?
— Oui, coupée!
Une fois la banane coupée déposée devant lui, la crise. «NOOOON! PAS COUPÉÉÉÉÉE! PAS COUPÉÉÉÉÉÉE!»
Une minute, il veut son lait dans le verre rouge, la minute suivante, il veut le verre bleu. De quoi rendre fou.
Le parent vit cette guerre psychologique quotidienne et il est souvent difficile d’identifier la bonne approche. Doit-on tenter de satisfaire le petit monstre? Doit-on adhérer à la parentalité positive et dialoguer avec l’enfant qui vous hurle dessus? Doit-on au contraire adopter la ligne dure?
Ce qui est triste, c’est que dans le cas qui nous occupe, le petit monstre est à la tête de la première puissance mondiale, notre seul voisin et notre principal partenaire commercial. On fait des blagues, mais, alors que les tarifs entrent en vigueur, ce n’est vraiment pas drôle.
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Trump nous bombarde de demandes qui risquent de changer au fur et à mesure. Il ne s’est jamais embarrassé de cohérence, il ne va pas commencer aujourd’hui. Il nous bombarde de demandes: investir davantage dans le militaire, sécuriser la frontière.
On comprend ses tactiques, mais le problème est qu’on ne comprend pas tout à fait quel est le vrai but.
Sécuriser la frontière et combattre le Fentanyl? J’en doute. D’ailleurs, le fait de provoquer une récession en Amérique du Nord contribuerait au contraire à augmenter la pauvreté, la criminalité, le trafic et les migrations.
Augmenter ses leviers afin de renégocier l’accord de libre-échange? Sûrement.
Rapatrier certaines industries et emplois aux États-Unis? Certainement aussi.
Annexer le Canada? Peut-on vraiment l’exclure?!
Politiquement, les gouvernements sont sous pression pour agir rapidement. Mais comment agir stratégiquement quand on ne comprend pas exactement les intérêts et les objectifs de la personne en face de nous?
La publication du président élu concernant les tarifs sur Truth du 25 novembre dernier a chamboulé l’agenda politique de tout le pays, à tous les paliers de gouvernement. Trump aspire tout, occupe tout l’espace, conformément à sa tactique habituelle.
Le gouvernement canadien a même procédé à des achats de drones à la va-vite pour montrer à Trump que le Canada agit pour sécuriser la frontière. Ces drones chinois se sont avérés inutilisables. Surprise!
Devrait-on annoncer des actions visant à combattre la production et le trafic de Fentanyl ? Le fentanyl est un véritable enjeu. Même si les quantités saisies semblent petites, un seul kilo de fentanyl peut tuer jusqu’à 500 000 personnes. Mais sans vouloir banaliser cet enjeu, avant de se lancer dans des mesures coûteuses et précipitées, tout le monde devrait prendre une grande respiration et attendre.
Certaines choses ne peuvent pas attendre, notamment la contre-attaque commerciale. Bien qu’une guerre commerciale soit dommageable pour tout le monde, le Canada n’a pas d’autre choix que de se défendre.
Mais l’idée que si on dépense en militaire, en lutte à la drogue et en sécurité à la frontière nous permettrons de satisfaire Trump et le ferons changer d’idée sur les tarifs est illusoire. Il va changer ses demandes chaque trois jours et se délecter de nous voir courir comme des poules sans tête. C’est comme d’offrir des biscuits et des bonbons à un enfant qui fait sa crise à l’épicerie. Vous essayez d’acheter la paix, mais vous achetez la guerre et vous vous transformez en paillasson.